La région des Beni Snouss, dont la valeur archéologique vient d’être confortée par un arrêté ministériel pour en protéger le patrimoine, peut réserver bien des surprises tant aux chercheurs qu’aux visiteurs.
Les différentes civilisations qui s’y sont succédé (berbère, romaine, islamique) ont laissé leurs empreintes, préservées jusqu’à nos jours malgré les injures du temps, que chacun peut à ravissement découvrir, à l’image de cette ville romaine enfouie à Taffesera qui vient d’être exhumée.
Taffeser, compte également l’une des plus vieilles mosquées qui porte, selon des documents et les archéologues, le nom de Sidi Abdellah Ben Djafar. Cette mosquée fait partie des circuits touristiques souvent empruntés lors de la manifestation culturelle «Tlemcen, capitale de la culture islamique 2011». La tradition orale veut que les mosquées des Beni Snous aient été fondées sur ordre de Abdellah Ben Djafar, neveu du calife Ali et compagnon de Okba Ben Nafi.
On accède à la mosquée par une cour dont la partie gauche sert de prière avec son mihrab creusé dans le mur d’enceinte et, au fond, les latrines, qui étaient alimentées en eau courante par un petit canal venant de la source située juste derrière le mur d’enceinte. Selon Brahim Chenoufi, archéologue, le plan de la mosquée est carré, il est divisé en trois nefs ou salles perpendiculaires au mur de la Kabla et en trois travées. Les piliers à base carrée sont reliés entre eux par des arcs outrepassés.
Des doubles pentes en tuile canal, sur des nappes de rondins en thuya, couvrent les pièces. La coupole au-devant du mihrab est couverte par une toiture en tuile canal à quatre pentes. Le minaret évoque ceux des mosquées de la période Abdalwadide par ses proportions, mais non par son décor, qui se résume à quelques saillies en brique enduites à la chaux, comme, du reste, le minaret tout entier. Cette mosquée dont l’histoire exacte de sa construction n’a pas été déterminée, a vu le passage de plusieurs religions, entre autres le christianisme et le judaïsme. La mosquée était une église avant d’être transformée en mosquée dès l’avènement de l’Islam. Elle daterait du XI ou XIIe siècles. Ce merveilleux site historique accueille annuellement de nombreux touristes, ahuris devant une cité berbère qui a connu le passage de plusieurs dynasties. Dans cette région, on trouve encore des maisons troglodytes datant de nombreux siècles. Selon des habitants, des traces d’hommes géants, d’une taille d’environ 2,20 m, ont été retrouvées, notamment des ossements, étant donné que la région compte un cimetière qui date depuis la nuit des temps.
Dans ces lieux où, faut-il rappeler, Edmond Destaing a mené une série d’études anthropologique entre 1900 et 1907, dont il édita quelques essais sur les rites culturels locaux, ainsi qu’un dictionnaire français berbère sur la langue amazighe des Ath Snous, le visiteur reste ébloui devant la beauté qui s’en dégage. Edmond Destaing écrira à ce propos que « la vallée de Beni Snous à une brillante histoire, notamment pendant la période romaine où elle était un poste avancé de l’empire romain, on sait notamment que pendant l’époque de Syphax les romains ont pris une dérouille à Beni Snous ».
Cette contrée a fourni de nombreux savants et rois berbères à Tlemcen sous la dynastie des Zianides. Le plus connu est l’un des plus grands savants théologiens, à savoir Cheikh Esnoussi. Sur le plan architectural, la vallée des Beni Snous possède des constructions d’une valeur inestimable qui sont laissées à l’abandon, et les autorités locales doivent accentuer les efforts pour restaurer ce qui en reste afin de sauver le visage des vieilles cités. L’objectif est d’offrir aux habitants des habitants de la vallée des Beni Snous un cadre de vie attractif avec une offre résidentielle diversifiée, de favoriser l’accès à une vie sociale riche et variée, mais aussi de constituer des réserves foncières pour développer des équipements et des services. Cette région, connue par sa vallée mystérieuse et féerique qui s’étend sur 40 km2, compte plusieurs douars et villages typiquement berbère, à savoir Taga, Beni Achir, Zahra, Keddara, Tassa, Fahs et Beni Hamou, qui durant la guerre de Libération ont vu le tiers de leurs populations décimé par la répression coloniale. Beni Snous représentait une région stratégique et une base logistique de l’Armée de libération nationale (ALN), en raison de son relief accidenté et ses forêts denses, outre sa position avec le Maroc, base de repli des moudjahidine. Belle, attirante avec ses paysages verdoyants qui s’étalent à perte de vue, elle laisse deviner au loin ses champs plantés d’oliviers, amandiers et autres figuiers, tandis que le site du barrage de Beni Bahdel vient à point nommé compléter la beauté de ce coin vite devenu véritable pôle touristique.
Les montagnes environnantes sont un important réservoir d’eau, d’énergie et de diversité biologique. Le visiteur découvre que le pays offre, de par la diversité de ses ressources naturelles et sa position géographique, l’apport enrichissant des contacts faciles avec une population accueillante et généreuse, des opportunités extraordinaires pour développer différentes sortes de tourisme, loin des services classiques qu’offre l’infrastructure hôtelière urbaine.