Le film « Hors-la-loi », dernier-né du cinéaste algérien Rachid Bouchareb, continue de faire sensation dans les différents festivals et manifestations cinématographiques dans le monde, malgré la polémique suscitée par des nostalgiques de l’ère coloniale. Après avoir décroché plusieurs distinctions, notamment le grand prix du 18e Festival international du cinéma de Damas et le prix du meilleur film arabe, ce long-métrage pourrait être nominé pour la section « Meilleur film étranger » des Oscars à Los Angles le 25 janvier.
Il est en course pour cette nomination avec neuf autres films finalistes, dont « In a Better World » qui représente le Danemark et « Incendies », le Canada.
Sélectionné au 63e Festival international de cinéma de Cannes, le film avait suscité en France une campagne hostile chez certains nostalgiques du passé colonial.
Ce long-métrage de 2h18 raconte l’histoire de trois frères, Saïd, Messaoud et Abdelkader. Leurs destins sont différents, mais leur combat est le même, celui de vivre en paix et dans la dignité, car ils sont liés par leur attachement à leur mère et à leur patrie.Cette famille a été, d’abord, dépouillée dans les années 1930 de sa terre dans la région des Hauts-Plateaux, puis victime des massacres du 8 mai 1945.
Vive polémique bien avant sa projection
Bien avant son entrée en compétition officielle au prestigieux festival de Cannes (mai 2010), le film avait été au centre d’une polémique, provoquée par des nostalgiques de l’époque coloniale en France, lesquels avaient mené une campagne virulente contre cette fiction, allant jusqu’à remettre en cause sa sélection pour le festival de Cannes. Plusieurs cinéastes et intellectuels, aussi bien en Algérie qu’en France,
avaient dénoncé cette campagne visant à « faire obstacle à la liberté de création et à la nécessaire reconnaissance du passé colonial de la France ».
Des historiens comme Pascal Blanchard, Gilles Manceron, Jean-Pierre Peyroulou, Benjamin Stora, Mohamed Harbi ou encore la réalisatrice Yasmina Adi, avaient alors qualifié cette campagne d’ »un symptôme du retour en force de la bonne conscience coloniale dans certains secteurs de la société française ».
En ce sens, le délégué général du Festival international du cinéma de Cannes, Thierry Frémaux, avait regretté le fait que cette polémique eut été lancée « en l’absence de toute projection et sur la foi de rumeurs ou de commentaires faits sur un premier état du scénario et non sur le film terminé. Pour Ahmed Bedjaoui, critique de cinéma, ce film est considéré comme « le porte-drapeau des causes justes, notamment, l’anticolonialisme ». Pour sa part, le réalisateur Rachid Bouchareb avait précisé que « Hors-la-loi » reste un film de fiction, une saga qui raconte l’histoire de trois frères algériens et de leur mère sur une période de plus de trente-cinq ans, du milieu des années trente à l’indépendance en 1962″.
« Il faut qu’il soit possible que le cinéma aborde tous les sujets. Je le fais en cinéaste, avec ma sensibilité, sans obliger quiconque à la partager.
Après les projections, il sera temps que le débat public se déroule », avait-il déclaré. Bouchareb n’en est pas à son premier succès puisqu’il a déjà défrayé la chronique avec son film « Indigènes », consacré à la participation de soldats des anciennes colonies françaises à la 2e Guerre mondiale.