Mesbah comme un poisson dans l’eau à Milan

Mesbah comme un poisson dans l’eau à Milan

C’est incontestable, Djamel Mesbah s’est aussi bien adapté à sa nouvelle ville qu’à sa nouvelle vie de joueur de l’AC Milan. Jeudi passé, il a bien démontré, contre la Lazio de Rome, surtout en deuxième mi-temps, qu’il a pris ses repères parmi ses nouveaux coéquipiers. Même à Milanello, c’est déjà un habitué des lieux. A Milan, la ville, il est même capable de servir de guide !

La journée commence à 11h00

La journée à Milanello pour Djamel Mesbah commence généralement aux alentours de 11h00. Tout comme ses coéquipiers, il doit être dans le vestiaire une demi-heure avant le début de la séance d’entraînement (programmée généralement, sauf rares exceptions, pour midi). Le temps de se communiquer l’ordre du jour (des rendez-vous éventuels avec les médias, le type d’équipement à arborer, d’éventuels soins après la séance d’entraînement…) et c’est direction le vestiaire pour se préparer. Même s’il est réservé de nature, il a appris à discuter avec certains joueurs. En tout cas, nous l’avons constaté de visu, il a été adopté par tout le monde et tous ses coéquipiers l’ont mis à l’aise depuis son arrivée.

Des entraînements très tactiques à huis clos

L’entraînement en lui-même est celui d’une équipe de haut niveau : une séance physique pour commencer dans la salle de gym ultramoderne qui fait, entre autres, la réputation de Milanello, des exercices avec ballon où l’accent est mis sur le volet tactique (la spécialité du pays) et sur l’intensité, des séances vidéo le cas échéant et, surtout, beaucoup de travail au tableau. Bien sûr, haut niveau oblige, la majorité des séances d’entraînement se déroulent à l’abri des regards. Lorsque le huis clos est décidé, les terrains exposés aux regards sont entourés de bâches de couleur sombre accrochées au grillage. Sinon lorsque l’entraînement est top secret, car précédant un match de très haute importance, il existe un terrain retiré entouré d’une enceinte en béton haute de 6 mètres !

Plusieurs visites à Côme pour des contrôles dentaires

Une fois l’entraînement terminé, place aux activités annexes liées au club. Ces derniers jours, Djamel Mesbah est en train de subir des examens approfondis sur tous les organes de son corps afin de régler tous les petits bobos. Ainsi, il a été emmené à Côme, ville située sur la frontière italo-suisse où se trouve le centre dentaire conventionné avec l’AC Milan, pour des contrôles dentaires approfondis. On l’a écrit à plusieurs reprises dans ces colonnes, en Italie, la santé du joueur est un sujet très sérieux, surtout que cela influence ses performances sur le terrain.

En attendant sa famille, Mohand lui tient compagnie

Une fois toutes ses obligations professionnelles accomplies, Mesbah se consacre à sa famille et à ses amis. Pour sa famille, c’est encore à distance puisqu’elle n’est pas encore avec lui (il n’a pas encore fixé son choix sur la maison qu’il habitera), mais on imagine son bonheur à demander les nouvelles de son épouse et de ses enfants, surtout le dernier venu, Zakaria, qu’il n’a vu que durant deux jours. Il lui reste heureusement ses amis pour lui tenir compagnie. Ce ne sont pas des amis de circonstance, qui montrent le bout du nez aujourd’hui qu’il a une notoriété internationale, mais de vrais amis, qu’il a connus quand lui était méconnu, voire inconnu et qui lui sont restés fidèles et loyaux. A leur tête, Mohand Bouchaïr, fidèle parmi les fidèles, qui l’a accompagné à Milan et qui a mis entre parenthèses ses affaires professionnelles afin d’être à ses côtés, le temps de lui permettre de prendre ses repères.

Un vrai ami

des mauvais moments, comme du temps où ils étaient au Servette

Mohand a connu Djamel au Servette de Genève il y a une dizaine d’années. Le premier figurait dans l’effectif professionnel alors que le second était encore au centre de formation. Malgré la légère différence d’âge, ils se sont découvert un point commun : l’Algérie. C’était plus qu’un point commun, un véritable lien qui leur a fait traverser beaucoup d’épreuves en se soutenant mutuellement. C’est que, tout comme Mesbah, Mohand a vu sa carrière professionnelle émaillée par les blessures. Il a joué en Suisse

(au Servette et aussi au Grasshopper de Zurich), mais aussi en Tunisie. Depuis le premier jour où il avait vu Mesbah jouer, il avait été convaincu qu’il avait un potentiel et, depuis, a toujours cru en lui. Jeudi passé, c’est en tremblant, stressé comme personne, qu’il a suivi, au stade de San Siro, le match Milan-Lazio. Il fallait voir son bonheur à la fin du match et le lendemain en lisant les louanges de la presse italienne spécialisée à l’égard de son ami.

