Les clients, seuls dindons de la farce
La grève continue à Algérie Poste où travailleurs et direction campent toujours sur leurs positions, au grand dam des usagers, victimes collatéraux de ce bras de fer qui ne dit pas son nom.
Qui cherche le pourrissement? En campant sur leurs positions dans le conflit qui les oppose depuis voilà bientôt une dizaine de jours, les travailleurs et la direction d’Algérie Poste se sont-ils donné le mot pour laver leur linge sale en public? Pour une histoire de prime et de rappel sur salaire, le collectif a décidé d’utiliser la manière forte en recourant à la grève pour tenter de faire pression sur l’employeur qui considère, pour sa part, que ce débrayage sans préavis est illégal.
Un bras de fer aux relents de scandale, et dont les principales victimes sont finalement les millions d’usagers, otages, malgré eux, d’un conflit qui perdure et auquel ils sont totalement étrangers.
En effet, beaucoup s’élèvent contre ces pratiques déloyales qui consistent à fermer les bureaux de poste, à chaque fois qu’un problème se pose ou qu’une revendication n’est pas satisfaite entièrement. Même s’ils ont raison sur le fond, ils n’ont pas le droit, cependant, de prendre le citoyen en otage en le privant de son argent. Surtout si le conflit persiste et les antagonistes campent sur leurs positions et refusent de dialoguer au motif que la partie adverse a foulé aux pieds les lois ou n’a pas respecté totalement ses promesses.
Selon Amar Khodja, représentant du Snap au niveau d’Algérie Poste, la faute incombe entièrement à la direction qui n’a pas honoré, dit-il, ses engagements en refusant d’appliquer l’accord concernant les 30% d’augmentation, conclu en janvier.
«A l’issue de la grève de janvier, la direction d’Algérie Poste s’était engagée à appliquer la nouvelle grille en relevant de 30% les salaires de tous les travailleurs d’Algérie Poste.
A la place, l’employeur a débloqué une prime de 30.000 DA, alors que l’accord portait sur les salaires avec effet rétroactif à compter de janvier 2008», a-t-il révélé. Se considérant comme l’unique partenaire social en dépit du refus de la direction de reconnaître officiellement le Snap, M.Khodja soutient mordicus que 80% des 30.000 travailleurs d’Algérie Poste sont affiliés à son syndicat et le soutiennent. Soulignant que la grève a été suivie partout, il dénonce les tentatives d’intimidations de la part de la direction qui essaie, affirme-t-il, de faire pression sur les travailleurs pour les inciter à reprendre leur travail.
S’inscrivant en faux contre ceux qui tentent de propager certaines rumeurs, en faisant croire, notamment, que des bureaux de poste ont rompu la grève, hier, il a qualifié ces rumeurs de mensongères et taxé ceux qui les colportent d’agents à la solde de la direction. Il a confié que cette grève n’a rien de politique et que ceux qui tentent de semer la confusion dans la tête des citoyens en soutenant le contraire, se trompent lourdement. A l’en croire, les grévistes iront jusqu’au bout et ne reprendront leur travail qu’une fois toutes leurs revendications satisfaites.
«Les travailleurs des postes d’Alger RP, de Dar El Beïda et de Rouiba ont reçu des mises en demeure les enjoignant de reprendre leur travail, mais cela n’a, fort heureusement, pas altéré leur détermination», a-t-il confié. D’ailleurs, le représentant du Snap crie à qui veut l’entendre que ce mouvement de protestation a pour but de protéger l’entreprise et, par ricochet, les millions d’usagers.
«Nous voulons protéger l’entreprise et mettre un terme à sa gestion catastrophique. Nous voulons aussi prêter assistance aux usagers en leur assurant un meilleur service et surtout un meilleur accueil», a-t-il précisé. N’empêche, cette grève a assez duré. A la longue, elle a fini par mettre tout le monde dans la gêne. Les travailleurs affirment qu’ils sont dans leur droit.
La direction d’Algérie Poste soutient, elle, le contraire, arguant que la grève est illégale. C’est à la tutelle maintenant de trancher en faisant la lumière sur toute cette affaire, quitte à prendre de sévères sanctions pour rétablir l’ordre. Ne dit-on pas que force doit revenir à la loi?