Près de 120 cadavres repêchés et plus de 300 passeurs arrêtés en 2018

Près de 120 cadavres repêchés et plus de 300 passeurs arrêtés en 2018

Écrit par Fayçal Djoudi

Selon les chiffres fournis, hier, par le ministre de l’Intérieur Noureddine Bedoui, en 2018, près de 120 dépouilles ont été repêchées sur les côtes algériennes, de nombreuses personnes portées disparues et 344 passeurs ont été présentés à la justice.

D’année en année, les chiffres sont en augmentation continue et il ne se passe pas un jour sans que la presse nationale évoque le sujet de l’émigration clandestine. Lors de son intervention, le premier responsable du département de l’Intérieur a donné les chiffres de ce phénomène. «Au total, 96 Algériens, pour la majorité des jeunes ne dépassant pas 30 ans, ont été déclarés ‘’disparus’’ suite à leur tentative de migration illégale, et 119 corps de migrants illégaux ont été repêchés sur les côtes algériennes en 2018». M. Bedoui précisera que « la plupart des corps repêchés ne sont pas partis d’Algérie. Ils ont été ramenés vers nos côtes par les courants». Il a ajouté que des dizaines de haraga ont été sauvés en haute mer et d’autres ont été «empêchés d’entreprendre cette dangereuse aventure».

En effet, chaque semaine, le long des communes côtières de l’ouest et de l’est du pays, on signale des naufrages d’embarcations précaires, des sauvetages, des cadavres et des parties de corps repêchés, et un grand nombre de «portés disparus», sans doute engloutis par les flots de la Méditerranée, devenue ces dernières années le cimetière de milliers de candidats à l’émigration clandestine. Selon M. Bedoui, ces chiffres «reflètent l’ampleur du drame et sa dangerosité» et poussent à «répondre à de nombreux questionnements pour expliquer la situation et analyser les mécanismes et facteurs de progression de ce phénomène».

Plus de 340 passeurs devant la justice

C’est un commerce très rentable… En effet, le réseau de passeurs profite d’un vide sécuritaire pour faire «du gain facile» par l’envoi de milliers de migrants vers l’Europe, au péril de leur vie. M. Bedoui n’a pas omis de mettre en garde contre les réseaux qui organisent «le voyage de la mort». Le ministre a indiqué que les passeurs des haraga agissent sans scrupule et sans aucune conscience. D’ailleurs, les efforts fournis par les services de sécurité dans leur lutte contre l’émigration illégale ont permis «d’ouvrir 200 affaires en justice et de présenter 344 personnes aux autorités judiciaires durant l’année 2018, dont 24 ont été condamnés à plusieurs années de prison ferme», a révélé le ministre. « Nous avons donné des instructions fermes aux services de sécurité d’intensifier les enquêtes et de focaliser leurs efforts sur le démantèlement des réseaux de trafic et la lutte contre les passeurs, en donnant la priorité à ces actions dans leurs plans opérationnels », a dit à propos M. Bedoui.

Les services de sécurité de la wilaya de Mostaganem ont démantelé, depuis le début du mois de janvier, trois réseaux d’organisation d’émigration clandestine à destination des côtes espagnoles. Trois de ces organisateurs de ces départs clandestins et sept autres individus, membres de ces réseaux, qui activaient tous sur le territoire de la commune de Mostaganem, ont été arrêtés lors d’opérations distinctes, indiquent des sources sécuritaires.

La jeunesse désen «chantée» d’Algérie

Les investigations ont permis d’identifier un marin âgé de 31 ans, originaire de Mostaganem, qui proposait «ses services» à des candidats à l’émigration clandestine de différentes wilayas du pays. Le cerveau de ce réseau faisait appel à d’autres complices pour l’acquisition d’embarcations, moteurs et du carburant. Le second réseau démantelé utilisait les réseaux sociaux, notamment Facebook, pour organiser des voyages clandestins vers les côtes espagnoles et italiennes contre le versement d’une somme importante oscillant autour 200 000 DA. En Algérie, le mythe de la harga continue de se répandre comme un phénomène de mode. Dans toutes les rues et les tribunes des stades, des jeunes en grappes chantent des chansons telles que «c’est la dernière année où je suis là… » Ou « Mama, Ciao », une reprise d’une chanson révolutionnaire italienne des années 40, comme un espoir, comme un exutoire.