Menas Mesbah est enseignent en sciences politiques et relations internationales au département sciences politiques et relations internationales à la faculté des sciences politiques et des sciences de l’information. Il explique, dans cet entretien, pourquoi l’Algérie est contre une intervention militaire étrangère au nord du Mali. Le Temps d’Algérie : Le Mali a demandé au Conseil de sécurité de l’ONU de soutenir une intervention militaire de la part de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) au nord du Mali. Etes-vous d’ accord avec cette option ? Pr Menas Mesbah : Mon opinion rejoint celle de l’Algérie qui est contre toute intervention militaire étrangère au nord du Mali pour deux raisons. La première a trait à des considérations humanitaires. J’explique : une intervention militaire étrangère dans cette partie du Mali engendrerait de nombreux problèmes dont l’aggravation de la situation humanitaire. Il y aura déplacement de citoyens maliens qui fuiront le pays par milliers. Nombre parmi eux fuiront en direction de l’Algérie. Des sources font part, et c’est la deuxième raison, de la volonté de la France d’installer une base militaire au centre ou au nord du Mali, de crainte d’une intervention américaine. Nous connaissons très bien les arrière-pensées des puissances mondiales telles que la France, quand il s’agit d’intervention militaire. Quel serait, selon vous, le meilleur moyen de lutter contre les groupes islamistes armés au nord du Mali ? La lutte est économique et politique. Il faut œuvrer à la relance économique au Mali, l’amélioration des conditions de vie des populations par des aides humanitaires et aider le Mali à avoir un Etat et un gouvernement forts et stables. Il faut que les choses reviennent comme elles étaient, c’est-à-dire stabilité. Croyez-vous que le Mali arrivera, à lui seul, à atteindre ce but ? Non, le Mali n’y arrivera pas seul. Il lui faudra une aide de la part des Etats voisins, dont l’Algérie, et celle des puissances mondiales, à condition que ces aides soient faites de façon à favoriser la sécurité et la stabilité de ce pays. Les groupes islamistes armés bénéficient de l’occupation et de la connaissance du terrain au nord du Mali. Ne croyez-vous pas qu’une éventuelle intervention militaire étrangère dans cette partie du pays compromettrait les chances d’une éventuelle intervention militaire de la part de la Cédéao ? Tout à fait. Les groupes armés sévissant au nord du Mali occupent le terrain qu’ils connaissent bien. Ce qui compromettrait les chances de réussite pour une intervention militaire étrangère dans cette partie du Mali. Comment voyez-vous le déroulement d’une éventuelle confrontation armée ? Ce sera, à mon avis, une guérilla. Les groupes islamistes armés connaissent bien cette forme de confrontation. Ce sera une guerre inégale et éreintante pour tous. La guerre sera longue et n’aboutirait à aucun résultat. Entretien réalisé par Mounir Abi |