Remaniement ministériel et crise économique: Une fausse solution à un vrai problème

Remaniement ministériel et crise économique: Une fausse solution à un vrai problème

d-une-fausse-solution-a-un-vrai-probleme-a71e1.jpgPar un certain aspect, le tout récent remaniement a été dicté par le besoin devenu impérieux de corriger les trois erreurs de casting commises lors du remaniement de mai 2015 qui a vu l’arrivée au gouvernement d’Abderrahmane Benkhalfa et Salah Khebri, respectivement ministre des Finances et ministre de l’Énergie.

Par la forme et la proportion qui lui ont été choisies, le remaniement ministériel opéré samedi dernier ne peut prétendre au caractère d’évènement politique majeur, loin s’en faut. Il n’est en rien extraordinaire, encore moins révolutionnaire, à en juger par le nombre et la nature des portefeuilles concernés par le lifting. Par un certain aspect, le tout récent remaniement a été dicté par le besoin devenu impérieux de corriger les trois erreurs de casting commises lors du remaniement de mai 2015 qui a vu l’arrivée au gouvernement d’Abderrahmane Benkhalfa et Salah Khebri, respectivement ministre des Finances et ministre de l’Énergie.

À l’ouvrage, Benkhalfa et Khebri se sont révélés de piètres ministres, l’un faisant preuve de manque de génie, voire de maîtrise de son sujet tout court, et l’autre de difficulté d’adaptation patente. Ceci alors qu’il était attendu de l’un comme de l’autre d’aider sinon à juguler, du moins à atténuer des effets de la crise. Ni l’un ni l’autre n’avait de recette miracle. La crise est toujours là et continue de produire ses effets négatifs, ajoutant au désarroi d’un gouvernement qui continue de naviguer à vue, peinant toujours à trouver les hommes et les instruments devant lui permettre de déterminer un cap. C’est donc la persistance de la crise, voire sa menace d’aggravation, qui a déterminé la nature du remaniement opéré en fin de semaine, essentiellement, pour être précis, le remplacement des ministres des Finances et de l’Énergie. Mais est-ce vraiment la solution ? Très peu d’experts et d’analystes en sont convaincus. Pour les deux autres changements, d’autres considérations ont prévalu.

Il est en effet fort à parier que le débarquement  de Tahar Khaoua, ancien chef de groupe parlementaire FLN à l’APN, n’est pas lié à son bilan d’activité en tant que ministre chargé des Relations avec le Parlement, un portefeuille en rien névralgique, d’ailleurs. Khaoua a compromis sa carrière de ministre dès l’instant où il a eu à l’idée de contredire sur nombre de questions, et publiquement de surcroît, le secrétaire général du FLN, Amar Saâdani, qui a certainement vu dans l’alignement d’un ministre FLN sur le discours du rival Ouyahia une insolence inqualifiable, voire une indiscipline intolérable.

La sanction était prévisible. Elle est tombée, rendue en même temps que celle devant frapper le désormais ex-ministre de l’Agriculture Sid Ahmed Ferroukhi, autre cible du visiblement très écouté Amar Saâdani qui, un jour, sans raison apparente, mais certainement pour des motifs inavoués, s’est mis à réclamer son limogeage. Il apparaît, à travers les cas des deux ministres Ferroukhi et Khaoua, que le remaniement ministériel, quand bien même il a concerné deux départements directement touchés par la crise, ne répond pas à la nécessité de réajustement de l’action de l’Exécutif autour d’une politique économique nouvelle. Le remaniement poursuit, tout au plus, de créer l’illusion d’un changement, de donner du gouvernement l’image d’un Exécutif qui a le souci de faire sortir le pays des impasses économique et financière dans lesquelles il s’est enlisé.

Car, comme il a été noté par les réactions de l’opposition au remaniement ministériel, la relance de la croissance économique suppose, par-delà les profils et les hommes, une vision globale, une stratégie claire et réfléchie, une démarche intégrée mais aussi un système et un régime politique qui garantissent un climat et un environnement propice pour le développement, ainsi qu’un gouvernement prévenant et prévoyant. Des attributs qui, pour le moment, ne sont pas le propre du système et du régime politiques algériens. Encore moins ceux du gouvernement en place.