Bien que remaniée, notamment dans sa composante défensive, l’équipe nationale, qui descendait de la montagne suisse pour y disputer son premier match de préparation, est apparue très tendre hier soir à Dublin
Certes, les plus chauvins diront que l’EN était handicapée par les absences de plusieurs cadres. Toujours est-il que l’entraîneur national Rabah Saâdane en rajouta une couche en commettant des erreurs de coaching qui ont été merveilleusement exploitées par des Irlandais qui n’en demandaient pas autant.
Là, nous pensons à l’organisation défensive. Que pouvait-on demander à des défenseurs qui paraissaient perdus sur le terrain ?
Halliche a fini par céder
Au coup d’envoi, après un semblant de domination dans le jeu, les Verts montraient toutefois des signes de passivité en défense, avec un axe central new-look, composé de Halliche et Bellaïd, et des latéraux inédits Guedioura à droite et Mesbah sur l’autre couloir. D’emblée, on remarquera les difficultés éprouvées par Adlène Guedioura, joueur axial par excellence, le sociétaire de Wolverhampton, paraissait perdu dans un poste inhabituel pour lui (arrière droit).
D’ailleurs, il partagera la responsabilité sur le deuxième but irlandais avec Chaouchi, auteur d’une belle bourde. Le positionnement de Guedioura, qui est en plus de forte corpulence, nous laissera perplexes, un choix plus que discutable.
Que dire à gauche avec Djamel Mesbah qui ne pouvait pas manœuvrer sur son couloir comme il le voulait, puisqu’une fois dans la moitié du terrain, il était obligé de laisser la balle à Nadir Belhadj qui souffla le chaud et le froid durant la période pendant laquelle il a été sur le terrain.
La même remarque est valable pour Habib Bellaïd qui démarra timidement la partie, le manque de repères lui a été souvent fatal, heureusement qu’à ses côtés, Rafik Halliche veillait au grain.
Néanmoins, au bout d’une heure de jeu, ce dernier baissa de régime, ce qui est logique, car d’un côté, il y avait une attaque irlandaise emmenée par ce diable de Robbie Keane qui poussait, et en face d’elle, une défense souvent dépassée, d’où un certain déséquilibre qui profita aux hommes de Giovanni Trapattoni
Docteur, l’EN va mal
Dans le naufrage de Dublin, ce ne sont pas uniquement les défenseurs qui sont à blâmer pour leur performance, il faut souligner ce manque de coordination entre les joueurs du milieu et l’attaque.
Combien de fois Karim Ziani avait de l’essence dans la chaussette (fraîcheur physique) pour donner des ballons sur le dos des défenseurs irlandais qui furent hélas mal exploités par notre duo d’attaque un peu timoré, voire lente dans ses mouvements.
Paradoxalement, Ghezzal et Djebbour avaient du mal à s’extirper du rugueux marquage des défenseurs irlandais, non pas parce que ces derniers sont forts, mais en raison du manque de vivacité de nos deux attaquants.
Dommage, car avec l’excellent début de match de Ziani, il y avait possibilité de marquer, ne serait-ce qu’un but, nous le regretterons amèrement lorsque Ryad Boudebouz et Djamel Abdoun firent leur entrée en seconde mi-temps. Là, on se pose une question, pourquoi le coach national tarda à faire des changements rendus inéluctables par le cours des événements, alors que Boudebouz déstabilisa par ses dribbles les défenseurs de l’Eire, Abdoun, qui a tendance à jouer dans la profondeur, fit une entrée jugée satisfaisante. Le moins que l’on puisse dire est que les dernières sorties de l’EN n’inspirent guère à l’optimisme.
Figurez-vous que depuis le début de l’année 2010, en huit matches disputés (six pendant la CAN auxquels il faut ajouter deux matches amicaux face à la Serbie et l’Eire), notre défense encaissa 16 buts, et parallèlement, l’attaque se montra moins prolifique en inscrivant que 4 réalisations. Une statistique effrayante à l’approche d’une compétition de grande envergure telle que le Mondial.
Va-t-on à chaque fois accorder des circonstances atténuantes (arbitrage, pelouse du 5-Juillet, blessures…) ? Non, il est temps de faire une analyse logique et penser à corriger les lacunes que seul Rabah Saâdane n’a pas vues pour l’heure
M. S.
Le coach s’explique: «Il reste beaucoup de choses à faire en très peu de temps»
– Vous avez affirmé avant la rencontre que le résultat importe peu pour vous, croyez-vous que les objectifs recherchés à travers cette rencontre ont été atteints ?
– Comme je l’ai déclaré auparavant, on a enregistré l’absence de quelques titulaires, surtout au niveau de la défense et particulièrement dans l’axe. Avec l’indisponibilité de Bougherra et Antar, j’ai dit que je ne prendrai aucun risque. Les choses étaient donc claires. J’ai fait une évaluation individuelle concernant les joueurs qui jouent pour la première fois avec l’équipe nationale et une évaluation collective.
