Situation politique en Algérie: Des opposants à Paris tirent la sonnette d’alarme

Situation politique en Algérie: Des opposants à Paris tirent la sonnette d’alarme

d-des-opposants-a-paris-tirent-la-sonnette-dalarme-5ff86.jpgUn florilège de métaphores originales et cinglantes a été utilisé samedi dernier à Paris par des opposants algériens pour décrire la situation désastreuse du pays sur le plan politique et économique et alerter sur un probable chaos. Le chef du parti Jil Jadid, Soufiane Djilali, l’ancien ministre, Ali Benouari, et Samy Oussedik, responsable du groupe de réflexion Ibtikar, ont illustré leur propos, tour à tour, en faisant référence soit à un ascenseur dont les câbles ont été sciés, soit à un mur face auquel l’Algérie se trouve, ou encore à une prison dont il faut casser les barreaux. Devant un auditoire assez nombreux, les conférenciers ont mis l’accent sur la politique de fuite en avant du régime actuel, engagé dans une opération de prédation effrénée, tout en prenant le soin de désarticuler complètement le fonctionnement des institutions et de verrouiller la société.

Ali Benouari a assimilé les tenants du régime à “une bande de gangsters”. “Une fois le casse commis, ils font tout pour se protéger des bandes rivales, c’est-à-dire l’opposition, en employant la brutalité”, a-t-il imagé. Ancien ministre du Budget (1991-1992) dans le gouvernement Ghozali, il estime qu’il est naïf de croire encore que le régime peut se réformer de l’intérieur. “Les solutions qu’ils nous proposent sont celles d’avant-hier.” Pis, si d’après lui, les Algériens étaient déjà confrontés à un pouvoir violent, celui-ci l’est encore plus aujourd’hui. Soufiane Djilali a abondé dans le même sens en pointant le doigt sur les dérives totalitaires du régime, qui ciblent ses contradicteurs, journalistes, syndicalistes, opposition politique et maintenant militaires à la retraite. “Lorsque la force ne donne pas de résultats, on utilise plus de force”, a-t-il fait remarquer.

Le recours au bâton s’explique, selon Samy Oussedik, par la détérioration de la situation économique qui empêche le régime d’acheter la paix sociale.

En revanche, celui-ci pour se maintenir s’emploie, d’après l’analyste, à élargir ses réseaux clientélistes. Sauf que ces groupes de prédation n’arrêtent pas de grossir, se livrant une bataille acharnée, pour accaparer la cagnotte. Pour le coordinateur d’Ibtikar, la guerre de succession actuellement en Algérie se résume en ceci : “Il y a un gâteau qui se rétrécit et plus de convives autour de la table.” Ces comportements, selon lui, sont encouragés par la faillite du pouvoir présidentiel. “Nous avons plus a faire à un hologramme qu’à un chef d’État”, a déploré M. Oussedik. Soufiane Djilali élargit cette situation de débandade à l’ensemble de l’État, annonçant les prémices d’un délabrement par pans entiers. “Nous assistons à un effondrement économique aussi. Les revenus ont baissé de moitié. Si rien n’est fait, il n’y aura plus rien dans la cagnotte d’ici 2018”, a-t-il prévenu.

La fin de la distribution de la rente détonera éventuellement la poudrière sociale mais risque de plonger tout le pays dans une ère d’incertitude. Pour prévenir un saut vers l’inconnu, Ali Benouari a estimé qu’il est impératif d’engager des réformes, tout en posant des préalables, qui concernent avant tout une rupture totale avec le régime actuel.

Pour sa part, Samy Ousedik estime qu’il est important de “remettre l’intelligence au sein de l’état”, faire en sorte que le système judiciaire gagne du crédit, et sur un tout autre plan, préparer une nouvelle génération d’Algériens qui ont espoir en leur pays et peuvent faire des choses pour lui. “Actuellement, les jeunes s’offrent deux options d’avenir uniquement : la harga ou le gain facile. Il faut leur donner une espérance, un projet”, a souligné le responsable d’Ibtikar en faisant remarquer que 21 millions d’Algériens sont nés après 1990.