«Au départ, on n’avait pas évoqué l’opération, mais j’avais dit à Meghni que si ça n’allait pas marcher au bout de quelques séances de rééducation, il fallait passer à l’opération»
«Le forfait de Meghni m’a surpris, car on avait cru qu’il allait enfin s’en remettre, surtout qu’il tenait beaucoup à jouer cette Coupe du monde»
Spécialiste en médecine de biologie de sport, le docteur Robert Cohen, qui exerce au centre de réadaptation physique à Saint-Raphaël, a bien voulu nous parler du cas Meghni. Il avance que la blessure de Meghni était très compliquée. Il dira aussi que s’il avait été opéré à temps, il aurait pu avoir des chances de jouer le Mondial.
Bonjour docteur, je vous appelle d’Alger, je suis journaliste du journal Le Buteur, pouvez-vous nous accorder quelques minutes de votre temps ?
Oui, bonjour, pas de problème, je suis à votre disposition. Seulement, j’aimerais savoir quel est l’objet de votre appel ?
Voilà, c’est à propos d’un joueur algérien que vous avez soigné récemment d’une blessure au genou…
(Il nous coupe) Oui, c’est à propos de Mourad (ndlr : Meghni) qui ne sera pas du voyage pour le Mondial. Je suis désolé pour lui, je l’ai su hier (entretien réalisé hier après-midi) sur l’équipe.fr.
Quelle est votre réaction ?
Pour tout vous dire, je suis vraiment surpris, car on avait trop cru qu’il allait enfin se remettre et pouvoir jouer la Coupe du monde.
Mourad tenait beaucoup à participer avec ses camarades au Mondial. Dommage et pour le joueur et pour l’Algérie
Pouvez-vous revenir sur cette blessure qui vient priver Mourad Meghni du prochain Mondial ?
En fait, je suis un peu surpris par cette décision, car il y a un mois et demi ou deux, je l’avais laissé plutôt bien. Je veux dire que ses chances de guérir restaient bien réelles.
Il est resté au Saint-Raphaël deux semaines pour soigner cette tendinite rotulienne, ensuite, il est reparti. J’ai su aussi qu’il est allé au Qatar chez le docteur Chalabi pour suivre une rééducation fonctionnelle pour éviter l’opération. Apparemment, ça n’a pas marché puisqu’on l’annonce forfait pour la Coupe du monde.
Justement, on a appris qu’au niveau de votre service, on avait conseillé à Mourad de passer sur le billard pour se débarrasser définitivement de ce problème au genou ; est-ce vrai ?
Je ne peux vous confirmer cette information. Je sais qu’au départ, on n’avait pas évoqué la solution de l’intervention chirurgicale.
Seulement, j’ai dit à Meghni que si cela n’allait pas trop bien au bout de quelques séances de rééducation, il fallait bien passer à l’opération. Cette blessure est compliquée, mais procéder à une rééducation fonctionnelle était aussi une option à prendre.
Vous ne croyez pas que ce joueur est victime d’un mauvais diagnostic des médecins ?
Je ne crois pas que cela soit le cas. Vous savez, lorsque le docteur Rolland me l’avait adressé, il m’a demandé de lui prescrire un traitement suivi d’une rééducation pour le remettre sur pied.
En plus, en médecine, on ne peut jamais être sûr de rien, surtout que cette blessure est très capricieuse, donc pas facile à gérer.
Certains disent que le docteur Guillaud lui aurait signifié qu’il valait mieux pour lui d’être opéré.
Ecoutez, au risque de me répéter, on lui a bien dit que si la rééducation n’allait pas marcher, il fallait passer à l’opération. Et puis, tenez par exemple Bougherra qui avait une blessure grave au genou et qu’on a pu remettre sur pied en lui prescrivant un traitement spécial qui lui a permis de jouer les derniers matchs éliminatoires pour la Coupe du monde.
Peut-on dire que les soins prodigués au Qatar n’ont finalement servi à rien ?
Je ne peux pas avancer une chose pareille, surtout qu’il y a d’autres joueurs algériens qui sont passés par cet établissement hospitalier et qui sont à présent remis de leurs blessures.
Peut-être que pour Mourad ça n’a pas marché, un point c’est tout. Comme je l’ai déjà dit, sa blessure n’est pas simple.
Si on avait pris la décision de l’opérer au mois de février, Meghni aurait pu être d’attaque pour le Mondial…
Je ne peux pas être affirmatif à cent pour cent, mais je vais dire que ça aurait été juste limite. Quatre mois auraient, en effet, pu suffire pour le remettre sur pied. Je veux dire qu’il aurait eu plus de chances de disputer le Mondial.
Maintenant que l’intervention chirurgicale est inévitable, vous ne croyez pas qu’on a mis du temps à se fixer sur son cas ?
Je ne sais quoi vous dire franchement. Si on avait pris cette décision, c’est qu’il avait bien des chances de guérir. Malheureusement, ce n’est pas le cas pour Mourad qui j’espère va vite surmonter cette déception. Mourad, je le connais depuis longtemps, je l’ai déjà soigné d’une pubalgie. Je sais qu’il est très intelligent et bien courageux pour pouvoir s’en remettre. J’ai eu à traiter plusieurs joueurs algériens, à l’instar de Bougherra et Yacine Bezzaz.
Puisque vous abordez Bezzaz, ce joueur est-il hors de danger ?
Oui, le plus dur est passé pour Yacine qui s’en remettra rapidement. Il est sérieux et assidu, donc pas de problème.
Est-il vrai que faire jouer Meghni en Coupe du monde aurait constitué un gros risque ?
Oui, si la blessure est aussi grave, on ne doit prendre aucun risque. Maintenant, je sais une chose, cette opération ne doit pas remettre en cause sa carrière. Je peux vous rassurer. Mourad va vite revenir et reprendre de nouveau sa place avec l’équipe d’Algérie.
Un mot pour conclure ?
Je souhaite bonne chance à Mourad Meghni, un bon Mondial à l’Algérie et à la prochain