Après des décennies de lutte contre les autorités algériennes, un important responsable d’al-Qaida a déposé les armes.
L’émir de la brigade El Forkane d’al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI) s’est rendu aux forces de sécurité algériennes le lundi 1er octobre après avoir passé plus de vingt ans en cavale.
Heddad Fodhil, alias Abou Dedjana, s’est rendu à l’armée algérienne à Ouadhias, dans la province de Tizi Ouzou, à l’est d’Alger, selon l’agence APS.
Âgé de 45 ans, Abou Dedjana était l’un des plus anciens membres du Groupe islamique armé (GIA), qui avait rejoint les groupes terroristes dans les années 1990. Il avait été actif dans la forêt de Sidi Ali Bounab avant d’être envoyé dans les régions montagneuses de la province de Tizi Ouzou.
Après la nomination d’Abdelmalek Droukdel (alias Abou Moussaab Abdelouadoud) comme émir du Groupe salafiste pour le prêche et le combat (GSPC), devenu par la suite AQMI, Abou Dedjana avait été nommé émir de la brigade El Forkane en 2008, après que son prédécesseur se fut rendu aux autorités et eut renoncé à la lutte armée.
Des sources médiatiques locales ont expliqué que l’émir de la brigade El Forkane était accompagné de son principal lieutenant, Faudel. Cette reddition a eu lieu à la suite de contacts entre ce leader d’al-Qaida et les autorités en charge de la sécurité, par le biais de sa famille.
Djazair News a indiqué qu’Abou Dedjana était entré en contact avec les forces de sécurité il y a environ deux mois, en vue de négocier sa reddition. Deux jours plus tôt, il avait échappé à une opération menée par les agences de sécurité dans le but de l’arrêter alors qu’il se trouvait en compagnie d’un militant, opération au cours de laquelle les agences de sécurité avaient réussi à arrêter son compagnon, mais n’avaient pu mettre la main sur Abou Dedjana lui-même. Ce dernier avait toutefois décidé de se rendre par la suite, avec ses armes personnelles.
Abou Dedjana était chargé de surveiller la collecte des sommes que le réseau terroriste recevait des enlèvements en Kabylie. Il avait également supervisé la formation des militants dans la fabrication de bombes traditionnelles.
Merouane Azzi, directeur de l’unité d’assistance judiciaire chargée de mettre en oeuvre la Charte pour la paix et la réconciliation nationale, a expliqué que 8 500 terroristes s’étaient rendus à ce jour et ont renoncé à l’action armée pour bénéficier des dispositions de cette charte.
Azzi a ajouté que depuis 2006, les forces de sécurité et l’armée avaient réussi à éliminer quelque 1 600 terroristes, notamment plusieurs leaders importants d’AQMI. Il a indiqué que la Charte pour la paix et la réconciliation nationale avait contribué de manière significative au déclin des opérations des groupes terroristes. Comme preuve, il a affirmé que le pays n’avait enregistré que 216 victimes en 2011, le chiffre le plus bas au cours des dernières années, contre 1 058 victimes en 2007.
De nombreux terroristes recherchés qui se sont rendus aux autorités ont bénéficié de peines réduites, notamment de condamnations avec sursis, aux termes de la Charte pour la paix et la réconciliation nationale. Cette législation accorde le pardon aux anciens membres des groupes armés en échange de leur reddition, du dépôt de leurs armes et de leur repentance.
Pour sa part, Farouk Ksentini, président de la Commission nationale consultative pour la promotion et la protection des droits de l’Homme (CNCPPDH), a déclaré que cette charte encourageait les terroristes désireux de se rendre mais qui hésitent encore. Il a également qualifié cette politique de « solution très fructueuse et efficace pour rompre l’ossature du terrorisme et déstabiliser les groupes terroristes ».
Par ailleurs, le ministère algérien de l’Intérieur a déclaré dans un communiqué que vingt-quatre personnes soupçonnées d’avoir fourni du matériel et apporté un soutien aux groupes armés affiliés à AQMI avaient été arrêtées au cours des dernières vingt-quatre heures dans la province de Tebessa.
Ces arrestations constituent la seconde opération de ce type au cours de laquelle les responsables algériens de la sécurité démantèlent un reseau de soutien à al-Qaida dans la province de Tebessa, non loin de la frontière tunisienne. Le 14 août, les autorités sécuritaires avaient démantelé un réseau fort de quatorze membres, parmi lesquels deux femmes, qui apportait un soutien et des fonds aux groupes terroristes.