Premier producteur de lait en Algérie: Ce que raconte le village d’Imaloussene

Premier producteur de lait en Algérie: Ce que raconte le village d’Imaloussene

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Certains éleveurs gardent encore des spécimens de la race bovine locale et appellent les pouvoirs publics à s’y intéresser.

Le village qui produit le plus de lait en Algérie est Imaloussene. C’est une localité située à une trentaine de kilomètres au nord-est du chef-lieu de la wilaya de Tizi Ouzou. C’est incontestablement le leader de la production laitière dans notre pays. La wilaya de Tizi Ouzou est le plus important bastion de la filière. Mais, ces résultats n’en font pas pour autant une filière en bonne santé. Bien au contraire, cette activité qui fait vivre une proportion importante de la population locale est en difficulté.

Les producteurs de lait souffrent en effet d’un nombre de problèmes qui empêche la filière de se développer. En premier lieu, les petits éleveurs de vaches laitières manquent de formation et de professionnalisme. Aussi, après avoir acquis des prêts bonifiés de la banque, ces derniers se retrouvent face à la nécessité d’élever des vaches d’importation non adaptées au climat. Selon Akli Moussouni, expert agricole, la configuration actuelle est archaïque et ne répond pas aux normes d’élevage modernes en cours dans le monde. Preuve en est que, malgré les moyens financiers colossaux investis, la vache ne produit actuellement que la moitié de la norme de production mondiale avec 4000l/an alors que la norme mondiale est carrément le double.

En plus du manque de professionnalisme des éleveurs, les experts mettent en garde contre la mauvaise organisation de la filière. Ce qui fait d’elle un gouffre financier sans résultat sur le terrain.

Les statistiques mettent en effet en relief ces budgets consommés pour avoir au final une filière des plus faibles au monde. En cause, les experts avertissent sur l’excès dans les dépenses.

L’Algérie importe les vaches, les aliments et les fourrages, les produits médicaux ainsi que 20% de la poudre de lait mise sur les marchés internationaux.

Par ailleurs, sur le terrain, les éleveurs souffrent des pénuries de fourrage et de produits médicaux. Quand ils en trouvent les prix exercés découragent les plus téméraires des éleveurs. Questionnés, plusieurs éleveurs pointent du doigt les pratiques spéculatives imposées par une minorité de vendeurs de fourrage. La quantité achetée chez les agriculteurs des Hauts-Plateaux est stockée dans des hangars et n’est sortie qu’une fois la pénurie constatée. A ce moment, les spéculateurs exercent les prix souhaités au détriment de la filière.

De plus, la filière lait a connu une véritable extermination de la vache locale. Cette race locale qui n’a pas été adaptée aux normes de production mondiale a été abandonnée par l’Etat qui a préféré l’importation de races européennes, mal adaptées au climat.

Certains éleveurs gardent encore des spécimens de cette race locale et appellent les pouvoirs publics à s’y intéresser. La réémergence de la vache locale doit s’accompagner de mesures incitatives, estiment plusieurs éleveurs.

Enfin, notons que les difficultés que vivent les éleveurs poussent ces derniers, dans la majeure partie des cas, à se rabattre sur les boucheries.

De l’aveu même des autorités, la wilaya de Tizi Ouzou a perdu 20 000 vaches, ces trois dernières années, alors qu’elles étaient 50 000 en 2016, elles ne sont plus que 30 000 en 2018.