Pour lancer la rentrée scolaire 2014-2015 hier, le gouvernement a choisi Ghardaïa. Mme Benghebrit, accompagnée d’une délégation de cadres de son ministère et de représentants de la presse, a effectué une visite dans plusieurs établissements scolaires de la wilaya.
Fait inhabituel : la délégation ministérielle comptait également des représentants syndicaux. “Tous ont répondu à l’appel de la ministre sauf le CLA et le Satef”, a expliqué Ider Mohamed, conseiller auprès de la ministre, chargé des partenaires sociaux. Mais cette visite de travail s’est, en réalité, déroulée tout autour du chef-lieu de la wilaya de Ghardaïa.
Le choix des établissements scolaires à visiter par la délégation ministérielle ne reflète pas la réalité de la situation vécue par la population locale. Alors que la ministre lançait la rentrée dans un lycée de la commune d’El-Attef, au moins douze établissements scolaires situés dans différents quartiers du chef-lieu de la wilaya de Ghardaïa étaient bloqués par des parents d’élèves en colère, selon plusieurs sources concordantes, parmi lesquelles le directeur de l’éducation de la wilaya et plusieurs responsables syndicaux.
Les témoins évoquent des blocages, entre autres, à Touzouz, Belghnem et Souk Lahteb. Ces multiples sources locales racontent que les parents d’élèves ibadites ont empêché leurs enfants d’aller à l’école et bloqué l’accès aux établissements en brandissant des pancartes sur lesquelles est inscrit : “Non aux enseignants malékites à Ghardaïa”.
Selon ces mêmes sources locales, ces parents exigent le remplacement des enseignants actuels par des membres de leur communauté. “Certains sont même venus avec des listes de noms de personnes qu’ils veulent voir remplacer les enseignants”, raconte Sadek Dziri, représentant du syndicat autonome Unpef qui estime qu’il s’agit là “d’un déni de l’administration”. Des faits que les journalistes embarqués dans la délégation ministérielle n’ont pas pu constater de visu.
Une rentrée placée sous le signe de l’unité nationale
Même au plus fort des malheureux évènements qu’a connus Ghardaïa, la commune d’El-Attef a toujours été épargnée. Selon les témoignages des habitants de la région, El-Attef est un k’sar où cohabitent les deux communautés dans une totale sérénité. Drôle de choix de visite lorsqu’on vient plaider l’unité nationale. C’est pourtant sur ce point précis qu’a insisté la ministre dans son discours d’ouverture. “Je vous souhaite à tous d’entamer cette nouvelle année scolaire sous le slogan : l’apprentissage de la citoyenneté pour renforcer l’unité nationale”, a-t-elle commencé par dire.
Mme Benghebrit a ensuite dévoilé les principaux axes du plan quinquennal 2014-2019 qu’elle compte mettre en œuvre. Elle identifie plusieurs défis auxquels doit faire face l’école algérienne : “lutter contre le redoublement et l’échec scolaire, éradiquer la violence en milieu scolaire, améliorer la formation des formateurs, adapter les modes de gestion à la vie scolaire et enfin, rattraper le retard accusé dans le déploiement des TIC à l’école”.
“La priorité sera accordée au cycle primaire”, a-t-elle annoncé. Sur le plan pédagogique, la ministre préconise le retour aux cinq fondamentaux : “la maîtrise de la lecture, de l’écriture, du calcul et l’ouverture vers les langues étrangères ainsi que les nouvelles technologies de l’information et de la communication”. De même, elle a indiqué qu’une importance particulière sera accordée au travail des inspecteurs. Mais cette ambitieuse entreprise ne peut être menée jusqu’à son terme, tant que la tutelle fait mine d’ignorer le problème communautaire qui divise la région.
A. H.