Réconciliation nationale : les éclairages de Rezzag-Bara

Réconciliation nationale : les éclairages de Rezzag-Bara

rezag-bara-200x300.jpgKamel Rezzag-Bara, conseiller du président de la République, a été l’invité hier de la Chaîne III. Au cours de cet entretien, il a déclaré que la crise politique qu’a connue l’Algérie, durant les années 90, avait un certain nombre de causes sous-jacentes qui se sont exprimées de manière très violente en 1988.

Selon Bara, l’une des causes principales qui a fait sombrer le pays dans le chaos était bien la montée de l’ex-parti dissous, le Front islamique du salut (FIS). Les dirigeants de ce parti radical, qui, profitant d’une situation particulièrement instable, ont voulu bercer d’illusion le peuple algérien, en lui promettant monts et merveilles et que leur formation politique demeure la seule solution à leurs problèmes sociaux. Ceci, bien sûr, en se cachant derrière ce que la Charte a appelé l’instrumentalisation de la religion. Le conseiller de la Présidence a affirmé que les leaders de ce pays ont entraîné le pays dans la confrontation armée.

Rezzag-Bara a rappelé les étapes qui ont été menées dans le but d’aboutir à une réconciliation. D’abord en 1993, il y a eu l’installation de la Commission du dialogue. En 1994, il a été procédé à l’ouverture du dialogue national. D’autre part, il a rappelé que Liamine Zéroual, en sa qualité de ministre de la Défense de l’époque, est bien allé à la prison de Blida et y a discuté avec les dirigeants du FIS pour les exhorter à mettre fin à la spirale de violence, en contrepartie d’un certain nombre de droits politiques, faisant en sorte que le pays ne sombrerait pas dans le chaos. Suite à cela, les négociations n’ont donc pas abouti. Un refus a été signifié par les dirigeants du FIS. De même, en 1995, les dirigeants de ce parti ont été amenés à la résidence Djenane El-Mufti pour de nouvelles négociations. RezzaBara a affirmé qu’au moment même où ils discutaient avec les autorités, Ali Belhadj a adressé une lettre à Chérif Gousmi, émir national du GIA de l’époque, pour lui apporter son soutien au djihad. Selon l’intervenant, toutes les formes de dialogue ont échoué, et ce qui a malheureusement conduit à la continuité de la confrontation.

Voyant que la situation était désespérante, le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, avait proposé la concorde civile, dans un premier temps, et la Réconciliation nationale dans un deuxième. Évoquant la période des années 90, Rezzag-Bara a réaffirmé qu’il refusait de qualifier cette période de “guerre civile”, relevant qu’il y avait eu une situation de très profonde antagonisation entre les Algériens et qu’il fallait dépasser par la voie politique.

«Les chiffres de 300 000 à 500 000 victimes sont fantaisistes»

La seule voie politique possible, c’était d’instaurer un équilibre entre les uns et les autres, permettant à l’Algérie de rester unie, de ne pas permettre l’internationalisation du conflit, comme l’ont voulu certains, et de ne pas raisonner avec la problématique vainqueur-vaincu. Le conseiller à la présidence de la République a affirmé que la démarche de la paix et Réconciliation nationale de l’Algérie est maintenant revendiquée par beaucoup de pays, comme étant une expérience réussie et positive. Rezzag-Bara a été questionné pour donner son commentaire sur les chiffres effarants de 300 000 à 500 000 victimes de la Décennie noire, avancés par certains médias. À cet effet, où se situe donc la vérité avec tous ces chiffres ? Selon lui, ces chiffres sont fantaisistes et sont avancés par ceux qui revendiquent la notion de “guerre civile”, en utilisant à tort ces chiffres et qui sont repris par certaines organisations internationales pour dire que le processus qui a été utilisé en Algérie «paix et réconciliation nationale» n’est pas compatible avec la nature qui est une “guerre civile”. Il a affirmé que ces chiffres ont été instrumentalisés. D’après lui, les vrais chiffres se trouvent au niveau de la Commission de réconciliation nationale. D’autre part, l’intervenant a été questionné sur les dispositions que doit prendre l’État pour éviter l’enrôlement des jeunes par les terroristes. À cet effet, il a déclaré qu’il fallait prendre des dispositions pour traiter les questions sociales, religieuses et spirituelles, permettant de donner aux jeunes des défenses immunitaires contre le risque de recrutement terroriste. la Religion s’exprime dans la paix et la sérénité. S’agissant des déclarations de l’ancien chef de l’Armée islamique du salut (dissoute), Madani Mezrag, sur la création d’un parti politique, Bara a rappelé les dispositions explicites contenues dans la Charte pour la paix et la réconciliation. Cette Charte stipule très explicitement que le peuple algérien affirme son droit de se protéger de toute répétition de telle dérive, et décide souverainement d’interdire aux responsables de cette instrumentalisation de la religion, toute possibilité d’une activité politique, sous quelque couverture politique que ce soit. Il a ajouté, ce n’est pas une décision du président de la République, mais une décision du peuple algérien.

Lazreg Aounallah