C’est un véritable SOS qu’ont lancé, hier, les producteurs et les grossistes en céréales, ainsi que les éleveurs de bétail et de volaille des wilayas de Béjaïa, de Jijel et de Bordj Bou-Arréridj. Leurs représentants se sont présentés, hier, au bureau de Liberté de Béjaïa, pour tirer la sonnette d’alarme. Ils ont assuré, l’air catastrophé, qu’ils sont désormais, pour certains d’entre eux, “en rupture de stock”. Et que les éleveurs ne sont plus en mesure de couvrir les besoins alimentaires de leur cheptel bovin, ovin, caprin, etc. “Aujourd’hui, nous sommes en crise”, a indiqué M. Ziani, un important grossiste dans la wilaya de Béjaïa, qui alimente les aviculteurs de plusieurs wilayas de l’Est, qui citera l’exemple de cet exploitant de 700 000 poulettes, qui, lui, a lancé : “Aidez-moi. Je risque de tout perdre.” Son problème ? Il n’a rien en stock pour venir en aide à cet aviculteur de Béjaïa. “Des demandes de ce genre, j’en reçois tous les jours. Mais je n’ai rien à leur proposer, malheureusement”, a-t-il regretté. La même situation est vécue par Farid Chikhi, vétérinaire et exploitant de 35 000 poules pondeuses dans la wilaya de Jijel. “Je peux tenir jusqu’à dimanche. Je suis en rupture de stock”, indiquera-t-il avec beaucoup de dépit. “Moi, je m’approvisionne ici à Béjaïa, et cela, depuis plus d’une décennie. Je n’ai jamais eu de problème jusqu’à maintenant. Les autorités doivent trouver une solution à cette situation qui risque de mettre cette filière en difficulté.” La filière avicole est en danger, confirmera M. Ziani, qui se fait pour l’occasion le porte-parole des aviculteurs, mais aussi des anciens importateurs auprès desquels il s’approvisionnait jusqu’à présent. Il insiste sur cette pénurie de l’aliment du bétail et de volaille. “On s’achemine vers une pénurie totale si rien n’est fait pour réapprovisionner rapidement et suffisamment le marché”, a-t-il dit, affirmant que certains, parmi eux, ne peuvent lancer de reproduction de leur cheptel et que d’autres s’apprêtent à brader le leur. D’où leur appel aux pouvoirs publics pour réagir sans délai et faire face à cette crise sans précédent que vit présentement la filière avicole — et pas seulement — qui risque de disparaître. Et d’engendrer ainsi un autre lot de problèmes, comme le chômage pour des centaines de milliers de familles, le surenchérissement des prix des viandes blanches et, partant, des viandes rouges, du poisson, etc. La situation est jugée franchement catastrophique. Nos interlocuteurs avaient rappelé qu’ils étaient une quinzaine de grands importateurs qui avaient leurs tuyaux et des conseillers. Ils importaient des pays d’Amérique latine, essentiellement du Brésil et d’Argentine. Ils achetaient au moment opportun et au plus bas prix possible. Et, avec des capacités de déchargement et de stockage importantes. Avec l’instauration du système des licences, le ministère du Commerce a délivré quelque 167 licences d’importation de fourrage et d’aliments du bétail et de volaille, sur 228 demandes examinées. Le quota de 4 millions de tonnes a été, certes, maintenu. Et en le répartissant sur les 167 nouveaux importateurs, ces derniers auront du mal, a-t-on expliqué, à négocier les prix. Sans grands moyens financiers, ces importateurs ne sont pas du domaine, selon nos interlocuteurs qui craignent que les délais de déchargement des bateaux soient prolongés. Ce qui les exposerait à des surestaries qui vont, inévitablement, impacter les prix. C’est d’ailleurs présentement le cas. Au lieu de réduire le prix de ces produits, déplorent-ils, on risque de les voir augmenter de 20% au minimum. Ce qui va se répercuter sur les prix au niveau des grossistes, des transformateurs, des éleveurs et, in fine, sur le consommateur.
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