Promenades le soir à Duomo

Comme la facilité d’adaptation est une seconde nature chez Mesbah, il s’est déjà adapté à la ville de Milan. Déjà, il connaît comme sa poche Duomo, le quartier phare du centre-ville où trône la cathédrale de Milan, parvenant facilement à se repérer entre ses innombrables rues et ruelles. Il s’y promène presque chaque soir avec Mohand, profitant de la présence temporaire de ce dernier pour discuter et manger ensemble. Pour son grand bonheur, il peut encore y circuler sans se faire reconnaître car le quartier est fréquenté majoritairement par les touristes. On dit «pour son bonheur» car, pour l’avoir côtoyé, nous pouvons attester qu’il est réellement humble et effacé, n’aimant pas trop l’exposition médiatique. Il est même plutôt cultivé et cartésien, des qualités rares chez un footballeur. Sa curiosité scientifique l’a poussé à se documenter sur la ville, son histoire, ses symboles… Il le fait très naturellement, comme si c’était un devoir.

«Transmettez mes salutations à Zighoud-Youcef, El Harrouch, Collo et à tous les Algériens !»

Mesbah se fait aussi un autre devoir : dédier les beaux moments qu’il est en train de vivre à tous Algériens. «Si je fais tout ça, c’est aussi pour eux et grâce à eux. Par l’occasion, transmettez mes chaleureuses salutations à tous les habitants de Zighoud-Youcef, la commune où je suis né, El Harrouch, d’où est originaire mon père, et Collo, la commune d’origine de ma mère», nous a-t-il confié. C’est fait ! De notre côté, nous avons transmis à Djamel Mesbah, durant les différentes fois où nous l’avions rencontré à Milan, la grande fierté que ressent le peuple algérien de voir l’un des siens évoluer au plus haut niveau du football et l’espoir qu’il pourra passer à une autre étape : remporter des titres.

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Mesbah ne veut pas du statut de star

Allez dire à Djamel Mesbah qu’il est devenu une star en Algérie, que tout le monde parle de lui, qu’on l’attend au prochain stage avec impatience… Il ne vous croira jamais. Non pas qu’il mette en doute votre parole, mais, tellement habitué à être discret, voire effacé, il croit que le boucan provoqué par son transfert à l’AC Milan est exagéré. C’est que ce n’est pas après une dizaine d’années de «rasage des murs» qu’on peut accepter facilement d’avoir une notoriété.

Les multiples blessures lui ont appris la discrétion

Si Mesbah a cultivé le goût de la discrétion, c’est parce que le cheminement de sa carrière n’a jamais été de tout repos. Joueur au talent incontesté et incontestable depuis son jeune âge, il a eu par trois ou quatre fois l’occasion d’exploser pour de bon, de sauter plusieurs caps à la fois et de se mettre enfin sous les feux des projecteurs, mais il a trouvé à chaque fois sur son chemin cet ennemi impitoyable, sournois, qui frappe toujours là où on ne l’attend pas et qui a brisé la carrière de pas mal de sportifs : la blessure. Alors qu’il effectuait des essais au FC Barcelone, il a été blessé ; bien lancé au FC Bâle, qui jouait à l’époque les compétitions européennes, il a été blessé encore plus gravement ; après s’être bien relancé au FC Aarau, il est de nouveau blessé une fois transféré au FC Lucerne…

Il s’est tu, il s’est battu et il est revenu

A chaque fois, il lui avait fallu repartir de zéro et faire ses preuves de nouveau. Karim Matmour et Madjid Bougherra ne s’y sont pas trompés en nous déclarant, au sujet de transfert de Mesbah à l’AC Milan, que le joueur «s’est montré patient et a travaillé sans faire de bruit». Oui, il en a fallu de la patience pour se relancer à chaque fois après de longues périodes d’inactivité. On peut le faire une fois, deux fois, avant de se lasser, voir de se résigner. Le défenseur algérien ne s’est jamais lassé. A chaque fois, il s’est tu, il s’est battu et il est revenu. Plus même, il est revenu cette fois encore plus fort qu’il ne l’était… Preuve que, comme l’a si bien dit Matmour, la patience et le travail payent toujours quand on a le potentiel.

