Procès en appel de l’affaire Khalifa-Bank : Retour sur une parodie de justice

Procès en appel de l’affaire Khalifa-Bank : Retour sur une parodie de justice

À l’issue d’un procès marathon, qui a débuté le 8 janvier 2007, le tribunal criminel de Blida a rendu, le 21 mars, un verdict mitigé. Après deux semaines de délibération, le tribunal a frappé d’une main lourde les proches collaborateurs de Rafik Khalifa. Parmi les têtes d’affiche des 94 accusés, Djamel Guellimi, le fidèle parmi les fidèles et le bras droit du milliardaire déchu, a été condamné à 15 ans de réclusion.

Considéré comme son complice d’«association de malfaiteurs», Mourad Issiridir, directeur d’une banque publique, a écopé de 12 ans. Une peine de 10 ans de prison a été prononcée contre Omar Rahal, le vieux notaire qui avait établi tous les actes du groupe, Youcef Akli, caissier principal de Khalifa Bank, et Hafidh Chachoua, qui dirigeait une armée de 900 vigiles. La même peine a été prononcée contre trois directeurs d’agence. En plus d’une cinquantaine d’acquittements, le reste des peines s’échelonne entre 5 ans de prison ferme et 2 ans avec sursis.

Ce verdict laissa un arrière-goût d’injustice quand on constate avec amertume qu’aucun gros ponte n’a été condamné ou inquiété malgré des aveux, on ne peut plus clairs, comme ceux du secrétaire général de l’UGTA, Sidi Saïd, ou du ministre des Affaires étrangères qui reconnut avoir manqué d’intelligence du temps où il était ministre des Finances. Abou Djerra Soltani, ministre du Travail, à l’époque des faits, auteur de la signature des documents ordonnant l’ouverture de comptes bancaires des organismes sociaux relevant de sa tutelle, ne trouva rien d’autre comme parade pour sauver sa tête que de dire qu’il s’agissait d’un faux sans pour autant poursuivre en justice l’auteur du faux et sans que le tribunal ne demande une analyse graphologique.

Le deux poids, deux mesures

Plus flagrant encore, le cas d’Ali Meziane Ighil, ancien international de football et ancien sélectionneur national qui écopa de trois ans de prison pour avoir été dans le staff du sponsoring de l’empire Khalifa alors que Maâmar Djebbour, journaliste à la chaîne III de la radio nationale, qui occupait des fonctions supérieures dans le même secteur, sans compter le salaire faramineux qu’il percevait de Khalifa- Télévision, s’en sortait indemne. Sa relation familiale avec un général retraité était pour quelque chose.

Tayeb Belaiz, ministre de la Justice au moment où se tenait le procès, bien qu’il avait bénéficié d’un prêt de 2,5 milliards de centimes, n’a pas été appelé à la barre et le directeur de l’agence Khalifa-Bank qui lui avait consenti le prêt s’est vu épargner de la pluie des condamnations qui s’était abattue sur tous les chefs d’agences.

En un mot, comme en mille, le procès de 2007 n’était qu’une parodie de justice qui a fait payer aux sardines ce qu’ont mangé les gros requins. En sera-t-il de même pour le procès en appel ? Pour répondre à la question, un coup d’œil dans le rétroviseur pour rappeler ce que c’est l’affaire Khalifa et une synthèse qui permettra de mieux comprendre les enjeux de ce procès.

Par Hichem ABOUD