La ville chinoise de Changsha a accueilli, cette semaine, la Réunion ministérielle des coordinateurs du Forum sur la coopération sino-africaine (FOCAC), consacrée au suivi des engagements pris lors du Sommet de Beijing de 2024. À cette occasion, le président chinois Xi Jinping a adressé un message de félicitations soulignant la volonté de la Chine d’approfondir sa coopération avec l’Afrique, à travers sa propre trajectoire de modernisation et l’ouverture de son vaste marché intérieur.
Pékin se dit prêt à renforcer les partenariats économiques avec les pays africains en leur offrant un traitement tarifaire préférentiel. En clair, la Chine mettra en place une exonération totale des droits de douane sur toutes les lignes tarifaires provenant de 53 pays africains entretenant des relations diplomatiques avec elle.
Les pays africains les moins avancés bénéficieront également de facilités supplémentaires en matière d’accès au marché, d’inspection, de certification et de dédouanement, en plus d’un appui à la formation et à la valorisation de leurs produits.
President Xi Jinping sent a congratulatory letter to the Ministerial Meeting of Coordinators on the Implementation of the Follow-up Actions of the Forum on China-Africa Cooperation (FOCAC) held in Changsha.
China remains committed to offering new opportunities to the world… pic.twitter.com/lOp8SlUhRE
— Lin Jian 林剑 (@SpoxCHN_LinJian) June 11, 2025
Déclaration sino-africaine de Changsha : une réponse coordonnée face aux défis mondiaux
Dans une déclaration conjointe adoptée à l’issue de la réunion, les représentants de la Chine, de 53 États africains et de la Commission de l’Union africaine ont exprimé une vision commune : construire une communauté de destin Chine-Afrique forte et durable à l’ère nouvelle. Tous s’accordent à dire que la montée du protectionnisme, de l’unilatéralisme et de l’intimidation économique entrave gravement les efforts de développement en Afrique et dans les pays du Sud global.
Ils appellent à une réponse collective face aux perturbations croissantes de l’ordre économique international, en particulier celles induites par certaines puissances qui recourent à des mesures tarifaires unilatérales, notamment les États-Unis. Le groupe plaide en faveur d’un retour au dialogue équilibré, fondé sur le respect mutuel et les intérêts partagés.
La Chine et l’Afrique unies pour un monde multipolaire équitable
La Chine et l’Afrique affirment leur engagement à défendre le multilatéralisme véritable, centré sur les Nations Unies et l’Organisation mondiale du commerce (OMC), tout en rejetant toute forme de repli nationaliste ou de domination commerciale. Dans ce contexte, les deux parties veulent incarner un modèle de coopération Sud-Sud basé sur la solidarité, l’égalité souveraine et l’inclusion.
Elles réaffirment leur volonté commune de promouvoir un monde multipolaire, plus équilibré et ordonné, dans lequel chaque pays, quelle que soit sa taille ou sa puissance, bénéficie du même respect et de la même considération.
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En outre, les deux parties ont clairement affiché leur ambition : consolider un ordre international fondé sur l’égalité souveraine, dans lequel chaque nation, grande ou petite, forte ou faible, dispose des mêmes droits et occupe une place équitable dans la communauté internationale. Ensemble, elles entendent défendre leurs intérêts légitimes, se soutenir mutuellement avec solidarité et compréhension, et faire des relations sino-africaines un socle de stabilité dans un monde incertain.
Un cap commun pour la modernisation et le développement autonome
La Chine et l’Afrique choisissent de construire une vision partagée, fondée sur l’ouverture, la coopération et le bénéfice mutuel. Leur engagement repose sur une approche ambitieuse : faire progresser la modernisation dans toutes ses dimensions : technologique, industrielle, sociale, environnementale, numérique et humaine. Cet objectif passe par une mise en œuvre concrète des dix Actions de partenariat Chine-Afrique, lancées lors du Sommet de Beijing en 2024, ainsi que par le soutien actif au deuxième Plan décennal de l’Agenda 2063 de l’Union africaine.
Ce partenariat vise aussi à illustrer, sur la scène internationale, la capacité des pays du Sud global à coopérer de manière autonome et solidaire, à s’affranchir des rapports de domination, et à promouvoir une mondialisation plus équitable, inclusive et réellement bénéfique pour tous.
La Chine réaffirme sa volonté d’ouvrir plus largement son marché intérieur aux exportations africaines. Concrètement, elle prévoit d’appliquer une exemption totale des droits de douane à 100 % des lignes tarifaires en provenance des 53 pays africains entretenant des relations diplomatiques avec elle, soit tous les pays du continent, à l’exception de l’Eswatini.
Pékin souhaite voir davantage de produits africains de qualité intégrer les étals de ses marchés. Elle prévoit également des mesures spécifiques pour les pays les moins avancés : facilités d’accès au marché, procédures allégées d’inspection et de quarantaine, dédouanement simplifié, sans oublier un appui technique à la formation et à la valorisation des produits exportés.
Vers une coopération axée sur l’innovation et les secteurs d’avenir
Les dix actions sino-africaines ne se limitent pas aux échanges commerciaux. Elles englobent aussi des domaines de pointe, essentiels pour la transformation économique du continent africain. La Chine souhaite renforcer la coopération dans des secteurs clés : l’industrie verte, l’e-commerce, les systèmes de paiement électronique, la recherche scientifique, les technologies de pointe et l’intelligence artificielle.
Elle entend aussi élargir cette coopération à des domaines structurants comme la sécurité, la finance et l’État de droit, pour permettre un développement qualitatif, stable et durable du partenariat sino-africain.
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Au-delà des accords et des chiffres, le FOCAC se positionne comme un modèle de solidarité entre pays du Sud global. La Chine et l’Afrique veulent faire de leur relation un exemple d’amitié sincère, d’égalité et de coopération horizontale. Dans ce cadre, les deux partenaires s’appuieront sur la « Liste de mise en œuvre des actions de suivi du Sommet de Beijing », un document clair, quantifié et orienté vers les résultats.
Ils mettront également en œuvre le « Document conceptuel de l’Année sino-africaine des échanges humains et culturels », pour renforcer les liens entre les peuples, les étudiants, les artistes, les chercheurs, les journalistes et les jeunes générations. Une façon de donner une dimension profondément humaine à une coopération qui, désormais, s’inscrit dans la durée.