Il est l’auteur de l’inoubliable Soub’hane Allah ya Eltif
L’artiste surfait ainsi avec aisance entre le militantisme, le journalisme, la poésie, les arts plastiques, la musique et la politique.
On le connaît surtout pour être le parolier de la célèbre chanson Soub’hane Allah ya Eltif, merveilleusement interprétée par le maître inégalé, l’icône du chaâbi, El Hadj M’hamed El-Anka. Le poète de la Casbah s’en est allé sans crier gare dans la nuit de mardi à mercredi à l’hôpital Mustapha-Pacha (Alger) des suites d’une longue maladie. «Il fallait produire une oeuvre qui marque notre époque (fin des années 1960 et 1970), c’est ce qui m’a poussé à créer Soub’hane Allah ya Eltif et sur insistance d’El Anka durant plusieurs années», avait déclaré un jour Mustapha Toumi à la presse. Et de renchérir: «C’est l’insatisfaction politique, la transformation sociale brusque et l’inversion des valeurs qui m’ont fait inspirer la qacida (Soub’hane Allah ya Eltif)», avait affirmé cet artiste qui a également écrit pour Mohamed Lamari, Warda El Djazaïria et Myriam Makeba. Né le 14 juillet 1937 à la Casbah d’Alger, Mustapha Toumi, était un artiste tout à la fois parolier, compositeur, poète et même peintre. Mustapha Toumi, originaire de Bordj Menaïel, était le père de six enfants dont deux filles et quatre garçons. «Mon père peignait des toiles qu’il conservait jalousement à la maison et n’avait jamais pensé à les vendre. Il ne les a jamais exposées», a confié Imane, sa fille cadette. Ses centres d’intérêt étaient divers et multiples, selon elle. Il s’apprêtait même à publier un ouvrage sur l’histoire et les origines de la langue amazighe avant que la mort ne l’emporte. Artiste engagé, il milite dans les rangs du FLN et participe en 1958 à «La voix de l’Algérie libre et combattante» (radio clandestine). Après 1962, il est responsable des affaires culturelles au ministère de l’Information et responsable au parti du FLN. Parallèlement, il a collaboré à plusieurs journaux et revues.
Il est l’initiateur de plusieurs manifestations culturelles d’envergure internationale organisées en Algérie. En 1990, alors qu’il a 53 ans, il crée un parti politique qui ne fera pas long feu par manque d’adhésion populaire. Mustapha Toumi surfait ainsi avec aisance entre le militantisme, le journalisme, la poésie, les arts plastiques, la musique et la politique comme le faisait si bien son chanteur préféré, El-Anka, entre les différents modes de la musique chaâbi (ghrib, sihli, djarka et aârek…).
Militant engagé, jaloux de son Algérie et maniant bien le verbe pour avoir travaillé à la radio et publié ses poèmes dans le journal Alger Républicain, il tentait d’expliquer ses opinions politiques, à travers les plateaux de la télévision algérienne et la radio, au moment où le pays allait sombrer dans la décennie la plus douloureuse et la plus meurtrière depuis l’indépendance. Il se consacra, depuis sa retraite, à l’écriture et comptait éditer un ouvrage relatant sa riche expérience dans des domaines aussi variés que la culture et la politique. Le compositeur sera enterré, aujourd’hui, au cimetière d’El Kettar à Alger.
Un dernier hommage lui sera rendu, aussi en matinée, a-t-on appris par le représentant du ministère de la Culture, au palais de la Culture, plateau des Annassers.
O. H.