Des milliers d’enfants ont été violentés et abusés dans des internats catholiques du canton de Lucerne jusque dans les années 1970, selon une récente étude suisse.
«Il y avait toujours cette incroyable peur, de la peur, de la peur et de la peur», raconte, sous le couvert de l’anonymat, un ancien élève d’un internat catholique. «De nombreux enfants des internats se sont longtemps sentis coupables pour ce qu’ils ont vécu», a indiqué le professeur Markus Furrer de la Haute école pédagogique de Lucerne (PHZ). Parmi les pratiques employées par les sœurs, une punition consistait «à appuyer la tête de petits enfants sous l’eau» pour les punir d’avoir été bruyants ou pour avoir uriné dans leur lit, raconte Furrer. La privation de nourriture était l’autre pratique des internats suisses. «Je ne me souviens pas de quelqu’un qui n’avait pas faim. Pratiquement tout le monde avait faim», relate un ancien élève. Les punitions étaient également exercées à l’encontre d’élèves qui voulaient se désaltérer entre les repas. «Si quelqu’un se penchait vers un robinet pour boire, il recevait un coup sur l’arrière de la tête de manière à ce que son visage tape contre le robinet», raconte un autre témoin. Certains éducateurs montrant des tendances «sadiques» ont appliqué des pratiques «proches de la torture» avec des coups de poing et de chaussure en plein visage, selon les auteurs de l’étude.