M. Nadir

Un père, âgé de 50 ans environ, a été condamné par la justice, dimanche dernier, à 20 ans de réclusion criminelle pour avoir abusé sexuellement de l’aînée de ses trois filles. M. Abdellah, tailleur de son état, résidant à St Hubert, s’est en effet rendu coupable de cet acte sordide au printemps 2017 alors que sa fille, Wissam, s’apprêtait à passer son baccalauréat.
A la barre, la victime a affirmé que son père l’avait surprise, une nuit d’avril, alors qu’elle dormait : prise de panique, l’adolescente a subi l’assaut de son géniteur sans pouvoir émettre le moindre son. A deux jours de l’examen, profitant de l’absence de son épouse, Abdellah a tenté de revenir à la charge mais cette fois-là, Wissam s’est défendue en hurlant, et ni les menaces verbales ni la vue d’un couteau dans la main de son agresseur ne l’ont fait taire. Aux interrogations à propos des cris de sa fille, le père répondait invariablement qu’elle était «habitée» et qu’il pensait à la faire soigner par des séances de roqia.
Ce que la jeune fille, qui avait bien entendu échoué à l’examen du baccalauréat, refusait farouchement en promettant de révéler le sordide comportement de son géniteur. Par crainte du scandale et, peut-être, d’éventuelles poursuites judiciaires, Abdellah acceptera d’envoyer sa fille poursuivre des études en France, chez sa grand-mère maternelle, ce qu’il avait jusque-là obstinément refusé. Mais il était écrit que le père allait rendre compte de ses actes et que la victime enverrait son bourreau derrière les barreaux. Quelques mois après le départ de Wissam, Abdellah et son épouse, dont le mariage battait de l’aile, ont fini par divorcer. Une rupture qui a permis à la jeune fille de rompre son silence et de tout rapporter à sa mère.
Devant le tribunal criminel, l’accusé a bien tenté de rejeter les charges qui pesaient sur lui mais le récit accablant de sa fille et le témoignage de son ex-épouse, qui a mis en lumière un comportement déviant, ont sérieusement entamé sa crédibilité. Tour à tour, l’avocat de la partie civile et le représentant du ministère public souligneront les répercussions de la conduite de l’accusé sur la santé mentale de Wissam et diront leur conviction de sa culpabilité. A la fin de son réquisitoire, le magistrat requerra la prison à perpétuité. Dans sa plaidoirie, la défense tentera de mettre en doute les déclarations de la victime (contradictions dans les dates) et attirera l’attention du tribunal sur la fragilité de ce genre d’accusation.
Elle évoquera notamment le cas de cette adolescente qui est revenue sur pareilles accusations proférées contre son père après que celui-ci fut condamné et jeté en prison. A la fin, elle demandera l’acquittement de son mandant. Après délibérations, le tribunal criminel de première instance déclarera M. Abdellah coupable des charges retenues et le condamnera à 20 ans de réclusion criminelle.