Lutte contre la corruption,Scénographie théâtrale ou réelle volonté politique ?

Lutte contre la corruption,Scénographie théâtrale ou réelle volonté politique ?

Après que le président de la République s’est exprimé sur les scandales successifs de Sonatrach, “libérés”, les premiers responsables des deux Chambres du Parlement enfourchent le pas, en étalant en filigrane leur réprobation contre les scandales financiers qui éclaboussent cette entreprise.

“Courroucés”, ils se drapent subitement de “valeurs morales”, même s’ils sont connus pour leur intégrité. Pourquoi ont- ils tant attendu sans avoir pris une quelconque initiative pour mobiliser les “élus du peuple” et s’autosaisir via la constitution de commission parlementaire aux fins d’enquêter sur les scandales économiques et financiers qui ne finissent pas de choquer les Algériens. On se souvient que durant la précédente législature et à l’initiative de maître Brahimi, député RCD, une tentative de constitution d’une commission d’enquête sur la corruption a été stoppée net par certains de ces pairs de la majorité gouvernementale. Aujourd’hui, il a fallu que le chef de l’Etat monte en première ligne pour que les choses commencent à bouger. Nicolas Sarkis, éminent expert pétrolier, ami de l’Algérie, dans une missive au président de la République, confirme indirectement les dérives scandaleuses de certains anciens responsables du secteur de l’énergie et les dangers que ces dérives font peser sur l’économie algérienne. En vérité, on est en droit de s’interroger sur l’existence d’une réelle volonté politique des pouvoirs publics de lutter contre ce fléau qui ravage les institutions et entreprises publiques. Au plan du discours formel, tout le monde, y compris les responsables politiques, dénonce la corruption, mais dans les faits, c’est tout autre chose. Comment alors expliquer que toutes les institutions de contrôle – Cour des comptes, IGF, Office de lutte contre la corruption, brigades d’enquêtes contre les crimes et délits économiques, services de sécurité – n’aient pas été activés. Au plan législatif et réglementaire, l’Algérie a ratifié toutes les conventions internationales de lutte contre la corruption et le crime économique. De même qu’elle s’est dotée d’instruments juridiques—- loi contre la corruption, différentes ordonnances présidentielles —–, et pourtant, une forme d’”omerta” entoure ce mal qui ronge en profondeur la société algérienne. Les différents procès liés aux scandales financiers (Sonatrach, autoroute Est-Ouest, Khalifa…) n’ont pas abouti, traînant en longueur et, de surcroît, n’ayant concerné, jusqu’à présent du moins, que des seconds couteaux. C’est pour toutes ces raisons que l’opinion publique doute de l’existence d’une réelle volonté politique des décideurs de lutter contre le phénomène de la corruption. Cette opinion publique attend des signaux forts pour qu’elle retrouve confiance. Après que le président de la République se soit dit “révolté et ne pas laisser passer les scandales qui touchent la gestion de Sonatrach”, on a eu droit à des déclarations de principes généraux de Ould Khelifa et Bensalah, l’inauguration du siège de l’Office de lutte contre la corruption par Karim Djoudi et Sayah, qui, à leur tour se sont fondu dans des discours de circonstance. Autrement dit, rien de concret. L’Algérien lambda ne croit plus en ces discours. Les citoyens savent que la justice n’est pas indépendante, tout ce qui se raconte n’est, à leurs yeux que du cinéma, du théâtre pour tromper le peuple.



A. H