Deux saisons sans pépins physiques lui ont suffi

Une indication intéressante à ce sujet, il a fallu à Mesbah enchaîner deux saisons sans trop de pépins physiques et, surtout, sans blessure grave pour démontrer à tous les observateurs à quel point il est doué. Il lui a suffi d’être régulier dans ses prestations pour se faire remarquer. Le capitaine des Verts, Anthar Yahia, ne s’y est pas trompé lui aussi en formulant un seul souhait : «Inch’Allah, il sera épargné par les blessures.» Connaissant très bien le passé de son coéquipier, il est parfaitement conscient que seules des blessures pourraient l’empêcher de continuer à aller de l’avant. Sinon, pour la volonté et le talent, on peut compter sur lui.

«Moi, on va scander mon nom ? Mais je n’ai rien fait pour !»

On n’en est pas encore là et le joueur le sait. C’est pour ça qu’il veut être le plus discret possible, que ce soit parmi ses coéquipiers en sélection ou auprès du public. C’est l’archétype de l’anti-star, très peu à l’aise face aux projecteurs et partisan de se fondre dans la foule. Non pas qu’il rejette l’amour des siens, mais il préfère faire son travail en homme de devoir, puis rentrer chez lui retrouver sa petite famille avec juste le sentiment du devoir accompli. Quand on dit à Mesbah qu’il y a de fortes chances de voir son nom scandé par les supporters algériens à sa prochaine venue au pays, il reste incrédule. «Moi, on va scander mon nom ? Mais je n’ai rien fait pour !» Non, il n’a rien fait, si ce n’est de signer dans l’un des plus grands clubs du monde, d’évoluer aux côtés de champions du monde et d’Europe et de jouer cette saison pour tenter de remporter le championnat de Serie A, la Coupe d’Italie et/ou la Ligue des champions. Trois fois rien.

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Inzaghi marginalisé, Zambrotta en difficulté, Nesta pas indispensable

Milan, un univers impitoyable !

Comment plusieurs stars de niveau mondial peuvent-elle cohabiter dans un seul et même club ? La question a souvent interpellé les sociologues (et pas seulement dans le domaine du football), soucieux de savoir ce que peut engendrer la confrontation de plusieurs egos dans un même espace d’activités. Il y a quelques années, le Real Madrid avait donné la preuve que l’addition de plusieurs stars mondiales (Fabio Cannavaro, Sergio Ramos, Roberto Carlos, David Beckham, Zinédine Zidane, Luis Figo, Raul, Robinho, Ronaldo…) ne peut pas forcément donner une équipe homogène. Est-ce le cas à l’AC Milan qui recèle en son sein des champions du monde (Marco Amelia, Alessandro Nesta, Gianluca Zambrotta, Massimo Ambrosini, Gennaro Gattuso, Filippo Inzaghi) et des champions d’Europe (Christian Abbiati, Clarence Seedorf, Zlatan Ibrahimovic) ?

Allegri donne une chance à tout le monde

Selon des habitués de Milanello, le centre d’entraînement de l’AC Milan, l’ambiance est plutôt cordiale entre les joueurs. Il n’y a jamais eu d’incidents ou de sautes d’humeur entre les joueurs depuis la bagarre très médiatisée qui avait opposé le 5 novembre 2010 Zlatan Ibrahimovic à son coéquipier de l’époque, Oguchi Onyewu. Ce n’est pas parce que le règlement intérieur l’interdit sous peine de sanctions, mais c’est bien grâce à l’équité dont fait preuve l’entraîneur Massimiliano Allegri dans l’utilisation de ses joueurs. En effet, chacun des 25 joueurs du groupe professionnel a eu sa chance au moins une fois depuis le début de la saison, à l’exception des blessés. De plus, il veille personnellement à ce qu’il n’y ait pas de tensions entre les joueurs.

Même le légendaire Inzaghi joue très peu

Si l’ambiance est globalement familiale, il n’empêche qu’il y a parfois des mécontentements qui s’expriment d’une manière ou d’une autre. C’est le cas, par exemple, de Filippo «Pipo» Inzaghi, peu utilisé cette saison et qui avait même été dit comme partant lors de ce mercato. Déjà qu’il ne supporte pas de s’être vu ravir la vedette en attaque par Ibrahimovic, Robinho et Pato, voilà que même le jeune Stephan El Shaarawi bénéficie de plus de temps de jeu que lui ces dernières semaines. Sachant que Antonio Cassano, qui a été opéré du cœur il y a quelques mois, pourrait bientôt revenir et qu’un nouvel attaquant, Maxi Lopez, vient d’être recruté au prix fort, il a compris fort bien que ses chances de jouer souvent sont très réduites, malgré le soutien que le public lui témoigne à chaque fois. Alors, irrité, il manifeste sa colère souvent en ne s’arrêtant que très rarement au portail de Milanello pour signer des autographes aux supporters en attente. Il préfère s’en aller en trombe, le visage fermé.

