Rabah Saâdane, invité de Canal-Foot samedi soir, s’est également confié au Temps d’Algérie à moins d’une semaine du début de la CAN 2013. L’occasion pour nous de recueillir l’avis très avisé du légendaire «Cheikh» des Verts avant cette échéance.
Le Temps d’Algérie : Tout d’abord, que devient Rabah Saâdane ?
Rabah Saâdane : (Sourire…) Rabah Saâdane se repose aux côtés de sa famille, chose qu’il n’a pas pu faire durant toutes ces dernières années. Mais il n’a pas pour autant coupé avec le football car je suis de très près tout ce qui se passe dans le football ici et ailleurs dans le monde.
Vous êtes le recordman des entraîneurs algériens avec 4 phases finales de la CAN. Qu’avez tiré de cette impressionnante expérience ?
D’une expérience comme celle-là on tire évidemment beaucoup de bonnes choses. De ma première CAN en tant que second de Mahideddine Khalef en 1982 à celle de 2010, je garde des souvenirs fabuleux puisque j’ai eu à diriger des joueurs qui ont marqué l’histoire du football algérien et j’ai pu ainsi accumuler une grande connaissance du football africain avec toutes les particularités qu’il comporte.
Et qu’est ce qui a, selon vous, changé dans cette CAN au fil des ans ?
Ce qui a changé c’est surtout le côté organisationnel. La CAN est devenue une compétition de grande envergure avec des moyens immenses qui sont déployés que ce soit sur le plan humain ou matériel. Les infrastructures se sont considérablement améliorées, les sponsors sont de plus en plus nombreux et conséquents. Bref, la CAN n’a plus rien à envier aux grands évènements footballistiques à travers le monde.
Et les équipes africaines disposent aussi de meilleurs moyens ?
Je parlerai simplement de l’Algérie et je dirai que nous avons fait une avancée extraordinaire dans ce domaine. Lors de la CAN 2010 que nous avons jouée en Angola, nous avions atteint un niveau d’organisation exceptionnel que probablement aucune équipe africaine n’avait jamais atteint.
Avec un staff hautement professionnel et une organisation au plus petit détail près, nous n’avions rien à envier à n’importe quelle équipe du monde. Cela a d’ailleurs été reconduit lors de la Coupe du monde 2010 où nous étions sans doute l’équipe la mieux organisée. D’ailleurs par la suite nous avons reçu les félicitations de la Fifa pour notre organisation.
Et aujourd’hui est-ce que vous suivez l’Equipe nationale ?
La question ne se pose même pas. Bien sûr que je suis l’équipe nationale. d’abord comme tout Algérien qui aime son équipe et ensuite comme tout ex-sélectionneur national qui a une attache indéfectible avec cette équipe.
Quelles impressions avez-vous de la dernière prestation des Verts face à l’Afrique du Sud ?
Je pense que dans l’ensemble c’était un bon test dont on peut tirer pas mal d’enseignements à quelques jours du début de la CAN. Il y a eu pas mal de choses positives notamment sur le plan défensif où les joueurs qui ont été alignés ont bien tenu leur rôle avec notamment un M’Bolhi qui a transmis beaucoup d’assurance à ses coéquipiers par ses interventions décisives.
Bon il y a eu aussi quelques lacunes sur lesquelles je ne veux pas m’étaler pour ne pas dévoiler les cartes d’Hallilodzic avant l’entame de la compétition. Ce qui est sûr c’est que l’entraîneur national est revenu à la réalité du terrain chose qu’on m’avait souvent reprochée en mon temps.
Pensez-vous que les Verts sont sur la bonne voie ?
Avec toute cette nouvelle génération très douée techniquement je pense qu’il y a de quoi travailler sur le long terme et bâtir une équipe qui fera mal d’ici peu.
Cela dit, le problème de l’équipe nationale n’a pas été une question de joueurs mais plutôt celle de l’instabilité au niveau de l’encadrement technique. Avec quelque chose comme 37 entraîneurs nationaux en 50 ans je pense qu’on a dépassé les normes en terme d’instabilité et de ce fait on n’a jamais pu travailler sur le long terme.
Quelle différence, selon vous, y a-t-il entre votre équipe de 2010 et celle d’Hallilodzic aujourd’hui ?
La différence c’est qu’en 2010 les joueurs n’étaient peut-être pas aussi doués techniquement mais ils étaient des guerriers sur le terrain comme en témoigne encore ce match référence d’Oum Dormane ou bien d’autres matches encore sur les terrains africains. C’est une particularité qu’on ne remarque pas aujourd’hui chez les joueurs de l’équipe nationale.
Et que pensez-vous des chances de l’Equipe nationale dans cette CAN 2013 ?
«Je pense qu’il faudra bien négocier ce premier tour qui n’est jamais simple, à commencer par le premier match face à la Tunisie. Le Togo et la Côte d’Ivoire seront aussi de sacrés adversaires dans ce groupe.
Mais dans ce genre de compétition, il faut surtout savoir gérer match par match, car aucun match ne ressemble au précédent ni au suivant. Et si on arrive à le faire sans frais, car il y a toujours les histoires de blessures ou de suspensions, alors on pourra, pourquoi pas, aller loin.
Redouane Bendali