Pour le représentant du leader mondial de l’informatique, l’Algérie doit vite combler son déficit en compétences afin de permettre une mise à niveau effective de ses entreprises dans le domaine des NTIC. Un chantier qui lui tient particulièrement à cœur en tant que citoyen algérien…
Venu présenter hier ses projets de développement local, ainsi que sa stratégie de soutien au développement du pays au travers de son Algeria National Plan, Mourad Naït Abdesselam, directeur général de Microsoft-Algérie a souligné hier au Forum de Liberté sa détermination à accompagner l’Algérie dans son besoin de diversifier son économie. “Je ne suis pas aveugle et je ne suis pas sourd. Je connais les difficultés du pays. Après l’or noir, l’Algérie a de la matière grise, qu’elle devra capitaliser. C’est cet aspect du futur qui nous intéresse”.
Enfant du cru, Mourad Naït Abdesselam, qui se prévaut d’“une responsabilité citoyenne est un informaticien issu de l’USTHB de Bab-Ezzouar et s’estime, à ce titre, complètement impliqué par les impératifs de développement de son pays. Construit autour des priorités actuelles de l’Algérie, ce plan Microsoft vise en priorité, selon lui, à soutenir l’éducation et le développement des compétences pour l’employabilité, d’un côté, et l’accompagnement des PME/PMI dans leur développement et l’amélioration de leur compétitivité, dans le cadre du plan du gouvernement en relation avec le volet développement économique du pays.
“Nous avons défini, il y a 3 ans, un plan qui s’articule autour de 3 axes importants pour le pays en termes de compétitivité, à savoir l’éducation, l’employabilité et l’accompagnement de la PME/PMI, autant de priorités pour l’Algérie”. Pour lui, on ne peut imaginer ces trois axes évoluer ensemble sans la pierre angulaire qu’est la formation. “Ce n’est pas spécifique à l’Algérie mais le credo de Microsoft depuis au moins vingt ans porte sur un programme Partner e-leraning qui a permis d’initier jusque-là plus de 10 millions d’éducateurs avec un impact de 200 millions d’élèves.
Le réseau d’éducateurs formés représente près de 5 millions et touche plus de douze mille écoles dans le monde.” Ce programme dispensé notamment par Skype, une propriété de Microsoft va connaître d’ici à fin 2014, une sérieuse transformation avec l’introduction du “translator” qui permet, apprend-on, une traduction simultanée dans de nombreuses langues. “Même pour tamazight qui est déjà sur Windows 8”, a-t-il précisé. “La richesse se crée par l’innovation”, rappellera-t-il en soulignant que l’éducation reste “une préoccupation omniprésente” de la firme créée par Bill Gates, aujourd’hui, l’homme le plus riche du monde.
L’objectif de l’employabilité des informaticiens
Avec 30 collaborateurs en Algérie et un réseau de près de 300 partenaires, le patron de Microsoft se dit en mesure de promouvoir aujourd’hui de nombreuses initiatives en direction de ses clients et les différentes institutions notamment le ministère de l’Éducation nationale avec lequel il affirme travailler, en bonne intelligence. “Notre stratégie s’appuie sur 3 piliers : équiper, former, innover. Un informaticien qui sort de Bab-Ezzouar possède des bagages théoriques mais pour s’intégrer dans le monde du travail et rejoindre une équipe de système d’information, il a besoin d’être opérationnel”. Il révélera, ainsi, que “les certifiés Microsoft” réussissent à trouver un emploi dans le mois qui suit.
“Certains sont même capables de développer des applications.” Dans le volet formation, Microsoft-Algérie mise également sur “les classes du futur”, un concept introduit à titre d’expérience-pilote dans une école à Kouba à Alger. Il estime que les disparités régionales sont plus accentuées en Algérie que certains pays et cela compte tenu de son étendue. Il révélera que grâce au programme Digital Caravan plusieurs écoliers de l’intérieur du pays ont pris connaissance pour la première fois, avec “la machine”. “L’Algérie est un pays vaste.
