Tous les pays du Maghreb présentent un grand potentiel en gaz de schiste (BAD)

Tous les pays du Maghreb présentent un grand potentiel en gaz de schiste (BAD)

En dehors de l’Algérie et la Libye, la Tunisie, le Maroc, la Mauritanie et la région du Sahara Occidental « présentent un potentiel de production de gaz de schiste », souligne un rapport de la BAD.

Le document passe en revue les estimations respectives des gisements de gaz de schiste au Maghreb et souligne les défis notamment environnementaux qu’en pose l’exploitation.

La Tunisie et le Maroc disposent de très faibles réserves nationales de gaz conventionnel et la production y est limitée. « Si leurs réserves en gaz de schiste étaient confirmées, leur donne énergétique en serait considérablement modifiée. Leurs importations de gaz ou d’autres combustibles diminueraient et le secteur de l’électricité serait en mesure de diversifier ses ressources de combustible », notent les rédacteurs du rapport de la Banque africaine de développement (BAD) sur « les opportunités du gaz de schiste en Afrique », rendu public jeudi.

Maroc

Selon le rapport, le Maroc dispose de plusieurs gisements de gaz de schiste répartis de manière complexe et irrégulière qui nécessiteront une vaste opération de collecte de données afin de permettre une évaluation adéquate des ressources. Les estimations sont basées sur deux bassins disposant d’un important potentiel de gaz de schiste.

Il s’agit du bassin de Tindouf (partagé également par l’Algérie, le Sahara occidental et la Mauritanie) et le bassin de Tadla avec un volume de gaz en place estimé à 68 000 milliards de pieds cube, soit des réserves exploitables totales de 11 000 milliards. Le Maroc produit un volume de gaz très modeste (4 millions de pieds cubes en 2010) et dispose de réserves prouvées de gaz conventionnel de 35 millions de pieds cubes.

Tunisie

Les réserves de la Tunisie en gaz de schiste sont estimées à 61.000 milliards de pieds cubes, et les réserves techniquement exploitables à 18.000 milliards. « Le pays pourrait remplacer le gaz importé par une production locale moins chère, ce qui entraînerait une légère hausse de la croissance, de la consommation d’énergie et des émissions ».

Il s’agit de volumes bien inférieurs à ceux estimés en Libye ou en Algérie, mais demeurent néanmoins bien supérieurs aux réserves prouvées de gaz conventionnel qui s’élèvent à moins de 3.000 milliards de pieds cubes. Les réserves estimées se situent dans le bassin de Ghadames et un premier puits a été foré par fracturation en 2010.

Mauritanie

La Mauritanie ne produit et ne consomme pas de gaz pour l’instant, note le rapport. Cependant, l’exploitation du champ gazier de Banda devrait débuter en 2015.

Les réserves de la Mauritanie en gaz de schiste sont évaluée à 2 000 milliards de pieds cubes, dont 400 milliards seraient techniquement exploitables. « Étant donné que les réserves prouvées de gaz conventionnel sont estimées à 1000 milliards de pieds cubes, l’exploration et l’exploitation de ce faible volume potentiel de gaz de schiste ne devrait pas faire partie des priorités ».

Sahara Occidental

Selon le rapport de la BAD, dans la région du Sahara occidental, le gaz en place est évalué à 37 000 milliards de pieds cubes, dont 7000 milliards seraient techniquement exploitables. Il n’existe actuellement aucun projet concret d’exploitation de ces ressources.

Libye

La Libye disposait quant à elle de 1 147 000 milliards de pieds cubes de gaz en place, tandis que les réserves exploitables s’élevaient à 290 000 milliards. La Libye s’est jusqu’à présent concentrée sur la production pétrolière, mais envisage d’accorder davantage d’importance à la production gazière. « Cette nouvelle approche pourrait lui permettre de répondre à ses propres besoins en électricité, mais également à ceux de son industrie, ainsi que pour ses exportation ».

Algérie

Selon le rapport de la BAD, l’Algérie disposerait de 321 000 milliards de pieds cubes de réserves de gaz de schiste exploitables. Pour les rédacteurs du rapport, le gaz de schiste pourrait jouer un rôle important dans son économie en permettant son niveau d’exportation élevé sans ralentir la croissance nationale. « L’enjeu pour l’Algérie sera de déterminer si son approvisionnement en eau disponible est suffisant pour pratiquer la fracturation sans impacter les autres secteurs tels que l’agriculture », note le rapport.

La BAD fait confiance aux nouvelles techniques d’exploitation du gaz de schiste

La BAD souligne toutefois qu’aucun des pays maghrébins ne disposent de l’expertise requise en matière de réglementation et de contrôle pour garantir que les pratiques de fracturation ne poseront pas de risques écologiques. Car, « l’exploitation et la production de gaz de schiste peuvent poser d’énormes défis environnementaux ». Entre autres, figurent notamment les importants volumes d’eau nécessaires à l’extraction, la contamination de l’eau, l’intensification de l’activité sismique, le dégazage et le torchage des gaz associés.

En dépit de ces risques, la BAD se dit « encouragée par les résultats » d’une étude sur « les nouvelles techniques d’exploitation du gaz de schiste qui pourraient offrir à la région des perspectives économiques ». « Nous ne soulignerons jamais assez la nécessité de combiner la production de gaz avec une bonne planification et une gestion durable de l’environnement », a déclaré Kurt Lonsway, manager en charge de l’environnement et du changement climatique à la BAD.