L’islamologue suisse Tariq Ramadan a qualifié jeudi de « maladroits » les propos de l’international de football Karim Benzema imputant sa non-sélection pour l’Euro à une forme de racisme en France, tout en estimant que le joueur avait « raison sur l’atmophère qui règne » dans ce pays. Le sélectionneur Didier Deschamps a « cédé à la pression d’une partie raciste de la France », a lâché mercredi dans la presse espagnole Karim Benzema, non sélectionné pour l’Euro-2016 en France (10 juin-10 juillet).
Les propos de l’attaquant du Real, d’origine algérienne, ont provoqué un tollé. « Je ne pense pas que sur cette affaire, on puisse parler de racisme caractérisé », a réagi Tariq Ramadan sur les médias BFMTV et RMC. « Je pense que c’est maladroit. » « Il y a quand même un fait, quelque chose qui lui est reproché (…), et le sélectionneur doit penser à l’esprit d’équipe, à la cohésion », a poursuivi le théologien musulman.
Karim Benzema a été écarté de l’équipe de France à cause de son inculpation dans une affaire de chantage à la sextape contre un autre international, Mathieu Valbuena. Mais, de manière « raisonnable », « il faut poser la question du racisme en France », a poursuivi Tariq Ramadan, pour qui « la question du racisme en France, elle est vis-à-vis des Arabes, elle est vis-à-vis des Noirs, elle est vis-à-vis des Roms ».
« L’antisémitisme, l’islamophobie et tous les racismes doivent être refusés », a-t-il insisté. « Benzema a raison sur l’atmosphère » qui règne en France, a indiqué plus tard l’islamologue. L’intellectuel suisse s’en est pris au Premier ministre Manuel Valls qui s’était lui-même prononcé contre la présence de Benzema en équipe de France, arguant qu’un « grand sportif devait être exemplaire ». « Qu’est-ce que Valls a à dire sur le fait qu’on sélectionne Benzema ou pas ? Il a politisé l’affaire alors qu’il fallait laisser le sélectionneur s’occuper de ça », a-t-il jugé. (Afp)