Photo prise hier sur une télévision montrant des flammes et de la fumée sortant d’un immeuble à Hama Depuis le début de la contestation, le 15 mars contre le régime de Bachar Al Assad, la répression a fait quelque 2000 morts, dont plus de 1600 civils, selon des ONG.
Une centaine de personnes ont été tuées hier et des dizaines d’autres blessées lors d’une vaste offensive de l’armée à Hama, ville rebelle du centre de la Syrie, pour «l’une des journées les plus sanglantes» depuis le début de la révolte mi-mars, selon des militants. «Cent civils ont été tués dimanche à Hama par des tirs des forces de sécurité qui accompagnaient l’armée lorsqu’elle a pénétré en force dans la ville de Hama», a déclaré Abdel Karim Rihaoui, président de la Ligue syrienne de défense des droits de l’homme (Lsddh). Cinq personnes sont mortes à Homs (centre) quand des habitants sont descendus dans la rue en soutien à Hama, située juste au nord. Et il y a eu trois morts dans la province d’Idleb (nord-ouest), a-t-il ajouté. Selon lui, au total, les attaques de l’armée dans plusieurs villes de Syrie ont fait hier 121 morts et des dizaines de blessés, dont de nombreux dans un état grave. Outre les victimes de Hama, 19 personnes ont été tuées à Deir Ezzor (est), six à Harak (sud) et une à Boukamal (est), a-t-il indiqué. L’Observatoire syrien des droits de l’Homme (Osdh) a de son côté fait état de deux morts à Sourane, dans les environs de Hama, ce qui porterait le bilan à 123 morts. Depuis le début de la contestation, le 15 mars contre le régime de Bashar Al Assad, la répression a fait quelque 2000 morts, dont plus de 1600 civils, selon des ONG. Un peu plus tôt, le président de l’Osdh, Rami Abdel Rahmane avait évoqué 45 morts à Hama, mais déclaré redouter un bilan plus lourd, notamment en raison du manque de matériel médical. Un habitant de la ville, joint par téléphone par l’AFP, a expliqué que «l’armée est entrée aux environs de 6h (3h GMT) à proximité de la mosquée al-Serjaoui et aux environs de la caserne». Selon un témoin, qui préfère taire son nom, «cinq chars sont actuellement postés à côté du palais du gouverneur», faisant état de tirs par intermittence. Un autre témoin a déclaré que quatre véhicules blindés de type BTR avaient été déployés dans la ville. De son côté, l’agence officielle Sana, qui impute depuis le début les troubles à des bandes armées, a annoncé que «deux militaires ont été tués par des groupes armés à Hama». Selon elle, ils ont «incendié des postes de police, s’en sont pris à des biens publics et privés, ont brûlé des pneus et dressé des barrages dans les rues». L’agence cite également un habitant non identifié: «Des dizaines d’hommes organisés en bandes armées sont actuellement postés sur les toits des principaux bâtiments de la ville, ils ont des fusils mitrailleurs et ils effraient la population en tirant sans arrêt». Le pouvoir tente depuis plusieurs semaines de soumettre la ville rebelle de Hama située à 210 km au nord de Damas et qui a connu plusieurs immenses manifestations contre le pouvoir, réunissant plus de 500.000 personnes, selon l’Osdh. Suite à ces manifestations monstre, le gouverneur de Hama, Ahmad Khaled Abdel-Aziz, avait été limogé le 2 juillet par le président Bashar Al Assad. Hama est un symbole de la lutte contre le régime en Syrie depuis la terrible répression en 1982 d’une révolte du mouvement interdit des Frères musulmans contre le président Hafez Al Assad, père de Bashar, qui avait fait 20.000 morts. Le ministre britannique des Affaires étrangères, William Hague, s’est déclaré «consterné» après l’assaut lancé sur Hama. «Une telle action contre des civils qui ont manifesté en masse et pacifiquement dans la ville pendant plusieurs semaines n’a aucune justification», a souligné le ministre. Evoquant «une action coordonnée dans un certain nombre de villes pour tenter de dissuader le peuple syrien de manifester», le ministre a jugé que «ces attaques sont d’autant plus choquantes qu’elles ont lieu à la veille» du ramadhan, «mois sacré pour les musulmans». Par ailleurs, à Deir Ezzor, 19 personnes ont été tuées par balles, la plupart touchées à la tête et à la poitrine, selon la Ligue syrienne des droits de l’homme. Les militants des droits de l’homme redoutaient ces derniers jours une répression massive dans cette ville, devenue un des principaux foyers de la contestation.