Selon le professeur Chems Eddine Chitour : Un mix énergétique à 50% économiserait jusqu’à 88 milliards de dollars d’ici à 2030

Selon le professeur Chems Eddine Chitour : Un mix énergétique à 50% économiserait jusqu’à 88 milliards de dollars d’ici à 2030

Une première. Un mix énergétique à 50% en Algérie qui permettra d’économiser jusqu’à 88 milliards de dollars d’ici à 2030, a été présenté, hier, par des élèves-ingénieurs de l’Ecole nationale polytechnique d’Alger (ENP), encadrés par le professeur Chems Eddine Chitour, rapporte l’APS. Le modèle énergétique a pour base de travail la rationalisation de l’eau, les 3R (récupération, recyclage et réutilisation des déchets), voire les 4R (+ réduction), le traitement des eaux usées, l’exploitation des forêts, la mobilité électrique…

Une première. Un mix énergétique à 50% en Algérie qui permettra d’économiser jusqu’à 88 milliards de dollars d’ici à 2030, a été présenté, hier, par des élèves-ingénieurs de l’Ecole nationale polytechnique d’Alger (ENP), encadrés par le professeur Chems Eddine Chitour, rapporte l’APS. Le modèle énergétique a pour base de travail la rationalisation de l’eau, les 3R (récupération, recyclage et réutilisation des déchets), voire les 4R (+ réduction), le traitement des eaux usées, l’exploitation des forêts, la mobilité électrique…

Pour illustrer les projections de ces élèves, le Pr. Chitour, qui est également expert-consultant en énergie, dira : «On peut imaginer des villes nouvelles au Sahara avec de l’eau et de l’énergie permettant les activités agricoles, une transsaharienne du rail et des camions électriques.» Le gain en matière de gaz naturel serait de 15,6 à 35,1 milliards de m3 en 2030. Au total, sur les 12 ans à venir, le gain serait entre 109 et 246 milliards de m3, soit 39 à 88 milliards de dollars, ajoutera-t-il. De plus, 6,3 milliards de litres d’essence peuvent être économisés avec l’introduction du Gaz de pétrole lubrifié (GPL) et un million de voitures électriques. Quant à l’exploitation des produits de la forêt, elle permet d’économiser 400 000 Tep (Tonne équivalent pétrole) par an ou encore 3 millions de barils de pétrole par an, selon les estimations du professeur. «Tout devrait être récupéré, recyclé […]. C’est une transition vers le développement humain durable qui repose sur une stratégie énergétique qui devra être flexible et constamment adaptable […]. Cette nouvelle vision, si elle est bien expliquée au citoyen, serait féconde», explique l’expert Chitour qui plaidera également pour une adaptation de la politique de l’éducation pour réaliser ces objectifs. «Nous devons prendre le train du progrès en formant, à l’école l’éco-citoyen de demain puis en mettant en place un Bac du développement durable et en invitant les nouveaux métiers du développement humain durable dans la formation professionnelle et à l’université», recommandera-t-il. «Nous avons une fenêtre de quelques années pour pouvoir mettre en œuvre une politique volontariste basée sur une sobriété énergétique», alerte le Pr. Chitour qui voit la solution dans la diminution de l’intensité énergétique (consommer moins en consommant mieux), le développement des Energies nouvelles et renouvelables (EnR) et la mobilité électrique qui remplacera graduellement la mobilité thermique, et l’application graduelle des prix réels de l’énergie.

Le ministre de l’Energie, Noureddine Bouterfa, qui était présent à cette journée, ira dans le même sens. «Il faut intégrer la donne de l’efficacité énergétique […]. Si l’on fait du renouvelable mais en consommant mal, on ne fait qu’aggraver notre situation», dira-t-il. Selon le ministre, qui a occupé auparavant le poste de P-dg de Sonelgaz, l’abondance de l’énergie primaire et son prix plus qu’abordable, car subventionné par l’Etat, ont été les premiers freins pour la socialisation de l’efficacité énergétique durant les années précédentes. Mais la donne a changé et les indicateurs énergétiques prévus pour l’année 2030 imposent désormais la nécessité de parvenir à cette amélioration et rationalisation de l’usage de l’énergie. Quant aux EnR, les capacités de production installées pourront atteindre «raisonnablement» en 2030 les 12 000 mégawatts contre près de 500 mégawatts actuellement, a indique le ministre. «On sera encore loin […], d’où la nécessité d’attaquer les secteurs énergivores tels que les transports et l’habitat», a préconisé M. Bouterfa soulignant que ces 12 000 mégawatts d’origine renouvelable correspondent à 25 térawatt/heure seulement alors que la consommation nationale de électricité va atteindre 166 térawatt/heure en 2030 (contre 70 térawatt/heure en 2015 et 25 térawatt/heure en 2000). Commentant le projet du modèle énergétique à 50% durable en Algérie des élèves-ingénieurs de l’ENP, M. Bouterfa a estimé qu’il s’agit d’un «bel objectif» permettant de projeter l’image du modèle énergétique que donnera Algérie à l’avenir. Toutefois, cette transformation nécessite des ressources financières importantes a noté le ministre ajoutant que les besoins d’investissements dans les secteurs de l’électricité et des hydrocarbures pour la période 2020-2025 avoisinent les 90 milliards de dollars «Il faut trouver d’autres ressources, ne pas compter que sur le secteur des hydrocarbures et réfléchir sur les transformations à apporter à notre économie pour faire en sorte que notre avenir soit vert à 50%», a-t-il soutenu.