Quoique partants pour le scrutin législatif du 10 mai prochain, des partis politiques, échaudés fort probablement par les fraudes électorales passées, s’ingénient à proposer des mécanismes à même de garantir une régularité de l’opération électorale. Le Front national algérien (FNA) de Moussa Touati propose de sécuriser les bulletins de vote en y imprimant des codes barres.
Eureka ! Moussa Touati croit avoir trouvé la parade : introduire l’outil informatique dans l’opération de vote, surtout dans les comptages finaux et la mise à disposition instantanée sur réseau des données. Pour ce faire, le FNA a fait appel à une société de droit algérien spécialisée dans la sécurisation des systèmes informatiques qui a conçu le logiciel. Selon les concepteurs du logiciel, invités hier à exposer leur trouvaille au CIP de Kouba, l’impression des codes barres et de numéros secrets sur les bulletins de vote éviterait que soient utilisés des bulletins dupliqués. Il suffit, diront-ils, de placer des lecteurs des codes barres au niveau des bureaux, sinon des centres de vote pour que détecter les bulletins invalides. L’idée est peut-être lumineuse mais il reste à jauger de sa fiabilité, d’autant que les concepteurs du logiciel ne semblent pas avoir opéré des tests de fiabilité. Mais le FNA qui fait la réclame pour ce produit n’en a cure. Son président s’est dit convaincu par la démonstration technique sommaire qui a été faite sur data show. «C’est moins coûteux et c’est plus efficace», ont soutenu les concepteurs de ce logiciel dédié à l’opération de vote. «Le système que nous proposons reviendrait à 16 milliards de centimes, ce n’est rien par rapport aux 700 milliards de centimes annoncés par le ministre de l’Intérieur comme coût des élections législatives prochaines.»
La fraude, cette hantise
Le président du FNA ne crédite pas de confiance l’administration qui supervisera les élections. «L’administration veut encore gérer l’opération électorale. La Commission de surveillance des élections est placée sous l’autorité du juge, lequel juge est placé sous l’autorité de l’administration», a-t-il clamé. Pour Moussa Touati, il est temps de mettre un terme définitif à la fraude électorale. Il n’a pas été le seul à dénoncer par anticipation la fraude électorale. Le président du MSP, Aboudjerra Soltani, et un membre du bureau politique d’Ennahda, invités, étaient présents pour dire, eux aussi, toute leur appréhension de la fraude électorale. Affranchi de l’Alliance présidentielle, Soltani se consacre au métier d’opposant. Une conversion qui ne peut se faire sans mea-culpa. «Auparavant, on fermait les yeux et on se taisait sur les fraudes électorales, parce qu’on ne voulait pas mettre du sel dans la plaie. On était sous état d’urgence et on était en plein dans la tragédie nationale», a-t-il concédé, ajoutant : «Maintenant que l’état d’urgence est levé et que la tragédie nationale est derrière nous, il faut que cessent les paternalismes ; finies les légitimités historiques et révolutionnaires. La légitimité doit revenir au peuple.» Le responsable d’Ennahda, perturbé par Soltani qui a quitté la salle au moment où il avait pris la parole, clamera lui aussi le retour de la légitimité au peuple.
S. A. I.