Les images du retour du président Bouteflika ont fini par convaincre les plus hésitants : il ne pourra pas briguer un quatrième mandat, mais ne renoncera pas à celui en cours.
Est-ce le message que voulait transmettre, indirectement, son frère cadet, Saïd Bouteflika ? En assistant à l’enterrement du général-major, Senhadji, ex-secrétaire général du MDN, le conseiller de l’ombre du Président, décontracté et bien entouré, sollicité de toutes parts, échangeant des embrassades avec des gens qu’il connaît et qu’il ne connaît pas, se prêtait volontiers aux séances photos, tout sourire, même si la circonstance et l’endroit exigeaient probablement une autre attitude. Bref, il a fait son come-back, et comme toute la classe politique, il a fait une apparition remarquée au cimetière.
C’est que, dans ce pays, les enterrements des responsables ressemblent de plus en plus aux soirées mondaines d’ailleurs.
Cette première apparition publique depuis l’hospitalisation de son frère Président a suscité beaucoup d’interrogations dans les milieux politiques où l’on guette le moindre fait et geste du clan présidentiel. Il faut dire qu’avec la gestion calamiteuse de l’épisode Val-de-Grâce-Invalides et une communication à minima de la part du premier cercle du Président, avec comme chef d’orchestre Saïd Bouteflika, le devenir du conseiller et ses manœuvres politiques rythment les débats.
Saïd Bouteflika est-il venu lancer, à sa façon, un signal sur le débat autour de la succession de son frère : rien ne se fera sans lui. Rien n’est sûr. La vox populi prête beaucoup au conseiller à la présidence de la République, mais son retour peut vouloir marquer une volonté à un retour à une forme de normalisation.
Le Président est rentré. Il récupère. Les affaires de l’État reprennent leur cours. Donc, les manœuvres reprennent.
Premier à avoir saisi ce recadrage au vol : le MSP qui, après avoir bataillé, un temps, pour l’application de l’article 88 de la Constitution, change de fusil d’épaule et demande, présentement, des garanties pour une élection présidentielle “libre et régulière”.
Les islamistes, toujours en quête d’un candidat de consensus, pourraient jouer le trouble-fête lors de la prochaine élection présidentielle, en s’alliant à l’un ou à l’autre des favoris à la course finale.
Les autres partis, habitués aux arcanes du pouvoir, commencent à avancer leur pion. En dépit d’une crise interne sans précédent, le FLN, sans chef, reste tout de même le parti à faire gagner une élection et sa caution reste indispensable. Mais, au FLN, le ton est donné par Abdelhamid Si Affif : ni Abdelaziz Belkhadem ni Ali Benflis n’auront la caution du FLN pour l’élection de 2014. Autant dire que ces deux ex-secrétaires généraux du parti et ex-chefs de gouvernement, la mission deviendrait quasi impossible. Mais le FLN n’a pas choisi son candidat et ne le choisira pas tant qu’il n’a pas la certitude que ce serait lui l’homme du consensus, même s’il ne serait pas issu de ces rangs.
Des options sont balancées, sous forme de ballon sonde, à l’instar de celle accréditant la probable candidature de l’actuel Premier ministre, Abdelmalek Sellal, qui ferait le consensus. Une autre option concerne le retour aux affaires de l’ancien patron du RND, Ahmed Ouyahia.
Il est vrai que d’autres prétendants attendent toujours — pour certains depuis plus de 20 ans — qu’on fasse appel à eux. Mais force est de constater que la succession de Bouteflika risque de ressembler à une autre période de transition où il serait beaucoup plus question de réparer les dégâts.
A B