Une visite très attendue
Les Américains cherchent un appui solide sur lequel ils vont compter pour protéger leurs intérêts en Afrique du Nord.
Le secrétaire d’Etat américain, John Kerry, sera à Alger à la mi-janvier prochain. C’est ce qu’on a appris de sources diplomatiques très sûres, en marge de la visite en Algérie du Premier ministre français, Jean-Marc Ayrault.
Notre source précise que cette tournée maghrébine de M. Kerry se limitera d’abord à Alger ensuite au Maroc, sans la Tunisie ni la Libye. Cette date a été convenue d’un commun accord avec les deux parties et entre dans le cadre de la 2e session du dialogue stratégique entre l’Algérie et les Etats-Unis. Notre source s’est réjouie de l’arrivée de John Kerry «avec qui nous convergeons sur de nombreuses questions qui concernent la région beaucoup mieux que l’ancienne secrétaire d’Etat, Hillary Clinton». Cela, même si l’ambassadeur américain, Henry S. Ensher a jugé utile de rappeler, la semaine dernière lors d’une conférence de presse au siège de son ambassade à Alger, que la politique des Etats-Unis envers la question du Sahara occidental n’avait pas changé et que son pays «appuie» toujours les efforts des Nations unies pour le règlement de cette question.
Annoncé en Algérie, dans un premier temps, les 10 et 11 novembre derniers, M.Kerry a dû interrompre sa tournée maghrébine et au Proche-Orient afin de s’impliquer dans les discussions sur le nucléaire iranien en cours à Genève. «Le ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, a reçu hier après-midi, une communication téléphonique du secrétaire d’Etat américain, John Kerry, qui l’a informé que le président Barack Obama lui a demandé de se rendre à Genève dans le cadre des négociations en cours sur le programme nucléaire iranien», a expliqué le porte- parole du ministère des Affaires étrangères, Amar Belani.
«Le secrétaire d’Etat américain doit rentrer de Genève à Washington pour faire un rapport au président Obama et pour interagir avec le Congrès sur les développements liés au dossier nucléaire iranien», a ajouté le porte-parole du MAE, précisant que «MM. Lamamra et Kerry ont convenu du report de la 2e session du dialogue stratégique entre l’Algérie et les Etats-Unis à une nouvelle date au cours des prochaines semaines qui restera à déterminer par la voie diplomatique». C’est chose faite et le secrétaire d’Etat américain arrivera donc à la mi-janvier. Le sujet de discussion et le champ du dialogue stratégique instauré par les deux pays sont vastes. Il reste que Alger et Washington ont décidé de faire de ce dialogue stratégique le fondement sur lequel les deux pays cherchent à construire leurs relations futures.
Il faut noter, par ailleurs, que cette visite intervient dans un contexte régional marqué par une insécurité qui tend à s’installer dans la durée et l’islamisme radical menace, aussi bien les pays de la région, que les intérêts occidentaux. Refusant de s’impliquer militairement, les Américains qui ont, pendant longtemps, délaissé cette régions tâtonnent, ils se cherchent. Préoccupée par de nombreux défis internes auxquels il faut répondre comme l’emploi et le chômage, l’administration américaine ne peut plus supporter le poids financier qu’induisent les guerres conventionnelles. Elles sont trop coûteuses pour l’Amérique. Selon Haim Malka, directeur-adjoint du programme Moyen-Orient au sein du Center for Strategic and International Studies (Csis), les dépenses du Pentagone seront réduites de 500 milliards de dollars dans les années à venir.
Se pose alors l’équation suivante aux Américains: comment préserver leurs intérêts économiques et stratégiques dans le monde? Les Américains sont donc à la recherche d’un partenaire solide et confiant sur lequel s’appuyer pour défendre leurs intérêts. L’Algérie est tout indiquée en Afrique du Nord pour leurs intérêts économiques et stratégiques. Le 8 décembre dernier, l’ambassadeur des Etats-Unis, M. Ensher, a salué le soutien apporté par l’Algérie à ses voisins pour assurer la paix et la sécurité dans la région. A ces défis sécuritaires immenses dans la région, le secrétaire d’Etat américain abordera avec les réponsables algériens, les questions économiques dont les lois en Algérie ne semblent pas être du goût des entreprises américaines. A cela, il faut ajouter la question du Sahara occidental et les relations intermaghrébines.