Les autorités libanaises ont décidé hier de placer Tripoli sous contrôle de l’armée pour une période de six mois afin de juguler les violences confessionnelles qui ont fait onze morts en trois jours.
Cette décision a été prise lors d’une réunion entre le chef de l’Etat, Michel Sleimane, le commandant en chef de l’armée, le général Jean Kahwaji et le Premier ministre Najib Mikati.
«Il a été décidé de charger, pour une période de six mois, l’armée de prendre toutes les mesures nécessaires pour rétablir la sécurité», a expliqué le Premier ministre dans un communiqué. L’armée devra également exécuter les mandats d’arrêt déjà émis ou qui le seront dans l’avenir par la justice, précise le texte. Dans le même temps, les militaires ont annoncé «avoir renforcé les mesures de sécurité de la ville en multipliant les patrouilles et les barrages». Un homme est mort lundi dans la ville, principale agglomération du nord du pays, portant à 11 le nombre de victimes en trois jours de violences confessionnelles liées au conflit syrien, avait auparavant indiqué une source au sein des services de sécurité. La victime, Issa Tiba, était un habitant de la colline de Jabal Mohsen, un fief des alaouites acquis au président syrien Bachar al-Assad dont ils partagent la confession. Les habitants de ce secteur sont en conflit avec ceux du quartier sunnite de Bab al-Tebbaneh, favorable à la révolte contre le régime syrien. Outre les 11 morts, les combats ont fait depuis samedi 61 blessés, dont 12 militaires, alors que l’armée est déployée depuis octobre entre les belligérants et répond aux sources de tirs, a précisé la source de sécurité. Dimanche, quatre personnes sont mortes, dont une femme blessée la veille et trois hommes tués par le même tireur embusqué : deux hommes circulant à bord d’un camion à Bab al-Tebbaneh et un soldat en permission. Tous les morts, à l’exception de Issa Tiba, sont de Bab al-Tebbaneh. Dimanche, un immeuble de trois étages à Jabal Mohsen s’est effondré à la suite d’une explosion. Abdel Latif Saleh, porte-parole du Parti arabe démocratique, qui soutient le président Assad, a affirmé que «des miliciens de Bab el-Tebbaneh avaient posé des explosifs dans la maison». Ces deux quartiers de Tripoli sont régulièrement le théâtre de violences depuis le début du conflit en Syrie en mars 2011. Les tensions se sont aggravées jeudi, après que des drapeaux syriens ont été hissés à Jabal Mohsen qui surplombe Bab al-Tebbaneh. En réponse, des drapeaux de la rébellion syrienne y ont été déployés. Le même jour, des hommes armés ont blessé par balles quatre ouvriers de confession alaouite, suscitant la colère dans leur communauté.
R. I./AFP