Le Snapest et le Snte, deux syndicats en faveur d’un système décentralisé des œuvres sociales au niveau des établissements, veulent une gestion de cet argent par les fonctionnaires eux-mêmes et hors du contrôle de la tutelle.
A moins d’une semaine du référendum du 7 décembre relatif à la désignation du mode de gestion des œuvres sociales du secteur de l’Education, objet de toutes les convoitises, la polémique sème la discorde entre les syndicats autonomes eux-mêmes et le ministère de tutelle. La gestion des œuvres sociales, estimée à 40 millions de dinars, attise les convoitises et divise les syndicats : chacun y va de sa logique et de sa manière de gérer ce dossier brûlant mais juteux. Comme les syndicats sont divisés dès le départ sur le mode de gestion, voilà qu’ils ne sont pas parvenus à se mettre d’accord sur le mode du scrutin.
A défaut de dégager une approche commune susceptible de trouver un consensus, les syndicats à jamais divisés ont privilégié la pagaille sur le dialogue. La mise est importante : 40 millions de dinars à pourvoir ! Le Snapest, dont le coordinateur national Meziane Meriane a animé hier à Alger une conférence de presse, conteste le mode d’élection des commissions nationales et de wilaya chargées de la gestion des œuvres sociales, tel que proposé par le ministère de tutelle.
Pour Meziane Meriane, son syndicat qui est loin d’approuver l’option du ministère de l’Education, défend mordicus le mode selon lequel la gestion des œuvres sociales doit être laissée au libre arbitre des travailleurs du secteur qui pourront se prononcer librement sur l’usage de leur argent. Lequel mode de scrutin est identique à celui adopté du temps où la Centrale syndicale (UGTA) avait la mainmise sur la gestion de l’argent des travailleurs. «Nous sommes en faveur d’une gestion décentralisée des œuvres sociales au niveau de chaque établissement», a insisté Meriane. Le coordinateur du Snapest regrette par ailleurs que la proposition de son syndicat relative à la mise en place d’une commission de contrôle ait été refusée par le ministère de tutelle. Le conférencier a relevé les irrégularités et fraudes qui risquent d’entacher le vote prévu le 7décembre prochain. Là aussi, le Snapest, qui en faveur d’une élection à double bulletin et à deux urnes, dénonce ce qu’il appelle une fraude «programmée», puisque sur le bulletin 2 l’électeur trouve une liste de noms parmi lesquels il doit choisir, alors qu’aucun nom ne figure sur le premier bulletin.
«Les jeux sont déjà faits. J’appelle l’ensemble des travailleurs de l’Education à faire preuve de vigilance pour avorter toute tentative de fraude qui ne profite en fin de compte qu’aux opportunistes», a-t-il averti. Par ailleurs, le même syndicaliste a plaidé pour la mise en place d’une commission d’enquête sur la gestion précédente (du temps du l’UGTA) de l’argent des œuvres sociales que la tutelle, dit-il, veut blanchir de toute poursuite. De son côté, le Syndicat national des travailleurs de l’éducation (Snte) a dénoncé, dans un communiqué rendu public, ce qu’il appelle le retour à l’ancienne bureaucratie, allusion faite à la gestion, par le passé, de ces œuvres par l’UGTA. «Nul n’est en droit de marchander les biens des œuvres sociales, encore moins s’en accaparer pour se porter garant de leur sauvegarde», lit-on dans ce communiqué. Le Snte, qui n’approuve pas également l’option du ministère, cautionnée par l’Unpef et le Cnapest, considère à tort que le pluralisme syndical est une autre forme de centralisation des œuvres sociales. «La gestion des œuvres sociales et le pluralisme syndical ne font pas bon ménage», croit-on savoir.
A noter, d’autre part, que le mode d’élection des commissions nationales et de wilaya chargées de la gestion des œuvres sociales dans le secteur de l’Education, tel que proposé par le ministère de tutelle est approuvé par deux syndicats favorables à cette option, à savoir et le Cnapest et l’Unpef. Ce dernier propose un vote à double bulletin mais avec une seule urne. De son côté, le Conseil des lycées d’Algérie (CLA) remet en cause l’ensemble du système de gestion de l’UGTA qui risque de se reproduire. Le porte-parole du CLA, Idir Achour, a réaffirmé son opposition à l’option des commissions nationales et de wilaya, invoquant la difficulté de les contrôler.
Par Yazid Madi