Pour le chef du CNT, «nous n’avons toujours pas libéré tout le territoire et Kaddafi garde toute sa capacité de nuisance et peut nuire aux Libyens et à tout le monde».
La composition du gouvernement transitoire libyen sera annoncée «la semaine prochaine», a déclaré hier le président du Conseil national de transition (CNT) Moustapha Abdeljalil, lors d’une conférence de presse à Benghazi, reconnaissant toute fois que des «divergences de points de vues» entre les membres du CNT et du bureau exécutif avaient retardé cette annonce. A ce sujet, il dira que «nous sommes confrontés à la mentalité libyenne qui veut que chaque tribu, chaque région, chaque ville ait sa part dans le nouveau gouvernement. Or, nous n’avons toujours pas libéré tout le territoire et Kaddafi garde toute sa capacité de nuisance et peut nuire aux Libyens et à tout le monde». Pour le chef du CNT, «la priorité reste la libération de tout le territoire et le rétablissement de la sécurité» pour les Libyens.
Ces déclarations interviennent à l’issue de la réunion, hier, des membres du CNT à Benghazi.
Une réunion qui avait à son ordre du jour, selon différents responsables au CNT, notamment la formation et la composition du nouveau gouvernement de transition libyen. Même si tous sont conscients de la nécessité de «parvenir à un accord sur le gouvernement avant la libération de toute la Libye», il n’en demeure pas moins que certains membres du CNT affichent leur scepticisme évoquant des désaccords internes au sein du Conseil. De plus, cette réunion, ont estimé les mêmes sources, sera une occasion également pour Moustapha Abdeljalil de rendre compte de différents entretiens qu’il a eus à New York, où il a pris part aux travaux de l’Assemblée générale de l’ONU. Pour mémoire, annoncée pour le 18 septembre en cours, la composition du gouvernement de transition libyen a été reportée à une date ultérieure. A ce propos, le numéro deux du CNT, Mahmoud Jibril, a affirmé mercredi dernier à New York que la Libye serait dotée d’un gouvernement «dans une semaine à dix jours maximum». Evoquant les tractations en cours, Mahmoud Jibril avait alors annoncé un accord sur l’attribution de «nombreux portefeuilles» et indiqué que des femmes et des jeunes auraient la priorité pour des postes de vice-ministres.

Reconnu par l’ONU et par plus d’une soixantaine de pays dont l’Algérie, ce week end, comme représentant du peuple libyen, le CNT libyen a annoncé début septembre qu’il comptait diriger le pays jusqu’à l’élection au bout de huit mois d’une Assemblée constituante, avant des élections générales un an plus tard.
Les forces du CNT dans Syrte…
Les forces des nouvelles autorités libyennes ont lancé hier un nouvel assaut sur Syrte, bastion pro-Kaddafi à 360 km à l’est de Tripoli, après quatre jours de relative accalmie. Selon un médecin, cette opération aurait déjà coûté la vie à deux anti-Kaddafi. Ce médecin, dans un hôpital de campagne installé dans une mosquée à l’ouest de Syrte, a également fait état de plus d’une vingtaine de blessés, alors qu’une colonne d’ambulances en provenance de la ligne de front déposait des combattants blessés. D’autre part, les combattants du CNT ont fait état de combats violents dans la ville, affirmant que les combattants fidèles au dirigeant en fuite Maâmmar Kaddafi tiraient au lance-roquettes et utilisaient des grenades. Plus tôt dans la journée, de nombreuses familles ont quitté la ville, profitant de l’accalmie alors que les combats marquaient le pas pour la quatrième journée consécutive aux abords de Syrte, fief et région natale du colonel Kaddafi.
Les forces du Conseil national de transition ont procédé depuis jeudi dernier à une «pause» dans les combats autour de Syrte et Bani Walid, deux bastions de Maâmmar Kaddafi, pour se réorganiser, se procurer des munitions et permettre aux populations civiles de se mettre à l’abri. Cependant, plusieurs commandants du front est, ont annoncé l’entrée de leurs troupes dans la ville. Pour les forces du CNT, il faut éviter un bain de sang.
Cette «pause» est donc l’occasion pour les familles de fuir les localités encerclées. Selon un commandant des ex-rebelle, aux abords de Syrte, entre 400 et 500 voitures sont sorties de la ville chaque jour depuis le début du cessez-le-feu. D’après les populations civiles quittant Syrte, il n’y a plus rien à manger là-bas, plus d’eau, les commerces sont fermés et l’électricité est coupée. L’idée est donc d’affamer les forces pro-Kaddafi à l’intérieur, et d’agir ensuite.
Par ailleurs, cette trêve ne concerne pas pour autant l’Otan car la coalition continue donc ses frappes, en ciblant notamment les engins blindés et l’artillerie qui seraient encore aux mains des hommes fidèles au colonel déchu. Ainsi, lors de ces quelques jours de répit, les différents commandants militaires du CNT ont tenté de se coordonner étant donné le manque de concertation voire la méfiance installée entre les chefs des différentes brigades des forces du CNT, et donc réfléchir à une véritable stratégie avant l’assaut final.
Selon sa fille, Kaddafi est sur le front…
De son côté, Aïcha Kaddafi, la fille du dirigeant libyen déchu, a assuré avant-hier soir que son père allait bien et qu’il combattait sur le terrain. Dans une intervention téléphonique sur la chaîne Arraï basée en Syrie, Aïcha Kaddafi qualifiera de «traîtres» les nouvelles autorités libyennes contre lesquelles, elle a appelé le «peuple résistant» de Libye, à se «soulever».
Par Lynda N. Bourebrab