Le Secrétaire d’État auprès du Premier ministre, chargé de la Prospective et des Statistiques, Bachir Messaitfa, a tenu, hier, son premier forum dont le thème s’est articulé autour de « la santé publique en Algérie ».
Pour M. Messaitfa, cette initiative s’inscrit dans le cadre du programme du secrétariat d’Etat qu’il dirige en charge de fournir au gouvernement des visions et des politiques d’avenir autour de divers dossiers stratégiques. Le premier forum a été consacré à la santé publique au regard de l’évolution des maladies en Algérie et de la complexité de ce domaine névralgique, dira-t-il, avant d’annoncer que la feuille de route de son département contient onze grands axes dédiés à la promotion de la santé publique.
Parmi eux, l’élaboration d’une base de données sur la situation actuelle de la santé, la mise en place d’une table de statistiques prévisionnelles pour permettre à l’Etat d’offrir des services sanitaires de qualité et de rationnaliser ses dépenses dans ce sens. Il s’agit aussi d’établir une équité nationale en termes de soins, mettre l’accent sur la formation des médecins, réduire la facture des importations, renforcer l’industrie pharmaceutique et la maintenance du matériel médical. Pour assurer le suivi et l’analyse de ces réformes, le directeur des politiques publiques de la santé au niveau du secrétariat d’Etat, M. Bedrani, a annoncé la création d’une sous-direction.
Le Vieillissement de la population, un facteur à prévoir
Reste que pour lui, l’Algérie a fait des progrès « indéniables » dans le domaine de la santé, tant au niveau de l’évolution des principaux indicateurs démographiques et épidémiologiques que dans le développement des ressources humaines, matérielles et infrastructurelles. Cependant, constate-t-il, « les performances du système au regard des moyens qui sont mobilisés restent insuffisantes et les résultats n’ont pu être pérennisés à cause des multiples contraintes ». Partant de ce « décalage », M. Bedrani a indiqué que son département envisage de converger les efforts pour réfléchir réellement sur le devenir du secteur de la santé dans les dix ou vingt années prochaines.
A ce titre, signale-t-il, de nombreux facteurs auront une incidence majeure sur l’offre de santé dont l’augmentation de la demande de soins, les avancées technologiques et les contraintes budgétaires, la hausse de la prévalence des maladies chroniques, le vieillissement de la population, l’évolution de la démographie médicale, la transition épidémiologique et l’accroissement des populations de 60 ans et plus qui nécessitent une prise en charge particulière.
Le professeur Sadou Youcef, spécialiste en cardiologie pédiatrique en Italie, a donné un aperçu sur le système de santé italien dont il a relevé les points négatifs « similaires à ceux de notre système », puisqu’il a évoqué la bureaucratisation et les longues attentes pour accéder aux soins. Mais sur ce thème, le professeur Mustapha Khiati, président de la Forem, a indiqué que « l’Algérie est loin du système italien », compte tenu des aléas toujours de mise.
Selon lui, la politique de santé n’est toujours pas claire et les objectifs n’ont pas été atteints, notamment en ce qui concerne la prise en charge des personnes âgées et des maladies génétiques. Il reproche aussi le fait de ne pas avoir tranché la question du financement du secteur de la santé. Selon lui, en l’absence de chiffres crédibles, on ne peut faire de la prospective dans ce domaine.
De plus, le changement fréquent de ministre à la tête du secteur a hypothéqué la problématique du problème de la santé. Le directeur de la santé publique au niveau du ministère de la Santé, M. Abid, a tenu à mettre en avant la gratuité des soins en Algérie, qui constitue un acquis non négligeable, avant de faire savoir que les compétences algériennes « seront mieux considérées » dans ce domaine en pleine mutation.
Karima Alloun