Rassemblement des familles des otages du MV Blida à Alger :«L’affréteur nous mène en bateau»

Rassemblement des familles des otages du MV Blida à Alger :«L’affréteur nous mène en bateau»
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Les familles des otages du MV Blida qui tenaient hier leur 4e rassemblement depuis le début du mois sacré du Ramadhan, à la place Emir Abdelkader, cette fois-ci, ont reçu un énième fax de l’affréteur jordanien qui tente de rassurer que «la principale préoccupation de sa société est de libérer les otages». Mais les familles auxquelles il demande «patience», affirment qu’il les mène en bateau.

L’affréteur jordanien, Nader Dejani, que j’ai eu au téléphone en juillet, m’a confirmé que le dossier des otages est réglé à 95% et que la libération de ces derniers interviendra avant le Ramadhan», rappelle Mme Kahli, sœur d’un des otages, qui précisera qu’un message comme celui-ci (le fax envoyé par le Jordanien via IBC) on en a reçu des dizaines, «tous pareils».

«Nous avons systématiquement et à maintes reprises fait comprendre aux pirates que nous sommes disposés à mettre fin à cette affaire», écrit l’affréteur qui «comprend» la situation des familles auxquelles il demande de «faire preuve de patience». «Il nous mène en bateau, c’est ce qu’il dit depuis 8 mois»,

affirment les membres des familles des otages qui refusent désormais de croire aux négociations menées par ce dernier. «Il mène aussi en bateau l’Etat algérien qui doit absolument réagir», intervient Mme Kahli qui venait de joindre au téléphone le DG de l’IBC, armateur du MV Blida, M. Mansouri.

Réponse de ce dernier, selon Mme Kahli : «Je ne peux rien faire pour vous.» Le désarroi des familles qui se sentent «lâchées par tous» est tel que toutes les possibilités pour obtenir la libération des otages sont à envisager, «avec cependant beaucoup de prudence», soutient Mme Benkaci.

Et à Fouzi Aït Ramdane, fils d’un otage et porte-parole des familles, de préciser à propos d’une collecte d’argent pour le payement de la rançon que «nous ne faisons pas de politique, ce n’est pas de notre ressort». Sur ce point, M. Abdelkader Achour, frère d’un autre otage, est catégorique.

«La réglementation interdit cela», dit-il, précisant que les familles font des rassemblements «pacifiques et silencieux». Rappelant l’aide humanitaire consentie par l’Etat algérien en faveur du peuple somalien, touché par la famine,

M. Achour espère que «cela jouera en notre faveur». «Comme tout bon musulman, nous sommes solidaires avec le peuple somalien et nous souhaitons la libération de nos proches, car 8 mois d’absence c’est déchirant», ajoutera-t-il, avant d’appeler l’ensemble des Algériens à prier pour eux.

Mme Kahli qui n’arrive plus à retenir ses larmes lorsqu’elle est interpellée par les passants, évoque même un téléthon, comme proposé par certains citoyens, manière de sensibiliser encore plus les Algériens, «pour être solidaires avec nous». Une solution invraisemblable, selon Mme Benkaci.

Qui croire ?

La rumeur de la mort d’un des otages qui serait M. Rouli Abdelkrim, plane toujours en l’absence d’informations fiables. Sa femme venue de Jijel affirme que le seul moyen pour elle de confirmer qu’il est vivant est de recevoir son appel comme promis par le ministère des AE lors de son dernier communiqué.

Le Jordanien, par contre, qui explique aux familles qu’elles devraient lui faire confiance, leur déconseille de prendre en considération les déclarations des otages, car c’est une méthode des pirates qui consiste à menacer les membres de l’équipage en leur donnant la possibilité d’appeler leurs familles afin de faire passer des messages qui ne sont pas vrais».

Deux sons de cloche qui déroutent encore plus les familles. «Nous resterons dans la rue», conclut Mme Kahli. La mobilisation est de mise.

S. M.