Sellal : « L’avenir est dans l’agriculture »

Sellal : « L’avenir est dans l’agriculture »

À chaque visite du Premier ministre dans une wilaya, sa rencontre avec la société civile se veut un moment de dialogue et d’échange sincère.

Celle qui a eu lieu jeudi en fin d’après- midi à l’université de M’sila n’a pas failli à la règle. Au-delà de ses réponses à des préoccupations et aux attentes exprimées durant plus de deux heures, les éclairages de M. Sellal se voulaient un regard sur la situation du pays et les perspectives d’avenir de la wilaya. Il a, comme toujours, beaucoup parlé d’agriculture. « L’avenir est là et pas ailleurs, à condition de moderniser ce secteur qui manque de main-d’œuvre », dit-il. Il est vrai qu’à l’instar de nombreuses wilayas des Hauts-Plateaux et du Sud, les rendements, en matière de fruits, de céréales ou de légumes, ont connu depuis quelques années des hausses remarquables. M’sila n’échappe pas à la règle avec un périmètre, « El Maader », près de Boussaâda, qui « pourra faire vivre toute l’Algérie », estime le Premier ministre. La carotte et les aubergines blanches produites dans la région ont déjà acquis une réputation nationale. D’aucuns ont même suggéré la construction de conserveries pour prendre en charge l’excédent de production. La superficie agricole utile est passée, dans cette wilaya, de 269.711 ha en 1991 à près de 300.000 ha. Selon M. Sellal, « le pays doit davantage mobiliser la ressource hydrique pour augmenter les surfaces irriguées ». Le Premier ministre a évoqué ensuite l’industrie dont la part dans le Pib a chuté, « passant de 15% dans les années 70 à moins de 4,5% ». S’adressant à l’assistance, il rassure que « le gouvernement, par une décision politique, a décidé de relancer l’industrie ». Il a appelé à cet effet à la création d’une nouvelle zone industrielle à Msila et d’une autre à Boussaâda. Le soutien de l’Etat aux investisseurs privés ou publics est assuré.

Faire de Boussaâda un grand pôle touristique

Le troisième axe de développement passe par le tourisme dont Boussaâda fut un des fleurons. « Nous ne pouvons plus continuer à vivre en se refermant sur nous-mêmes », lance-t-il. La région compte beaucoup de lieux touristiques (la qalaa des Beni Hamed, le moulin Ferrero, Zaouia El Hamel, la médina de Boussaâda) qui peuvent et doivent, selon M. Sellal, être valorisés. On pourrait même développer des activités liées au tournage de films. Beaucoup de cinéastes étaient attirés par la qualité exceptionnelle de la lumière de Boussaâda. Abdelmalek Sellal a surtout expliqué comment M’sila s’intègrera dans un vaste schéma d’aménagement du territoire. Ses problèmes d’AEP seront réglés avec des transferts d’eau des barrages Koudiat Acerdoun pour la partie ouest (Aïn Lahdjel, Sidi Aïssa) et Ighil Emda, Erraguene pour la partie ouest. « Quant aux communes du sud comme Aïn Erriche, elles seront alimentées par la nappe albienne du Grand Sud qui desservira aussi Djelfa », a-t-il expliqué. Avec les projets de liaison ferroviaire et les liaisons avec l’autoroute Est-Ouest et les rocades des Haut-Plateaux, M’sila est appelée à se développer. Sa situation géographique en fait un espace privilégié dans la stratégie nationale de relance économique. En attendant, les habitants, dont des femmes, n’ont pas hésité à égrener leurs frustrations, à exprimer parfois leur colère. Le gaz manque dans la dizaine de communes montagneuses du nord (Ounnougha, Beni Ilmane…). Certains quartiers de la ville sont démunis des commodités les plus élémentaires. L’état de l’hôpital Ezzahri a été déploré par les intervenants qui ont par ailleurs plaidé pour doter la ville d’une ligne de tramway et d’une faculté de médecine. Le Premier ministre a annoncé un programme complémentaire de plus de 30 milliards DA destiné notamment au développement de l’industrie, l’agriculture et de l’hydraulique à M’sila. Ce programme complémentaire devra, selon lui, permettre l’accélération de la cadence de développement de la région qui s’est lancée dans un vaste plan de formation et de requalification de ses ressources humaines. « Nous ne pouvons construire des tramways dans toutes les villes. L’argent dont dispose le pays doit aller vers des projets productifs qui permettront de créer de l’emploi et de relancer l’appareil de production », explique-t-il. Sur un plan beaucoup plus large, le Premier ministre a réaffirmé qu’il n’y aura pas de retour sur la règle du 51/49, le soutien des prix de première nécessité et la justice sociale. Il a minimisé le conflit de Bordj Badji Mokhtar qui « n’a pas dépassé un caractère tribal ». Il a réaffirmé que « l’Algérie ne se mêle pas des affaires des voisins mais saura se défendre et déferrera devant ses juridictions ceux qui attentent à la sécurité de ses citoyens ».

H. Rachid