Sans jamais prononcer le nom du 45e président des États-Unis, l’actrice américaine n’a cessé de critiquer son comportement et ses discriminations.
Meryl Streep a reçu ce dimanche 8 janvier le Cecil B. DeMille Award aux Golden Globes, une récompense attribuée chaque année à un artiste pour « sa contribution exceptionnelle au monde du divertissement ».
L’actrice américaine de 67 ans a accepté cet award présenté par Violas Davis sur la scène du Beverly Hilton Hotel et a saisi l’occasion non pas pour parler de sa carrière ou remercier son entourage mais afin de critiquer l’attitude de Donald Trump, sans jamais prononcer son nom pour autant.
Évoquant la « Hollywood Foreign Press », comité qui organise la cérémonie, Meryl Streep a commencé son discours en déclarant: « Nous faisons maintenant partie des populations les plus dénigrées de la société américaine. Hollywood. Les étrangers. La presse. »
« Mais c’est quoi Hollywood, de toute façon? Seulement des gens qui viennent d’un peu partout », a-t-elle continué en expliquant qu’elle avait été à l’école publique dans le New Jersey, que Viola Davis venait de Caroline du Sud, Sarah Jessica Parker de l’Ohio, Ryan Gosling du Canada ou encore Natalie Portman de Jérusalem. « Où sont leurs actes de naissance? », a-t-elle lancé se moquant ainsi de l’obsession de Donald Trump sur la citoyenneté de Barack Obama (voir la vidéo ci-dessous).
At tonight’s #GoldenGlobes we honor Hollywood legend Meryl Streep with the prestigious Cecil B. Demille Award. pic.twitter.com/dxpeCDNXY6
— Golden Globe Awards (@goldenglobes) 9 janvier 2017
« Hollywood est rempli d’étrangers et d’outsiders, si vous mettez tout le monde dehors vous n’aurez plus rien d’autre à regarder que du football et du free-fight, ce n’est pas ce que l’on appelle de l’art », a poursuivi l’actrice.
« Il y a eu de nombreuses performances qui sont sorties du lot cette année, mais il y en a une qui m’a laissée bouche bée. Elle n’avait rien de bon mais elle a été très efficace, elle a fait rire le public à laquelle elle était destinée. C’était ce moment où la personne qui voulait s’installer à la place la plus respectée du pays a imité un journaliste handicapé », s’est-elle émue en rappelant à l’assistance une séquence de la campagne présidentielle où Donald Trump avait moqué un reporter du New York Times en plein meeting.
« Il avait plus de pouvoir, d’argent et de poids que cette personne. Cela m’a brisé le coeur. Je n’arrive toujours pas à y croire parce que ce n’est pas du cinéma, c’est la vraie vie. Cet instinct d’humilier qui est mis en avant en public, par quelqu’un de puissant, a une incidence sur la vie de tous parce que cela devient comme une autorisation à faire de même. Le manque de respect appelle au manque de respect. La violence appelle à la violence. »
En conclusion, Meryl Streep a enfin supplié les médias de faire leur travail en traitant de tous les dérapages du futur président du pays et invité chacun à défendre la liberté de la presse et s’engager auprès du comité de protection des journalistes.
L’actrice, qui a remporté huit Golden Globes et été nommée près de 30 fois au cours de sa carrière, a terminé en reprenant les mots que lui avaient soufflés une fois sur un tournage Carrie Fisher, décédée quelques jours plus tôt: « Utilise ton coeur brisé pour en faire de l’art ».