Sur le plan collectif, les joueurs ont donné le maximum durant ce match et cela malgré la lourde défaite concédée ce soir. Chacun a fait de son mieux. Il nous reste beaucoup de choses à parfaire, notamment sur le plan offensif, en peu de temps, vu que la Coupe du monde approche.
– Comment expliquez-vous ce manque d’inefficacité ?
– Ecoutez, l’équipe d’Irlande a sa place en Coupe du monde. C’est un grand client que nous avons affronté aujourd’hui. Par sa cohésion et son organisation défensive, elle ne nous a pas permis de développer un jeu plus offensif et plus efficace.
Nous sommes en apprentissage et nous essayerons d’apprendre l’essentiel dans les 15 jours restants pour le Mondial. Je le redis encore une fois, le fait de prendre part au championnat du monde est une bonne chose, et c’est un apprentissage pour tous les joueurs qui iront en Afrique du Sud.
– Quelle appréciation faites-vous sur les joueurs, notamment les nouveaux ?
– Je laisse le soin à chacun d’entre vous de faire l’évaluation de chaque joueur. Le plus important pour moi était d’avoir une idée sur le groupe. Je ne rentrerai pas dans les détails. On va revoir la cassette du match et l’étudier ensemble pour progresser.
Nous avons une marge de progression et nous tâcherons de rectifier le tir. Nous tenterons aussi d’améliorer certains aspects sur le plan individuel, notamment sur le plan collectif pour bien préparer le premier match de la Coupe du monde.
– En Afrique du Sud, vous allez affronter l’équipe d’Angleterre qui est plus forte que celle de l’Irlande, est-ce le résultat de ce soir vous préoccupe à quelques jours du Mondial ?
– C’est un match qui est survenu juste après un stage de 15 jours effectué en altitude à Crans-Montana. En plus, on a enregistré plusieurs absents qui vont revenir à la fin du mois. Il faut donc bien situer les conditions dans lesquelles s’est déroulé le match. Je sais bien que l’équipe d’Angleterre est encore plus difficile que celle de l’Irlande, elle est considérée comme l’un des favoris de la Coupe du monde, mais mon objectif principal est le premier match face à la Slovénie. Après, on reparlera de l’Angleterre.
– Ne pensez-vous pas que les joueurs ont été trop prudents pour éviter de se blesser à moins de deux semaines du coup d’envoi du Mondial ?
– Non, je ne pense pas. Mes joueurs ont donné le meilleur d’eux-mêmes. On a composé l’équipe avec ceux qui sont en forme actuellement. On sort avec un joueur de champ et trois gardiens de but. On a joué donc sans se donner à fond. Nous avons des lacunes et je pense que le match de ce soir est un très bon test pour arriver à bord. C’est une bonne leçon pour nous et c’est dans la difficulté qu’on va rebondir.
– Etes-vous inquiet après cette lourde défaite ?
– Je ne suis pas inquiet pour mon équipe.
– L’équipe nationale s’est inclinée par trois à zéro devant le Serbie au mois de mars dernier, est-ce le trois à zéro de ce soir est meilleur que celui du mois de mars ?
– J’ai déjà dit avant le match que le résultat importe peu pour moi. Ce qui m’intéresse, c’est la prestation de mon équipe sur le terrain.
– Vous avez essayé de nouveaux joueurs, vous avez aligné Guedioura au poste d’arrière droit dans lequel il n’a pas l’habitude de jouer et Belhadj au milieu gauche, pensez-vous que Nadir est meilleur à ce poste qu’à celui du poste d’arrière gauche ?
– Nous avons joué avec les moyens de bord. Les choses sont claires, je crois. Je remercie Guedioura d’avoir accepté de nous dépanner à ce poste. Il a été bien gentil de le faire. Il pourrait donc être une solution si la situation l’exige bien sûr.
A. H. A.
Les blessés de retour le 31
Le forfait pour cause de blessures de certains joueurs, à l’image de Bougherra, Yebda, Antar Yahia et Matmour, contre l’Irlande, a donné l’occasion au sélectionneur national de faire jouer les nouveaux « capés » tels Mbolhi Raïs Wahab (Slavia Sofia/Bulgarie), Bellaïd Habib (Boulogne-sur-Mer/France), Mesbah Djamel (Lecce/Italie), Adlène Guedioura (Wolverhampton-Angleterre), Ryad Boudebouz (FC Sochaux/France) et Kadir Fouad (Valenciennes/France). Le retour des blessés est attendu pour le 31 mai prochain. Ils doivent être prêts pour le stage de Nuremberg.