La revue spécialisée MEES (Middle East Economic Survey), qui analyse les économies du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord, a mis en lumière l’appel d’offres international sur les hydrocarbures lancé par l’Algérie pour la première fois depuis une décennie.
La question posée est de savoir si cette tournée, couvrant une superficie « dépassant celle de l’Angleterre », constituera un grand succès pour le gouvernement algérien en attirant les plus grands acteurs internationaux, y compris une éventuelle entrée des géants américains Chevron et ExxonMobil, ainsi qu’un retour de British Petroleum (BP).
Dans son dernier numéro daté du 2 mai 2025, MEES – une publication hebdomadaire spécialisée dans l’énergie, centrée sur l’actualité, les données et les analyses du secteur en Afrique du Nord et au Moyen-Orient – indique que l’appel d’offres actuel, lancé en octobre dernier par l’Agence nationale pour la valorisation des ressources en hydrocarbures (ALNAFT), après des années de préparation, porte sur six vastes périmètres onshore.
Ces zones s’étendent sur une superficie totale estimée à 152 000 km², soit plus que la taille de l’Angleterre, et incluent des régions prometteuses en termes de réserves pétrolières et gazières. Les contrats seront attribués selon la nouvelle loi sur les hydrocarbures de 2019, sous forme de contrats de partenariat ou de partage de production.
Cet appel d’offres pourrait-il faire de l’Algérie le nouveau hub énergétique de l’Afrique ?
Selon la revue, l’Algérie espère que cette tournée donnera un coup d’accélérateur aux investissements et à la production dans le secteur, notamment face au déclin continu de sa production pétrolière depuis avant l’entrée en vigueur des restrictions de l’OPEP+ en 2020.
Le pays n’a toujours pas retrouvé son niveau de production d’un million de barils par jour, alors que la demande locale ne cesse d’augmenter, impactant les volumes d’exportation et, par conséquent, les revenus.
Concernant le gaz, la production a atteint un pic en 2023 avec 104,8 milliards de m³, avant de connaître un recul en raison de la hausse de la consommation intérieure.
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MEES rappelle l’échec du précédent appel d’offres en 2014, qui n’avait abouti qu’à l’attribution de quatre périmètres sur 31 proposés. Les autorités algériennes cherchent à éviter un scénario similaire en adoptant une nouvelle stratégie visant à organiser des appels d’offres annuels.
Des préparatifs sont déjà en cours pour lancer 17 nouveaux périmètres, dont certains en mer Méditerranée.
Parmi les ambitions affichées par l’Algérie figure l’arrivée des américaines Chevron et ExxonMobil, avec lesquelles des responsables algériens se sont entretenus lors du Forum énergétique algéro-américain récemment organisé à Houston.
Des discussions ont également eu lieu avec Occidental (Oxy), considérée comme un investisseur majeur en Algérie, bien que son entrée sur le marché se soit faite de manière inattendue suite au blocage de la vente des actifs d’Anadarko à Total.
Malgré une baisse de production d’Occidental dans la région de Berkine, l’Algérie demeure un axe central de sa stratégie, avec un intérêt particulier pour le potentiel des ressources non conventionnelles, à l’instar du gaz de schiste.
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En revanche, TotalEnergies, l’un des principaux investisseurs actuels, pourrait se retrouver marginalisé en raison des tensions croissantes entre l’Algérie et la France.
Quant à l’italienne Eni, elle est devenue le principal acteur étranger en Algérie, selon MEES, après avoir renforcé sa présence à Berkine, racheté les actifs de BP à In Amenas et obtenu une part opérateur dans le projet de Touat (sud-ouest). Le groupe a engagé plus de 8 milliards d’euros d’investissements sur quatre ans.Les prochains mois seront donc décisifs pour l’avenir énergétique du pays.