Le livre accessible à une plus grande frange de la population?
L’absence de soutien au prix du livre rend l’accessibilité de ce produit culturel hasardeux pour le lecteur.
Le soutien du prix du livre a toutes les chances de s’imposer au débat lors du 17e Salon international du livre d’Alger dont le coup d’envoi a été donné mercredi au Palais des expositions des Pins maritimes par le président de la République, Abdelaziz Bouteflika.
Lors de la cérémonie d’ouverture officielle, le Président a fait le tour des stands où des explications lui ont été fournies par les organisateurs sur les différents exposants et le déroulement de cette manifestation culturelle.
Le chef de l’Etat a appelé les responsables des maisons d’édition à accorder un intérêt particulier à la production des livres sur l’Histoire de l’Algérie, notamment sur la Révolution. En marge du Salon, diverses animations culturelles sont programmées par le comité d’organisation, à savoir tables rondes, conférences, ventes-dédicaces, récitals poétiques et colloque sur le thème de la littérature et l’Histoire.
Selon le programme diffusé par le Sila sur son site Internet, il y a aussi une série d’hommages rendus à des noms de l’édition et de la littérature, dont notamment Mouloud Feraoun et Ahmed Rédha Houhou, écrivains martyrs.
Lors de sa tournée dans les divers stands, le président a reçu des explications sur le rôle des établissements dans la diffusion de la culture en Algérie. Bouteflika a interrogé les responsables des maisons d’édition sur le comportement des lecteurs et de l’accès à la culture en général.
Il a même évoqué une émission de France 24 qui a fait état du manque d’engouement des Algériens à visiter les musées. Que ce soit aux stands des maisons d’édition Dalimen, Barzakh, Casbah, Chihab et l’entreprise nationale des arts graphiques, la question de l’accessibilité du livre a été abordée. Néanmoins, les éditeurs n’aiment pas qu’on leur fasse remarquer que le livre est cher.
Ils nous renvoient systématiquement aux prix pratiqués dans d’autres pays pour repousser l’argument de la cherté du livre. En consultant les couvertures des livres importés, ils nous indiquent qu’il n’y a quasiment pas d’ouvrage cédé à moins de 10 dollars. Des ouvrages à 1000 dinars, ce ne serait donc pas si élevé que ça.
De leur côté, les lecteurs préfèrent évoquer la période faste du livre dans les années 1970 et 1980. A cette époque, l’édition était encore soutenue par l’Etat.
Ce n’est plus le cas depuis plusieurs années. Le libéralisme a fini par mettre main basse sur le secteur de la culture.
Le livre est devenu un produit marchand. Sa fonction éducative et culturelle a été sacrifiée au nom de la rentabilité. A l’heure actuelle, il n’est pas étonnant de voir éditeurs et lecteurs réclamer une nouvelle politique du livre. Pourquoi ne pas instaurer, par exemple, une réduction du taux d’imposition des impôts ou leur suppression afin que le livre soit accessible à une plus grande frange de la population? Etudiants, travailleurs, chercheurs, fans de lecture de tous bords y trouveront leur compte.
Les organisateurs du Salon mettent l’accent, de leur côté, sur les progrès réalisés en cinquante ans d’édition. Dans un entretien avec Hamidou Messaoudi commissaire du Sila 2012, il est fait état d’une politique ambitieuse du livre.
Lors de cette édition, il s’agit, pour lui, de tenter de montrer au public ce qu’est le livre en Algérie, ses métiers, les ambitions de ses professionnels, ses difficultés et ses défis. Il fait des rappels. En 1987, date du 25e anniversaire de la libération du pays, «on relevait dans une enquête initiée avec le concours de la Bibliothèque nationale que l’Algérie a édité pendant ce quart de siècle quelque quatre mille titres d’ouvrages embrassant le domaine de l’imagination et celui de la réflexion». Entre 2003 à début 2012, l’Algérie a édité environ sept mille titres selon une source syndicale du livre.
Il y a là, selon lui, «matière à réflexion sur les progrès réalisés grâce à l’Etat qui aide, soutient et encourage le livre».
Il présente le Sila comme un salon de transition à partir duquel il y a déjà une réflexion sur les acquis à consolider et sur les chantiers à ouvrir pour améliorer davantage cette politique. L’argent ne manque pas. Peut-être que Belaïd Abdeslam pourra en dire davantage lorsqu’il présentera cet après-midi son livre Le pétrole et le gaz en Algérie au stand de l’Anep