Cet arsenal de guerre constitue un grand souci pour les pays voisins
La majorité des fusils d’assaut, lance-roquettes et mitrailleuses ont déjà franchi la frontière.
Le leader libyen Mouammar El Gueddafi n’est plus une menace, puisque il a été liquidé de la manière la plus atroce.
Cependant, les stocks d’armes subtilisées par les rebelles libyens et dont une bonne partie sera cédée aux terroristes d’Al Qaïda au Maghreb, mais aussi aux insurgés du Darfour, semblent être la plus grande menace pour l’Afrique.
A ce propos, le représentant de l’ONU pour la Libye, Lan Martin prévient: «Il existe une véritable inquiétude sur le fait que ces armes aient été transportées dans les pays voisins», affirme le représentant spécial de l’ONU pour la Libye. Dans ce même contexte des experts précisent: «Les rebelles ont vidé tous les dépôts d’armes du colonel El Gueddafi. Et la majorité des fusils d’assaut, lance-roquettes et mitrailleuses ont déjà fanchi la frontière». Les conséquences de la crise libyenne aggravée par l’intervention de l’Otan, ont un impact négatif sur les pays voisins, notamment ceux dont la sécurité est assez vulnérable, et peuvent devenir incontournables, estiment des sources sécuritaires si ce n’est déjà le cas. Sur le même sujet, les services de renseignements occidentaux ont établi dans un rapport qu’il s’agit de camions entiers de pistolets qui circulent aisément dans la zone sensible du Sahel, mais aussi au Darfour, région de l’ouest du Soudan en pleine crise sécuritaire. Dans ce même rapport, on indique également qu’une importante quantité est destinée au Kordofan-Sud et l’Etat du Nil Bleu, deux régions soudanaises en proie à la rébellion. L’ambassadeur du Soudan à l’ONU, Daffa-Alla El Haj Ali Osman confie à l’AFP: «Nous ne pouvons pas exclure l’hypothèse que des armes aient transité par le Darfour depuis la Libye.» Pour sa part, le ministre mauritanien des Affaires étrangères, Hamadi Ould Hamadi, souligne: «Ce qui est certain, c’est que des armes sont parties vers le Tchad, le Mali et le Niger.» Le président du Niger, Mahamadou Issoufou, qui se prononcera sur cette question prochainement en Algérie avait déjà abordé cette question le mois dernier en marge de l’Assemblée générale annuelle des Nations unies, affirmant que «les armes se trouvaient à travers toute la région du Sahel et du Sahara et pouvaient tomber entre les mains des extrémistes». La question de la circulation des armes, qui inquiète les chefs d’Etat d’Afrique, a été récemment un sujet de discussions entre des diplomates et responsables des pays voisins de la Libye et ceux du Sahel, à savoir l’Algérie, la Mauritanie, le Maroc, la Tunisie et de l’UE. Ces derniers ont exprimé leur préoccupation quant à l’usage de ces armes sur leur territoire, notamment quand il s’agit de missiles sol-air à très courte portée. Ce genre d’armes connues sous le nom de Manpad, sont devenues un grand souci pour la mission de l’ONU en Libye. A propos de la circulation des armes lourdes, il est à rappeler que les Etats-Unis ont envoyé en Libye, au moins neuf équipes composées d’anciens GI’s pour sécuriser les réserves d’armes, et récupérer celles qui circulent. Mais serait-on en mesure de dire que l’initiative des USA parviendra à contrôler la situation? A priori ce sera une tâche vaine, surtout que la nébuleuse Al Qaïda au Maghreb possède déjà un important lot et a gagné une longueur d’avance. Néanmoins, le porte-parole de la Maison-Blanche, Jay Carney, rapporte à ce sujet: «Depuis le début de la crise, nous nous sommes activement engagés aux côtés de nos alliés et partenaires pour aider la Libye à sécuriser tout cet arsenal d’armes conventionnelles, la récupération, le contrôle et la vente de Manpad.» Le désarmement durera, certainement des années. La mort du colonel libyen ne sera jamais une victoire pour la région soulignent nos sources, mais celle des réseaux qui s’adonnent à tout genre de trafic et aux réseaux terroristes, en Somalie surtout et au Sahel.