Les entreprises nationales dans la réalisation de logements, Quelle qualification et quels moyens ?

Les entreprises nationales dans la réalisation de logements, Quelle qualification et quels moyens ?

Alors que de nombreux projets du BTPH peinent à trouver preneur faute d’entreprises nationales qualifiées, ce qui explique le recours aux sociétés de construction étrangères, le ministre de l’Habitat propose aux entreprises nationales non seulement de s’impliquer dans l’exécution des programmes de logements à lancer, mais de ne plus se contenter de sous-traiter avec les sociétés étrangères et de passer carrément à des partenariats.

Une proposition, qui théoriquement, est très encourageante pour l’outil national de production, mais qui concrètement est loin d’être aussi évidente, car il faudra que beaucoup d’eau coule sous les ponts pour atteindre cet objectif, combien attendu.



A la réalité du terrain, il est clair que les entreprises nationales n’ont pas les capacités de rivaliser avec des sociétés étrangères, notamment lorsqu’il s’agit de projets d’envergure. Outre le manque flagrant de main-d’œuvre qualifiée, le déficit en ciment et autres matériaux de construction, le secteur du BTPH, du bâtiment particulièrement, puisque c’est de lui qu’il est question, souffre d’un déficit avéré en entreprises qualifiées et hautement qualifiées, notamment dans certaines régions.

Et donc pour répondre à l’ambition de la tutelle, il faudra dans un premier temps doter ces dernières de moyens et avantages identiques à ceux des sociétés étrangères, et ensuite procéder à la mise à niveau et la qualification des moyennes entreprises en vue de pouvoir s’engager dans la construction de logements, notamment sociaux dans le respect des normes en usage.

Par ailleurs, le regroupement d’entreprises moyennes avec les grandes entreprises publiques permettra effectivement de participer à la réalisation des projets d’ensembles urbains intégrés, et également nouer des partenariats avec des constructeurs étrangers à travers lesquels elles pourront acquérir un savoir-faire, notamment dans les nouvelles techniques de construction.

Ceci étant, il est tout aussi clair que les pouvoirs publics, tel que l’a souligné hier Abdelmadjid Tebboune, affichent une réelle volonté d’impliquer davantage les entreprises nationales, publiques et privées, dans les programmes de construction de logements et d’équipements publics. «Il y a eu beaucoup de mesures qui ont été prises par le Premier ministre et le ministère de l’Habitat afin d’engager de plus en plus d’entreprises algériennes dans la réalisation du programme national» de logements et d’équipements publics, a-t-il affirmé lors d’une réunion avec des représentants d’organisations patronales.

Il a aussi mis en avant la nécessité pour les entreprises du secteur d’établir des partenariats avec des entreprises étrangères au lieu de travailler avec celles-ci sous forme de sous-traitance. «Certaines entreprises étrangères ont l’habitude de prendre en sous-traitants les entreprises algériennes.

On a élaboré une circulaire qui oblige nos entreprises à travailler avec les sociétés étrangères en partenariat et non pas comme sous-traitants», a précisé le ministre durant cette réunion qui avait pour but «l’intégration de l’outil national de réalisation dans les programmes du secteur». Selon lui, l’objectif à fin 2014, est d’arriver à augmenter les capacités de réalisation de logements à 120 000 unités/an, ce qui permettra de couvrir la demande sur les différentes formules de logement.

De plus, a insisté M. Tebboune, les PME créées dans le cadre du dispositif Ansej (Agence nationale de soutien à l’emploi de jeunes) auront des parts de travaux dans le cadre des projets de logements et d’équipements publics (écoles, hôpitaux). Les interventions des représentants du patronat ont été axées sur les problèmes auxquels les PME font face, comme l’accès aux marchés, la formation de la main-d’œuvre ainsi que sur les obstacles rencontrés au niveau des directions de wilayas. Le ministre a affirmé que son département a élaboré une quarantaine de textes législatifs et réglementaires afin, entre autres, de mieux appuyer et accompagner les entreprises nationales pour qu’elles contribuent davantage à la réalisation des projets du secteur et aplanir les obstacles auxquels elles font face.

Il a également relevé l’apport des entreprises privées qui réalisent, a-t-il dit, 90% du programme du secteur, en réaffirmant la volonté de son département d’arriver à confier la totalité des projets du secteur aux entreprises nationales. «Ma conviction est que la contribution des sociétés étrangères (aux programmes de logements) est une période conjoncturelle», a indiqué M. Tebboune.

Lynda Naili Bourebrab