Nouveaux rebondissements dans le scandale dit «Sonatrach 2» Des biens appartenant à Bedjaoui perquisitionnés en France

Nouveaux rebondissements dans le scandale dit «Sonatrach 2» Des biens appartenant à Bedjaoui perquisitionnés en France

Il semble bien que l’étau se resserre de plus en plus sur «l’âme damnée» de Chakib Khellil, celui qui jouait les intermédiaires dans tous les contrats internationaux douteux conclus par Sonatrach. Cette fois-ci ce sont les limiers français qui viennent de lever une proie de taille. La chasse à courre est désormais ouverte.

Nouveaux rebondissements, et non des moindres, dans le scandale dit «Sontrach 2», dans lequel sont notamment impliqués l’ancien ministre de l’Energie et des Mines, Chakib Khellil, ainsi que le neveu de l’ancien président du Conseil constitutionnel, Farid Bedjaoui.

C’est ce dernier, en effet, qui jouait le rôle d’intermédiaire dans tous les contrats douteux conclus à l’international par Sonatrach. Il aurait, ce faisant, créé beaucoup de sociétés écrans basées dans des paradis fiscaux à travers le monde, mais aussi acquis pas mal de biens immobiliers au Royaume-Uni, aux Emirats Arabes-Unis, où il est réfugié en ce moment, ainsi qu’en France.

Et c’est justement la justice hexagonale, sur la base du mandat d’arrêt international lancé par l’Italie et l’Algérie contre ces deux individus, qui vient de tomber sur une piste fort intéressante, si l’on en croit le magazine «jeune Afrique».

Celuici, dans son édition d’hier, révèle en effet que concernant «l’homme d’affaires algérien, Farid Bedjaoui, suspecté d’être l’un des principaux protagonistes du scandale Sonatrach, et alors qu’il est toujours en fuite, c’est la justice française qui s’est mise, elle aussi, sur sa trace.

Avec quelques succès.» En effet, peut-on encore lire, «lancée en mai 2013 par le parquet de Nanterre, l’enquête pour blanchiment de capitaux, visant les biens en France d’un certain nombre de hauts responsables algériens, progresse à grands pas.»

Le même article révèle ainsi que «deux immeubles et un appartement que Farid Bedjaoui (…) possède dans le 16e arrondissement de Paris, ont été perquisitionnés par des policiers français et italiens et mis sous scellés.» Il est certain, donc, que cette mise sous scellés peut signifier que des preuves tangibles ont dû être découvertes.

Il n’est pas exclu donc que l’on aille vers de nouvelles révélations dans les prochains jours, s’il y a des fuites à partir des magistrats enquêteurs français et italiens. En attendant, «les comptes bancaires de Bedjaoui, contre qui deux mandats d’arrêt internationaux ont été lancés, ont également été bloqués dans la foulée. ».

Les enquêteurs français, qui ont reçu d’importants documents du Luxembourg, où sont domiciliées certaines sociétés du «businessman», ont par ailleurs découvert l’existence d’une villa à Ramatuelle, près de Saint-Tropez, dont la vente a été bloquée in extremis.

Bedjaoui, qui se sait traqué un peu partout à travers la planète, cherche donc à revendre ses biens immobiliers avant que ces derniers ne soient saisis et placés sous scellés.

Une équipe d’enquêteurs du pôle judiciaire du parquet de Nanterre devrait également se rendre prochainement à Alger pour solliciter la collaboration des autorités de notre pays.

Au rythme où vont les évènements, il n’est même pas exclu que l’on débouche un jour sur des scandales nouveaux et en chaîne, impliquant forcément d’autres hauts responsables aussi bien en Algérie qu’à l’étranger.

Khelil et Bédjaoui, en effet, n’ont jamais pu agir seuls (avec la seule complicité de quelques hauts cadres de la Sontrach) pendant si longtemps sans jamais se faire alpaguer, jouissant d’une totale impunité, au point où cet ancien ministre, dit-on, aurait même réussi à quitter le territoire national, via le salon d’honneur de l’aéroport d’Oran, pour aller se réfugier aux USA, dont il détient la nationalité.

Wassim Benrabah

MANDAT D’ARRÊT CONTRE CHAKIB KHELIL: LA DGSN S’EXPLIQUE

Près de deux mois après le lancement du mandat d’arrêt international contre l’un des principaux accusés dans l’affaire de corruption dite Sonatrach 2, des zones d’ombre planent toujours sur ce dossier.

Et pour cause, les noms de l’ancien ministre de l’Énergie et des Mines, Chakib Khelil, et huit autres personnes soupçonnées d’implication dans le scandale de corruption à Sonatrach, ne figurent pas dans le site internet d’Interpol.

Pourtant, lors d’une conférence de presse convoquée d’urgence le 12 août dernier, le procureur général de la Cour d’Alger avait annoncé le lancement d’un mandat d’arrêt international contre l’ancien ministre de l’Énergie et huit autres personnes soupçonnées d’implication dans ce scandale de corruption.

Selon le directeur de la Police judiciaire à la DGSN, Abdelkader Kara Bouhadba, qui s’exprimait en marge d’une conférence d’Interpol à Oran, cette « anomalie» s’explique du fait qu’en Algérie on respecte la présomption d’innocence.

«En consultant le site d’Interpol, vous n’avez pas trouvé ces mandats pour une raison simple. En Algérie, contrairement à ce qu’on croit, on respecte le principe de présomption d’innocence, quelqu’un n’est pas coupable jusqu’au moment où il est condamné», a-t-il expliqué à TSA.

Questionné sur l’exécution du mandat d’arrêt, pour savoir s’il est effectif, M. Kara dira : «Pour l’exécution du mandat d’arrêt, les États sont souverains. L’Algérie a le droit d’arrêter quelqu’un ou de l’intercepter suite à un mandat d’arrêt international et de voir qu’il n’y a pas lieu de l’extrader vers un autre pays, c’est un acte de souveraineté», répond-il.

Mais, Chakib Khelil, qui se trouve aux États-Unis, jouit toujours de sa liberté. «Il faut demander au pays où il se trouve », répond M. Kara. Par ailleurs, ce responsable de la DGSN indique que l’Algérie a diffusé ce mandat au niveau national et international.

« Dans ce cas de figure comme pour les autres, nous avons diffusé le mandat de justice au niveau national et international, suivant les procédures internationales édictées par la loi et suivant les procédures en matière de l’organisation internationale de police criminelle. Le travail a été fait dès qu’on a reçu les documents», affirme M. Kara, également délégué pour l’Afrique au comité exécutif d’Interpol.

Rappelant que le procureur général de la Cour d’Alger, Belkacem Zerm ati, avait également déclaré le 12 août dernier qu’il a été procédé au gel des avoirs de la famille de l’ex ministre de l’Energie et des Mines et à la mise sous scellé de leurs biens immobiliers, ainsi que des personnes incarcérées dans le cadre de cette affaire.

Il a fait savoir aussi que, parmi les 22 inculpés dans l’affaire Sonatrach 2, figurent deux personnes morales, à savoir Saipem Algérie et Orascom industrie.

«Nous sommes devant un réseau international organisé qui reçoit des pots-de-vin en contrepartie de facilitations en faveur des opérateurs économiques étrangers pour leur offrir des contrats juteux avec Sonatrach», avait en outre indiqué le procureur général de la Cour d’Alger.

Younes Guiz