Tlemcen rend hommage à Cheikh El Hadj Abdelkrim Dali

Tlemcen rend hommage à Cheikh El Hadj Abdelkrim Dali
TLEMCEN – La Fondation Cheikh El Hadj Abdelkrim Dali organise jeudi à Tlemcen un colloque culturel pour rendre hommage à cette figure marquante de la musique andalouse dont l’apport aux écoles musicales Sanâa et Ghernati a été, de l’avis des spécialistes, indéniable.

De Tlemcen, sa ville natale, à Alger, où il s’est installé, le parcours de cette personnalité a été très riche en événements qui ont marqué sa vie et son œuvre au service de la musique andalouse qu’il enseigna sans relâche sa vie durant.

Né dans le vieux quartier de Hart Erma (quartier des archets) de la rue des Almohade à Tlemcen, le défunt a poursuivi, dès l’âge de quatre ans, une scolarité traditionnelle à la mosquée Djamâa Chorfa, puis à l’école El Abili. Il s’imprégna, dès son jeune âge, des mélodies et textes poétiques de ses ancêtres.

Passionné de la percussion, il devint drabki (percussionniste) à l’âge de 11 ans seulement dans l’orchestre de Cheikh Abdeslam Bensari, où il excella. Il maitrisa, ensuite, le tar puis le demi-mandole offert par son père, puis la flûte.

Son contact avec El Hadj Mohamed Nedjadi, un artisan coiffeur et musicien amateur très chevronné, le plaça sur l’orbite de la vie musicale tlemcenienne. De nombreux artistes fréquentaient ce salon, à l’instar de Cheikh Lazâar Bendali Yahia et Cheikh Omar El Bekhchi. C’est là, qu’il commença à forger sa vie d’artiste, enrichie par ses passages d’un orchestre à l’autre, jouant à plusieurs instruments de musique qu’il maitrisait à merveille.

Il a même été sollicité, en mai 1931, par le professeur Mohamed Bensmain pour faire partie de l’orchestre de l’association El Andaloussia d’Oujda dans le cadre d’une représentation à Paris. De retour à Tlemcen, il forma son premier orchestre à l’âge de 17 ans, enregistrant même son premier disque 78 tours à Alger. Sa renommée fut de plus en plus manifeste au niveau national.

Un « réconciliateur » entre les écoles d’Alger et de Tlemcen

Avec son installation à Alger, en juin 1945, l’artiste verra sa carrière connaitre une grande ascension. Il s’est avéré, selon l’auteur Kamel Bendimerad, un « réconciliateur entre les adeptes des écoles d’Alger et de Tlemcen qui prétendaient, l’un comme l’autre, au leadership de la musique andalouse ».

Sur place, il ne cessa de s’affirmer sur la place artistique, aidé par les Cheikhs Mohamed El Fekhardji et El Boudali Safir, notamment.

En janvier 1957, il est nommé professeur titulaire au Conservatoire municipal d’Alger, en remplacement du maitre Mohamed Fekhardji, décédé une année auparavant.

Après le recouvrement de l’indépendance, il participa à plusieurs festivals de musique andalouse à Tlemcen, Constantine et Alger, notamment. Sa brillante carrière s’est poursuivie inlassablement jusqu’à sa disparition, le 21 février 1978 à Alger, léguant un patrimoine artistique et musical prestigieux.

Pour Cheikh Salah Boukli Hacène, professeur de musique, président de l’association de musique andalouse El Kortobya de Tlemcen, le défunt a été, sa carrière durant, un « passeur et transmetteur infatigable du patrimoine andalou légué par nos ancêtres ». Auteur compositeur, il a brillé par ses interprétations du hawzi et du gharbi, notamment, son interprétation de « Ana el Kaoui » du poète marocain Bouazza.

C’est la mémoire de ce monument de la musique andalouse nationale que s’apprête à honorer « la Fondation Cheikh El Hadj Abdelkrim Dali », à l’occasion du dixième anniversaire de sa création.