Tourisme en Algérie : Les raisons de la désaffection

Tourisme en Algérie : Les raisons de la désaffection
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Les responsables du secteur peinent à rendre attrayante la destination Algérie : tarifs élevés, prestations médiocres et manque d’infrastructures. Du reste, l’investissement touristique reste embryonnaire. Pourtant, l’Algérie ne manque ni de moyens ni de richesses pour hisser ce ssecteur à un haut niveau.

Pour le tourisme cette année, la destination Algérie souffre encore d’une image peu reluisante. Il y a d’abord la problématique du coût de séjour pour les touristes aux bourses moyennes qui veulent se déplacer pour une semaine.



Les agences de voyages et les tour-opérateurs européens estiment que « les coûts sont élevés, le billet de transport par avion sans les frais de séjour dans un hôtel 3 étoiles dépassant les 1 000 euros pour une seule personne ». Le constat reste, cependant, relatif selon le « business » et la nature du partenariat entre opérateurs. Mais l’inconvénient vient d’un tourisme « réceptif » qui reste peu développé par rapport à nos voisins. Les capacités d’accueil de nos hôtels ne dépassent pas les 75 000 lits alors que le Maroc en était déjà à 200 000 en 2010.

La Tunisie qui brille par son savoir-faire peut dans la haute saison accueillir plus de 1,2 million de touristes, toutes catégories confondues. Pour l’heure, on n’en est pas là. L’Algé- rie est en train de « reconstruire sa destination avec une nouveau plan de développement », selon le ministre du tourisme, M. Smaïl Mimoun. Cette image qui est encore à valoriser nécessite, selon les spécialistes, un vaste plan de marketing, une communication avec des supports d’efficacité dans le web et, surtout, un mode opératoire qui doit coller « aux besoins des touristes et leur exigence ». Les données ont changé, un pays pouvant se faire connaître sur un simple click sur un site Internet. Plus besoins d’aller chercher les touristes ailleurs, il faut, selon le premier responsable du secteur, « les séduire par différentes formules qui doivent être attrayante ».

LG Algérie

L’image de l’Algérie, qui a souffert des séquelles du terrorisme et de l’insécurité, veut retrouver son lustre d’antan. Et pour cela, rien ne vaut un investissement qui mise sur les sites naturels du pays, ses paysages pittoresques et son Sahara féerique et enchanteur. Le deuxième aspect sur lequel les institutions et autres opérateurs doivent miser, c’est un tourisme de qualité avec des points d’ancrage qui doivent se diversifier. Le balnéaire demeurant un genre local, la nouvelle politique veut redorer le blason à travers la destination saharienne qui reste le produit doré et l’endroit le plus fréquentable par les touristes européens. L’autre genre est celui du tourisme « d’histoire et de patrimoine » qui intéresse aussi bien les Algériens que les étrangers en quête de curiosités, de séjour d’études ou de voyages exotiques. Par contre, le tourisme de masse à la tunisienne ne semble pas encore attirer les voyagistes étant donné le manque d’infrastructures. Mais l’on peut aussi imputer ces insuffisances aux déficits en matière de guides touristiques, aux prestations médiocres et à l’absence d’une culture de loisirs pour le séjour des étrangers. Un manque à gagner qui permet à nos voisins de bien récupérer les marchés.

50 milliards de dinars pour la relance

Jamais une telle somme n’a été affectée à un secteur. Pour construire de nouvelles infrastructures (70 retenues au niveau national) et réhabiliter le parc hôtelier public, la somme est, néanmoins, considérée comme insuffisante. Car pour une destination, il faut, de l’aveu des experts en management de tourisme, « établir des campagnes de marketing, revoir les prestations et offrir aux touristes quiétude et sécurité ». L’approche étant de diversifier l’offre touristique selon les atouts des régions. Mais de l’aveu du ministre du tourisme, « il faut du temps pour reconstruire une destination et il faut miser sur les atouts régionaux ».

C’est dans ce cadre que le SITEV 2011 (salon international du tourisme et des voyages) a mis particulièrement l’accent sur « la stratégie du tourisme régional et la valorisation de leurs richesses ». Par là, tous les genres sont valables. Cela va du tourisme balnéaire, de montagne, au tourisme thermal, cultuel. Bien entendu, les tendances montrent que pour le cas algérien, « l’écotourisme peut se faire valoir à condition de réunir les conditions de sa réussite ». L’autre approche consiste, selon les spécialistes, à « fédérer tour-opérateurs, agences de voyages et transporteurs autour de la valorisation d’une région ». Il ressort ainsi, selon un bilan fourni par l’Onat, que « l’indice de fré- quentations des touristes étrangers est remarqué au Sahara durant la haute saison (novembre à avril), avec 65 % des entrées ». Selon le ministre, « les flux touristiques enregistrent une croissance de 10 % par an ».

