Quel sort pour le programme de 100 locaux dans chaque commune ?

Quel sort pour le programme de 100 locaux dans chaque commune ?

Sa mise en œuvre enregistre un immense retard

Où en sont, à travers les différentes wilayas du pays, les 100 locaux commerciaux prévus dans chaque commune, fruit de l’engagement électoral suivi d’effet par le président de la République ?

Destinée à relancer l’activité dans les communes d’Algérie, l’opération 100 locaux par commune est-elle réellement mise en œuvre par les autorités locales ?

Ce programme qui s’était fixé, initialement, comme objectif la création d’un minimum de 300 000 emplois au profit des chômeurs âgés de 18 à 50 ans, dans divers créneaux de services et d’artisanat, soit 150 000 locaux à travers le pays, à raison de 100 locaux par commune employant une moyenne de deux personnes par commerce, a-t-il enregistré des bons résultats ?

Ces questions méritent d’être posées d’autant que cette opération s’inscrit dans le cadre de la stratégie nationale de l’emploi qui a pour objectif la création de 2 millions d’emplois durant le deuxième plan quinquennal qui vient d’être achevé.

Cinq ans après l’engagement présidentiel, tout porte à croire que ledit programme semble s’essouffler en raison du manque de transparence sur les critères d’attribution et, parfois, à cause d’indisponibilité d’assiettes de terrain. En effet, la rareté du foncier dans certaines localités a réellement retardé la réalisation de ce genre de projets. On se souvient déjà du retard enregistré dans le processus d’attribution des modalités portant la distribution ou d’attribution de ces locaux.

Les walis ont dû attendre, en effet, le décret exécutif 06-366 du 19 octobre 2006, portant création de comités de wilaya chargés de l’attribution des locaux commerciaux au profit des jeunes, pour procéder à leur installation officielle avec pour mission d’étudier tous les dossiers et d’établir la liste des bénéficiaires. Une fois ces locaux réceptionnés dans certaines communes, des listes de bénéficiaires sont établies et affichées.

Toutefois, les listes des demandeurs affichées çà et là dépassent de loin le nombre de locaux proposés et, en l’absence d’arguments convaincants sur le bien-fondé des critères retenus, les milliers de demandeurs déçus n’ont d’autre recours que la protestation.

A titre d’exemple, dans l’une des communes de la wilaya de Tiaret, l’opération de distribution de cent locaux commerciaux a tourné à l’émeute lorsque des jeunes chômeurs, mécontents des critères retenus par la commune pour leur attribution, ont tenté de se suicider en se jetant dans le vide. Par ailleurs, à Béjaïa, qui a bénéficié, pour rappel, d’un quota de 5 200 locaux pour les 52 communes qui la composent, le lancement de ladite opération a accusé un long retard dans différentes municipalités en raison d’un problème crucial de foncier.

Sur les 5 200 locaux accordés, seuls 2 045 sont achevés et presque autant en cours de réalisation, nous a indiqué un responsable local.

Et ce sont les mêmes contraintes qui reviennent dans cette wilaya, à savoir l’accès au foncier et, surtout, les lourdeurs administratives, ajoute-t-il. Notre source précise que le peu de locaux réalisés dans le cadre de ce programme, qui a coûté à l’Etat la bagatelle de 35 milliards de dinars, n’ont pas encore trouvé preneurs. «Cette opération est entachée de lourdeurs au niveau des APC dans la mise en location des locaux achevés, problèmes de conformité, sites d’implantation mal situés», précise-t-il plus loin.

Last but not least… Une chose est sûre : même avec le concours des ministères de l’Emploi et de la Solidarité nationale, de l’Intérieur et des Collectivités locales, de l’Agence nationale de soutien à l’emploi des jeunes (ANSEJ), des directions de la wilayas et les collectivités locales, l’opération est vraisemblablement vouée à l’échec, 5 ans après son lancement.

Par Salah Benreguia