Ramadhan : hausse des prix et appréhension sécuritaire

Ramadhan : hausse des prix et appréhension sécuritaire
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Les nostalgiques des veillées ramadhanesques d’antan ont sans doute perdu leurs illusions. Le ramadhan d’hier n’est plus. Aujourd’hui, c’est synonyme de business, hausse vertigineuse des prix.

La verticale des prix et les inconséquences d’un ministre

C’est désormais une tradition. Ramadhan rime avec hausse des prix sans que le gouvernement ne soit jamais arrivé à intervenir en quoi que ce soit. Et ce mois d’août sera particulièrement chaud pour les pères de familles et particulièrement les petites bourses. Les prix ont commencé à monter une semaine avant le début de ramadhan. «C’est la faute aux citoyens !», clame déjà Mustapha Benbada, le ministre se défausse. Se dérobe de ses responsabilités. Les marchés de gros sont des lieux de non-droit où les prix sont décidés par quelques puissants intermédiaires par ailleurs intouchables et plein aux as. Ce sont des écuries d’Augias qu’on n’est pas près de voir nettoyées, pour la simple raison qu’il n’y a aucune volonté politique de mettre la main dedans.

L’antienne est connue. Pendant que le marché prend feu, le ministre du commerce déclare à la veille du ramadhan qu’ »il y a un vide juridique qui caractérise le commerce de gros des fruits et de légumes. Nous avons transmis le mois dernier au secrétariat général du gouvernement un projet de décret exécutif fixant les modalités de gestion, d’organisation et de fonctionnement du marché de gros de fruits et légumes ». Depuis quand le marché de gros échappe complètement à tout contrôle ? Pas mal d’années. Et il fallait attendre la veille du ramadhan, synonyme de tension dans la consommation pour que le ministre de tutelle nous apprend une prochaine organisation des marchés. Les citoyens méritent mieux que cette énième dérobade. Un ministre du commerce soucieux du bon fonctionnement de son département et des citoyens n’attend pas la veille du ramadhan pour faire un tour dans les marchés de gros. Vous arrivez trop tard. Les prix des fruits et légumes ont pris leur envol. Et ce ne sont pas les imams en service commandé qui ramèneront par leur prêche les prix à la raison.

LG Algérie

Mois de rahma, dites-vous ?

Que nenni ! L’heure est plutôt à la consommation à outrance. Et au travail au ralenti. Bien sûr on verra le retour des restaurants de la rahma, comme on les appelle. Comme si ces personnes nécessiteuses ne connaissent la faim qu’au ramadhan ! Décidément on a tout faux. Simple lapalissade : ceux qui ont faim, n’ont pas à manger le sont toute l’année. Pas seulement pendant le ramadhan. Pourquoi alors faut-il toujours attendre ce mois pour voir les équipes de notre télévision pour nous montrer ces personnes dans le besoin en train d’avaler quelques lampées de chorba sous l’œil d’un haut responsable bedonnant. L’arrière-pensée est là : c’est plutôt pour nous rappeler que le gouvernement aide les nécessiteux. L’enjeu est dans la communication, la mise en scène pas dans le fait d’atténuer la faim qui tord les ventres de milliers d’Algériens. Oui on a tout faux.

La donne sécuritaire revient

Les derniers attentats qui ont eu lieu aux portes d’Alger inquiètent citoyens et observateurs de la situation sécuritaire. Comme si l’Algérie s’arrête à la capitale et ses environs.

Deux wilayas (Boumerdès et Tizi Ouzou) vivent sous une pression militaire et terroriste depuis plusieurs années. Politique de réconciliation, ratissages et déclarations optimistes de Premier ministre et de son ministre de l’intérieur sur la fin prochaine du terrorisme n’y ont rien changé. « La nébuleuse terroriste, dont l’existence remonte aux années 1990, a aujourd’hui perdu énormément de sa capacité de nuisance à l’intérieur du pays, grâce aux efforts de l’Armée nationale et populaire », déclarait Dahou Ould Kablia. Seulement voilà, le terrain apporte chaque semaine, la preuve qu’on n’est pas encore sorti du cycle de la violence. En avril dernier c’était les forces de sécurité stationnées à Lakhdaria qui avaient été visées par un attentat. Puis il y a eu l’embuscade d’Azazga. Dans les deux cas le bilan était lourd.

Le terrorisme est devenu essentiellement endémique. Ancré dans un vaste territoire délimité, proche d’Alger, donc pouvant constituer un danger pour la sérénité de la capitale. La menace qui donnent des sueurs froides c’est surtout le conflit armés libyen touche indirectement la sécurité dans le pays. Si l’on croit le faisceau d’informations, d’importantes quantités d’armes ont été exfiltrées des stocks de Kadhafi. Des terroristes d’Aqmi seraient susceptibles d’être en possession de ces armes. Ce qui ne fera que compliquer la donne. Il est vrai que son traitement est passé par tous les stades. De la lutte antiterroriste à outrance du temps du président Liamine Zeroual on est passé d’une façon abrupte à une réconciliation nationale sans demander de compte aux terroristes. Les valses-hésitations, le manque de fermeté, de constance et de détermination dans la lutte antiterroriste laissent plutôt songeur.

Il y a quelques jours, la direction générale de la sureté nationale a promis de déployer les grands moyens pour la période du ramadhan. L’objectif ? «Annihiler les blocages ou les engorgements pendant le mois de Ramadhan marqué par un trafic routier dense notamment le matin et peu avant et après le F’tour. » Croisons les doigts pour que les services de sécurité soient donc désormais chargés que de la fluidité de la circulation non de cet hydre terroriste qui ronge le pays.