Tlemcen / Journée nationale de la commune : L’état civil en français à tâtons

Tlemcen / Journée nationale de la commune : L’état civil en français à tâtons

Écrit par El Halloui Tlemçani

Pour obtenir un document d’état civil en français au niveau de la mairie de Kiffane (Tlemcen), il faut faire le pied de grue devant le guichet et prendre son mal en patience. L’attente stressante qui peut durer plus d’une demi-heure n’est pas due à la présence d’une file, loin s’en faut, mais au traitement à tâtons de la demande.

Et pour cause. Le service ne dispose pas de logiciel à cet effet. Ainsi, le préposé, tout en saisissant les renseignements depuis le livret de famille confirme au fur et à mesure l’orthographe ou plutôt la transcription de la filiation patronymique (noms, prénoms du demandeur et des parents). Une fois le document (extrait d’acte de naissance) imprimé, il le soumet à la correction en guise de « brouillon » au demandeur. Cette opération fastidieuse peut se répéter jusqu’à cinq fois, en fonction des erreurs commises à son corps défendant par l’agent qui, machinalement, froisse le document et le jette à la corbeille. Un gaspillage de temps et de papier.

Si les corbeilles vidaient leurs sacs… en guise d’instrument de mesure et d’outil d’évaluation de cette « carence » administrative. A propos, que fait dans ce cas l’agent quand il a devant lui un citoyen analphabète ? Quant aux fautes d’orthographe, nous en avons relevé plusieurs par rapport au canevas (modèle) retenu, en l’occurrence l’omission des accents, de majuscule, du pluriel…

A noter que l’accent circonflexe et le tréma n’ont pas a priori droit de cité sur les rubriques, « en dépit des interventions de l’ingénieur en informatique » de l’APC qui n’a pas réussi à « dompter » ces deux signes spéciaux, selon une préposée. Abstraction faite de la transcription (traduction approximative) de prénoms. Mais qui a parlé de numérisation de l’état civil ?

Par ailleurs, il faut souligner que plusieurs affaires de correction ont été traitées par les tribunaux de la wilaya de Tlemcen : 4 108 en 2006 et 4 908 en 2007, portant sur des erreurs de transcription commises sur des actes de naissance, de mariage et de décès, selon un ex-Procureur général près la Cour de Tlemcen, lors d’une journée d’étude sur l’état civil. Un million de corrections ont été portées sur des documents d’états civil entre les services judiciaires et administratives, selon le ministre de la Justice Tayeb Louh, qui s’est exprimé à ce sujet en octobre dernier.

Le premier responsable du secteur a précisé que des sanctions seront infligées aux responsables de l’état civil en cas d’erreur. Au titre des prestations en la matière, 1 000 extraits de naissance sont établies chaque jour au niveau de la mairie et du chef-lieu. Par ailleurs, 150 extraits du casier judiciaire sont délivrés quotidiennement par la Cour de Tlemcen et 80 certificats de nationalité au niveau du tribunal de Kiffame.