Transports publics,Un jour d’été dans un bus à Alger

Transports publics,Un jour d’été dans un bus à Alger

Les usagers subissent l’enfer au quotidien

«La loi de la jungle règne dans les agences de transport urbain dont l’absence de contrôle est totale.»

Prendre le bus à Alger est un calvaire. Les passagers subissent toutes sortes d’humiliations par les chauffeurs et leurs receveurs. Les conducteurs de bus font la loi en imposant aux citoyens leur diktat. Chaque arrêt, ils le prolongent en attendant de nouveaux passagers qui sont considérés comme une marchandise.

Selon plusieurs témoignages que nous avons recueillis dans les arrêts, la plupart des passagers en ont marre de cette situation. «Un véritable calvaire ces bus ou plutôt dans ces tas de ferraille, les conducteurs oublient qu’ils ne transportent pas du bétail, mais des humains», indique Racim, un jeune étudiant qui note avec amertume que ces bus passent parfois des heures dans chaque arrêt afin de «charger» le plus de monde possible. «Un trajet de 20 minutes est fait en presque deux heures, sans compter le calvaire de la circulation». «Et si un passager ose dire au chauffeur de démarrer, il se fait de suite lyncher par son receveur», poursuit-il. Walid, un fonctionnaire dans une banque trouve que le trajet en lui-même est une souffrance, «Prendre le bus est une épreuve qu’on affronte tous les matins. J’arrive au boulot épuisé à cause de ce trajet».

Il poursuit en regrettant que les agences ne disposent d’aucune commodité nécessaire pour les passagers. Le pire est que presque devant chaque agence ou arrêt se trouve un policier, un barrage fixe ou encore des motards qui ne réagissent pas. Ils laissent les passagers subir les dépassements. «Le malheur est que cela se passe sous les yeux des services de sécurité qui restent indifférents», regrette, pour sa part, une dame d’un certain âge en poursuivant qu’à l’agence de Ben Aknoun, c’est l’anarchie totale. La loi de la jungle règne dans les agences de transport avec l’absence de contrôle. «Aucun respect pour le citoyen qui se retrouve par obligation dans des situations pénibles, et les conducteurs se permettent de rester des heures et des heures en violant toutes les lois», explique Wafia, une stagiaire dans un établissement public. Pis encore, les conducteurs de ces bus n’ont pas subi de formation, ils ne respectent ni les horaires ni le Code de la route. Ils sont mal habillés, mal rasés, parfois même sales. Ils renvoient une mauvaise image. Ils n’inspirent pas confiance, ils ont un langage ordurier. «Les chauffeurs refusent de démarrer avant que le couloir du bus ne soit plein».

C’est pratiquement la même phrase qui se répète. Rym raconte son calvaire au quotidien avec le transport qui n’est jamais à l’heure. «Si tu veux parler du confort, c’est une autre histoire». Le plus grave ce sont les week-ends.«En fin de semaine, les bus sont introuvables, il faut faire une longue queue pour avoir une place dans un taxi à des prix inaccessibles». Le désordre, les insultes, la bousculade et l’accrochage, meublent le quotidien des usagers du transport en commun.

Enfin, souvent, les passagers sont victimes de vols, d’agression physique ou verbale dans ces agences de transport en commun notamment les femmes, par les délinquants qui occupent ces endroits dont l’absence du contrôle est totale.