Après maintes tentatives malheureuses, trois finales consécutives perdues contre Rafael Nadal, Roger Federer a enfin triomphé à Roland-Garros.
Sur cette terre battue longtemps maudite, le Suisse a écrit en ce dimanche de fête des mères, lui le futur père de famille, la ligne qui manquait à son riche palmarès, celle qu’il lui fallait pour parachever son chef-d’oeuvre, sans parler là d’un point final.
Sorte de dieu vivant du tennis, Federer, quintuple vainqueur à Wimbledon et l’US Open, triple lauréat en Australie, a été chercher sa quatorzième couronne à Paris, égalant ainsi le recordman en la matière Pete Sampras, qui jamais durant sa carrière n’avait réussi à dompter cette terre battue si capricieuse avec certains des plus grands champions.
Dimanche, devant un public ayant pris fait et cause pour lui, bien conscient que l’histoire était en marche, Federer, 28 ans et tout son talent, a aussi rejoint cinq de ses illustres prédécesseurs : Donald Budge, Fred Perry, Roy Emerson, Rod Laver et Andre Agassi, les seuls avant lui à s’être imposés dans chacune des quatre levées du Grand Chelem.
Et quel clin d’oeil de l’histoire, dans un moment d’émotion immense, quand Agassi, désigné cette année pour remettre au vainqueur la coupe des Mousquetaires, lui transmettait ce trophée de toutes les obsessions pour un Suisse qui, un an plus tôt, pleurait toutes les larmes de son corps sur ce même court après avoir été terrassé en finale par Rafael Nadal.
Federer: « C’est un rêve »
Cette finale, la dix-neuvième du nom pour Federer en Grand Chelem (record d’Ivan Lendl égalé), la première pour son adversaire Robin Söderling, le n°2 mondial l’a maîtrisée d’une main de maître.
Forcément sous pression, face au poids de l’histoire mais pour une fois privé en finale de son meilleur ennemi Rafael Nadal, bouté dehors au quatrième tour par son adversaire du jour, le Suisse a commencé par livrer un récital de 23 minutes.
Exactement le temps qu’il lui a suffi pour empocher un premier set à sens unique (6-1). En état de grâce, variant son jeu à la perfection, celui qui fut n°1 mondial plus de quatre années entre 2004 et 2008 dictait sa loi devant une assistance subjuguée par tant d’aisance.
Paralysé par l’enjeu, asphyxié par le rythme des premiers échanges, le viking de Tibro, dépassé, accusait le coup. Avant de, peu à peu, relever la tête.
Après qu’un perturbateur soit venu, au quatrième jeu de la deuxième manche, se poser sur le court comme un cheveu sur la soupe, maillot suisse sur les épaules mais drapeau du FC Barcelone à la main, avant d’être sorti de l’arène manu militari, le Scandinave retrouvait de l’efficacité au service comme en coup droit, et poussait le Bâlois jusqu’au jeu décisif.
Dans ce moment clé, alors que la pluie redoublait sur la Porte d’Auteuil, le Suisse ressortait le grand jeu. Phénoménal au service, avec quatre aces à la clé, il pliait l’affaire 7 points à 1 pour se retrouver pour la première fois de sa vie à un set de remporter Roland-Garros (7-6).
Imbattable en Grand Chelem lorsqu’il possède une avance de deux sets à rien, 138 victoires pour zéro défaite, il entamait le troisième et dernier chapitre du match par un break réalisé d’entrée.
Une avance qu’il gardait jusqu’à la conclusion, malgré une balle de 5-5 écartée dans le dernier jeu, avant de tomber à genoux sur l’ocre humide du Central (6-4).
Les larmes de tristesse versées sur ce court l’an dernier ont alors fait place à des gouttes d’allégresse et au plus beau sourire du nouveau roi de la terre Roland-Garros. « C’est incroyable !, s’exclamait-il la voix chargée d’émotions.
Söderling a fait un tournoi exceptionnel aussi, ce n’était pas facile. Le public a aussi été incroyable. Sans eux c’est impossible. Merci beaucoup à tous ceux qui m’ont soutenu.
Cela me réjouit déjà pour l’an prochain, mais avant je veux penser à aujourd’hui, c’est un rêve. » Un rêve devenu réalité monsieur Federer.