Seedorf, qui pèse 4 Ligue des champions, n’a joué que la moitié des matches

C’est ça l’univers impitoyable de l’AC Milan : seule la performance du moment compte. On a beau avoir un palmarès de rêve fait de titres nationaux, européens et mondiaux, on est mis sur la touche une fois qu’on n’est plus assez compétitif. Gianluca Zambrotta, autre joueur très titré du football italien, est en train de vivre la même situation depuis quelque temps, plus particulièrement depuis sa prestation terne face à l’Inter et qui avait révélé à quel point son âge avancé a déteint sur sa vitesse d’exécution et sur sa capacité à terminer ses matches sur le même rythme. Alessandro Nesta n’en est pas encore là, mais il n’en est pas loin puisqu’il joue moins souvent que la saison passée au profit de Thiago Silva et de Philippe Mexès, preuve qu’il n’est plus indispensable comme par le passé. Même Clarence Seedorf, du haut de ses 4 Ligues des champions gagnés avec 3 clubs différents (2 avec l’AC Milan), n’a pas été titularisé dans plus de la moitié des matches disputés par le club depuis le début de la saison.

Au Milan, seule la vérité du jour compte

Djamel Mesbah connaît donc la règle : travailler, progresser, être régulier et, surtout, le plus important, être constamment performant. Ça se passe comme ça à Milanello. Cela rassure sur un point : le nom n’est pas le premier critère pour le choix des onze participant aux matches. Seule la vérité du jour compte. Le défenseur algérien ne doit donc nourrir aucun complexe. Son travail en semaine à l’entraînement sera l’un des deux seuls référents (le second étant la particularité de l’équipe adverse) pour Allegri dans son choix des éléments à faire jouer. Donc, que Mesbah se rassure : à l’AC Milan, quand on est compétitif, c’est jouable !

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Mesbah, un vrai espoir pour Meghni

Mesbah a été victime de trois blessures méchantes dans sa carrière, mais il a pu à chaque fois revenir. Il lui a suffi de réaliser deux saisons sans blessure grave pour se faire remarquer par l’AC Milan et y être recruté. Cela démontre bien que les blessures, même graves, ne sont pas rédhibitoires. L’AC Milan a connu deux exemples de blessés de longue durée qui étaient plus ou moins bien revenus à la compétition : Gianluigi Lentini, gravement touché aux ligaments du genou, dans les années 90 et Alessandro Nesta, éloigné des terrains durant une année à cause de problèmes au dos, il y a deux ans. Gennaro Gattuso pourrait, lui aussi, bien revenir alors qu’il est blessé à l’œil depuis 5 mois. Tout cela constitue un motif d’espoir pour un autre joueur algérien : Mourad Meghni. Victime de blessures à répétition, ce dernier a des chances de revenir sur les terrains s’il fait preuve, comme Mesbah, de patience et de foi en Dieu. Il lui suffit juste de continuer à travailler et de ne jamais renoncer.

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San Siro et Giuseppe-Meazza, c’est kif-kif

Quand on évoque le stade de l’AC Milan, un nom vient immédiatement à l’esprit : San Siro. Ce n’est pas faux puisque c’est sous cette appellation que le club milanais nomme l’enceinte dans laquelle il reçoit ses adversaires. En vérité, le nom officiel de ce stade, tel qu’il figure dans les adresses postales et les cartes topographiques et touristiques de la ville, est Giuseppe-Meazza, du nom d’un ancien international italien des années 30, vainqueur notamment de deux titres de champion du monde, mais qui évoluait à l’Inter de Milan, le club rival. Comme l’AC Milan, pointilleux sur les formes, ne veut rien évoquer de ce qui touche à l’Inter, il ne nomme jamais son stade Giuseppe-Meazza dans ses documents et correspondances officiels, préférant celui de San Siro du nom du quartier où le stade est situé.

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Les maillots de Mesbah bientôt commercialisés

Une dizaine de jours après avoir eu la signature de Djamel Mesbah, l’AC Milan, et trois jours après son premier match sous ses nouvelles couleurs, les maillots floqués de son nom ne sont toujours pas commercialisés dans les boutiques officielles du club. Seuls les amateurs de contrefaçon (ils sont nombreux en Italie) ont mis de faux maillots de lui sur les étals. En fait, l’équipementier du club, Adidas, attend que le mercato soit terminé pour fournir les maillots de tous les nouveaux joueurs recrutés. Jusqu’à maintenant, il y a eu Mesbah et les milieux de terrain, Alexander Merkel et Rodney Strasser, auxquels vient de s’ajouter l’attaquant, Maxi Lopez.