La Gendarmerie nationale a identifié et retracé cinq voies d’acheminement du cannabis.
Avec sept pays frontaliers qui, pour certains, connaissent de graves troubles politiques et sécuritaires, l’Algérie a de quoi se faire des soucis quant à sa propre sécurité. L’équation est la suivante : d’abord le Maroc, premier producteur mondial de cannabis, ensuite la Tunisie, la Libye et le Mali, dont l’instabilité politique ouvre la voie aux contrebandiers et, enfin, l’argent de la drogue, dont une partie sert à financer le terrorisme, lui-même à l’origine de la déstabilisation de la région du Sahel.
Une situation géopolitique inquiétante qui n’échappe pas aux services de la Gendarmerie nationale. Hier, lors de la présentation du bilan annuel de leurs activités de 2013, le colonel Benamane Mohamed-Tahar, directeur de la sécurité publique et de l’emploi (DSPE), y a consacré un chapitre entier intitulé : “L’Algérie au cœur de la menace des narcotrafiquants.” Il ne se passe pas une semaine sans que la presse nationale ne relaye l’information d’une nouvelle saisie de drogue. Et les quantités annoncées relèvent parfois du record.En 2013, les services de sécurité ont mis la main sur plus de 130 tonnes de cannabis, dont la moitié a été récupérée par la gendarmerie. De 2010 à 2013, les quantités saisies ont, à chaque fois, été doublées pour arriver à un total de 267 tonnes, dont la valeur marchande est estimée à 1,4 milliard de dollars US.
La nouvelle donne géopolitique au Maghreb élargi a modifié le mode opératoire des narcotrafiquants, qui empruntent désormais de nouvelles routes. Le colonel Benamane a indiqué que la Gendarmerie nationale a identifié et retracé cinq voies d’acheminement du cannabis. “La première, dite de Carthage, relie Remchi (Tlemcen) à Ben-M’hidi (El-Taref) et débouche sur la Tunisie.” Les quatre autres routes mènent toutes en Libye. “D’abord, le côté ouest de la Libye par la voie de Ghadamès qui relie Maghnia (Tlemcen) à Rouissat (Ouargla), puis celles qui mènent au Sud libyen, à la frontière avec la wilaya d’Illizi : la Tripolitaine qui part d’El-Karma (Oran), la voie du Fezzan qui part d’El-Kazdi (Naâma) et, enfin, la voie du Tibesti qui part, encore une fois, de Tlemcen”. Les narcotrafiquants utilisent tous les moyens de transport possibles et “n’hésitent pas à faire usage d’armes à feu”, a précisé le colonel. Rien que pour l’année 2013, la gendarmerie a traité près de 3 500 affaires de trafic de cannabis, ce qui représente plus du tiers des affaires de crime organisé constatées. Mais la grande majorité (3 272 affaires de trafic de cannabis) implique des consommateurs seulement et ne représente que 0,06% de la quantité annuelle saisie. Or, “83 affaires de transit de drogue ont abouti à la récupération de 98,09% des 130 tonnes saisies en 2013”, a indiqué le colonel Benamane.
Les saisies de psychotropes en hausse
La consommation et le trafic de psychotropes sont en hausse. Durant les quatre dernières années, les services de la gendarmerie ont saisi près d’un million de comprimés. Ce chiffre a été atteint grâce à une saisie record.
“640 533 comprimés de Rivotril ont été saisis en une seule opération, ce qui représente une perte de 192 millions de dinars pour les trafiquants”, a précisé le colonel Benamane, qui a ajouté que “90% des comprimés saisis sont fabriqués par les laboratoires Roche et sont destinés exclusivement au marché français”. Les investigations ont montré que ces filières utilisent des “mules” qui acheminent les psychotropes en petites quantités via des vols commerciaux reliant la France à l’Algérie. Les saisies record de produits stupéfiants attestent, selon le colonel Benamane, que “la criminalité organisée constitue la principale menace sur la sécurité nationale, notamment par la connexion avérée des narcotrafiquants avec les organisations terroristes implantées au Sahel et dans le sud-ouest de la Libye”.
A. H