Ce n’est pas spécifique à notre pays, mais il existe des disparités régionales notamment pour des raisons géographiques. La technologie permet justement de réduire cette fracture.” De même les enfants malades disposent, annonce-t-il, d’une formation spécifique appelée Hospitals Digital Classrooms. Il annoncera, enfin, plusieurs applications pour l’éducation nationale comme par exemple apprendre l’alphabet de manière ludique. Il reconnaît néanmoins un certain “déficit de compétences” qu’il va falloir compenser rapidement en développant des programmes notamment avec le secteur de l’enseignement supérieur. “Tout est lié : on ne peut sortir de l’université avec uniquement des aspects théoriques.” En matière d’employabilité, Microsoft veut faire en sorte que tous les primo-demandeurs d’emplois et diplômés en informatique (techniciens supérieurs et ingénieurs) puissent trouver un travail.
Pour l’invité du Forum de Liberté, il s’agit également de favoriser l’entrepreneuriat en Algérie à travers le programme Youth Spark (étincelle de la jeunesse) initié avec l’Agence nationale de l’emploi (Anem). “L’emploi apporte non seulement la sérénité au pays mais il permet également aux jeunes de contribuer à l’édification du pays, une tâche exaltante, s’il en est.” Pour M. Naït Abdesselam, l’objectif de Microsoft est de “développer des compétences”. D’après lui, la certification Microsoft apporte surtout aux demandeurs d’emplois de la valeur et leur ouvre de nouvelles perspectives. Il compte lancer ainsi 14 IT Academy Microsoft à travers le pays. Installé en Algérie depuis 2002, Microsoft s’attelle, d’après lui, à mettre en place un partenariat multiforme. Le segment des entreprises (corporate) accapare, d’après l’orateur, l’essentiel de ses activités.
Outre les grandes entreprises stratégiques (énergie, téléphonie, mobile, etc.), les fabricants d’ordinateurs sont ses clients attitrés. “Le développement économique se fait par la création d’entreprises. La gestion intégrée apporte une valeur ajoutée en matière d’automatisation afin que l’entreprise se recentre sur son cœur de métier. Nous voulons que les entreprises algériennes soient plus compétitives en étant munies d’outils informatiques performants. Il s’agit aussi d’armer nos entreprises pour entrer dans l’arène de l’Organisation mondiale du commerce où la concurrence est impitoyable.” S’insérant dans le colossal programme de mise à niveau piloté par l’Agence nationale de développement de la PME, Microsoft-Algérie entend bien jouer les premiers rôles en matière de modernisation des systèmes d’information des entreprises algériennes souscriptrices.
Interrogé, par ailleurs, sur la contrefaçon en Algérie, l’orateur se montrera plutôt “tolérant”. Jugeons-en : “C’est un fléau mondial avec une ampleur inégale selon le pays.” Il annoncera que le taux de piratage recensé en 2011 en Algérie était de 84% de logiciels Microsoft piratés. “Les lois de la protection de la propriété intellectuelle ne sont pas aussi développées en Algérie que dans certains pays moins touchés par la contrefaçon. Il ne s’agit pas non plus de dresser un tableau noir car il y a un travail avec l’Office national des droits d’auteur et droits voisins (Onda) qui se fait.
” Windows étant le système d’exploitation le plus utilisé au monde, il est également le plus copié. “Il n’y a pas de logiciel infaillible, il faut constamment corriger, fermer les portes…”, explique-t-il avant d’insister longuement sur les avantages qu’il y a à acheter des licences officielles pour éviter le danger “des portes dérobées” et autres virus-espions. Par ailleurs, Microsoft participe à la Foire internationale d’Alger qui s’est ouverte hier, sous le pavillon américain, invité d’honneur de cette édition. L’invité de Liberté saisira cette opportunité pour lancer à la fin du forum un message à qui de droit : “Microsoft est une vraie filiale en Algérie. On est là et on restera là !”
M.-C. L.
Bio-express
Mourad Naït Abdesselam, 46 ans est directeur général de Microsoft Algérie depuis mars 2011. Ingénieur de formation, diplômé de l’USTHB, puis de l’Université Pierre-et-Marie-Curie (Paris VI). Avec une longue carrière de 15 années au sein du leader mondial de l’informatique, Naït Abdesselam a occupé des postes de leadership dans plusieurs pays et dans plusieurs départements, avant de prendre la direction de Microsoft-Algérie. Commençant par le Consulting au sein de Microsoft-France, puis la direction du département services de la région Afrique du Nord, Méditerranée orientale et Pakistan, il a occupé notamment la direction commerciale du département grands comptes régional à Dubaï, juste avant de rejoindre Alger.