Mais en termes réels, le nombre ne dépasse pas les 2 millions de touristes, auxquels il faut ajouter la communauté algérienne établie en France qui se déverse par rush durant l’été. L’autre indice révèle la pauvreté du secteur par rapport au PIB. Les estimations déplorent que les recettes du tourisme aient avoisiné 330 millions de dollars avec une capacité d’accueil maximale de 90 000 lits. Et ce même si l’on projette d’engranger 200 millions de dollars d’ici 5 ans avec de nouvelles infrastructures.

Toutefois, l’avantage n’est pas en faveur de l’Algérie du moment qu’un bilan de l’Organisation mondiale du tourisme (OMT) fait ressortir que l’Algérie est à la traîne avec seulement 1 % des entrées touristiques au niveau méditerranéen, loin derrière le Maroc et la Tunisie. Une amère réalité qui pousse actuellement le gouvernement à accélérer les projets d’investissements touristiques, dont 474 ont été agréés pour créer 45 000 lits supplé- mentaires. D’autre part, les responsables des institutions concernées poussent les opérateurs « à investir dans la petite hôtellerie, plus efficace dans certaines régions ».

Le Sahara et le tourisme domestique

Le tourisme domestique se distingue durant la saison estivale au niveau côtier avec parfois des chiffres qui confirment que la culture des vacanciers algériens se limite aux plages et aux campings familiaux. Après un séjour en Algérie en décembre dernier, M. François Perret, directeur exécutif de l’OMT, a considéré que « l’Algérie recèle des plages méditerranéennes, un fascinant Djurdjura, des trésors culturels, humains et historiques ».

Ce qui fait d’elle une région qui dispose de tous les atouts d’un tourisme domestique. Pragmatisme oblige, l’Algérie peut se tourner vers sa clientèle locale pour rehausser ses recettes et permettre de « corriger l’image d’un mauvais élève touristique ». Pour cela, l’OMT recommande à l’Algérie d’être présente avec ses opérateurs à tous les salons internationaux du tourisme, rendezvous incontournables pour les joint-ventures, partenariats et autres contacts promotionnels. Pour le tourisme balnéaire, les plages algé- riennes doivent être répertoriées et classées selon l’importance des sites et paysages de la région. Le tourisme thermal, avec 200 sources localisées, peut aussi constituer l’attrait des Algériens avec toute la gamme de cures et de séjours de repos que beaucoup recherchent actuellement. Idem pour le camping qui, selon M. Djamel Ramdani, directeur de Touring Voyage Algérie, « est un segment absent des perspectives du développement touristique en Algérie » Le tourisme de plein air a l’avantage, comme le bivouac dans les grands ergs du Sud algérien, d’être propre, écologique et de moindre coût pour les vacanciers.

Avec l’avantage d’une grande contrée désertique, l’Algérie peut promouvoir d’avantage son produit saharien, qui a la vertu d’avoir une richesse archéologique, historique et culturelle des plus convoitées. Récemment, l’é- diteur australien Lonely Planet (ou planète isolée) avait signalé que « l’Algérie est un pays à visiter aux côtés du Canada, du Kirghizstan et du Groenland ». Cette revue internationale de grand impact estime également que ces dernières années « les voyageurs recommencent à inscrire sur leur carnet de route l’Algérie avec son Sahara comme l’un des pays les plus fascinants d’Afrique. Ils mettent le cap sur l’immensité saharienne du sud du pays et sur certaines villes du nord du pays pour son littoral en été ».

Même si la menace de l’insécurité plane dans certaines zones du Grand Sud, cela ne risque pas de dissuader tous les touristes de ne pas s’y rendre. Malgré la cherté du circuit du transport, Ghardaïa, avec ses 27 hôtels, 21 agences de voyages et 8 offices locaux de tourisme, est l’une des villes les plus attirantes, avec « l’arrivée en masse de touristes européens et asiatiques entre décembre à mai ». « Ce sont les mois où beaucoup de touristes viennent visiter le M’zab, la région de Zelfana et les oasis de dattes », assure M. Belhani, patron d’un office de promotion touristique. Ouargla et Touggourt, avec 21 hôtels, misent à partir de septembre sur les fêtes locales, notamment celle de la grande course du Méhari, pour attirer nombre de touristes locaux et étrangers. Dans la Saoura, la région de Taghit et Beni Abbès ont besoin d’étendre leurs capacités d’accueil. Avec un seul hôtel de 200 chambres uniquement pour une région très courtisée par les étrangers, la zone d’extension touristique attend de nouveaux investissements.